Au cours des 18 derniers mois, l’Etat américain a distribué des milliers de milliards de dollars que personne n’a gagné ou épargné. Mais, maintenant que la Fed a décidé de ne plus injecter d’argent dans le système… que va-t-il se passer ?
A l’aéroport, nous avons été sidéré de découvrir des dizaines de Chinois équipés de la tête aux pieds de tenues de protection : combinaisons blanches avec capuches et bottes… doubles masques… visières… Ils étaient jeunes.
De quoi avaient-ils si peur ? Ont-ils l’intention de vivre ainsi toute leur existence ?
Qui sait ? Les Chinois ont le droit d’avoir des fantasmes et fadaises bien à eux. Tout comme nous.
Dix ans au pays des merveilles
Alors revenons aux nôtres… comme voler dans la caisse… ou prendre des antidépresseurs.
… Une fois que vous commencez à augmenter la masse monétaire pour couvrir vos dépenses, il est difficile de s’arrêter.
Sur une période de dix ans – après la crise de 2008-2009 – la Fed a dopé l’économie avec des taux d’intérêt ultra bas. Les gens se sont habitués à vivre dans ce pays des merveilles, où ils pouvaient refinancer leurs maisons et récupérer un peu de liquidités à chaque fois. Les entreprises ont emprunté – souvent à un taux inférieur à celui de l’inflation – et utilisé cet argent pour racheter leurs propres actions… faire des acquisitions et verser des dividendes et des bonus.
Et des économistes éclairés ont invité le gouvernement à « profiter des taux bas » pour emprunter des milliers de milliards de dollars et financer des projets que les Américains n’avaient pas les moyens de s’offrir et dont la plupart d’entre eux ne voulaient pas.
Et ensuite, la situation s’est empirée.
La nouvelle anormalité
Michael Burry souligne qu’au cours des 18 derniers mois, l’Etat a distribué quelque 850 Mds$ en stimulus/prestations… plus de 1 000 Mds$ en prêts non remboursables (dont la moitié, au moins, est frauduleuse) et 4 000 Mds$ supplémentaires en aides indirectes. Et les foyers ont également pu récupérer 400 Mds$ issus des refinancements de leurs prêts immobiliers, grâce aux taux super bas de la Fed.
C’était la « nouvelle normalité », avec des milliers de milliards de dollars qui n’existaient pas avant, que personne n’avait gagné ni épargné.
C’est cet argent frais que les consommateurs ont dépensé dans les magasins d’alimentation ou pour s’acheter un téléviseur à écran géant. C’est cet argent que les entreprises ont utilisé pour payer les salaires, et les investisseurs pour faire grimper le marché actions.
C’est avec cet argent que l’économie est devenue cette pitoyable junkie accro au crédit. De la monnaie de singe. Une fois que vous vous engagez dans cette voie, il est difficile de revenir en arrière. On peut avoir du mal à quitter le pays des merveilles.
La fin des injections
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
La Fed n’injecte plus d’argent dans le système. Elle laisse son portefeuille d’obligations expirer… au rythme de près de 1 000 Mds$ par an. Elle n’achète plus. C’est l’heure du resserrement quantitatif et plus de l’assouplissement quantitatif.
N’est-il pas prévisible que le « resserrement » ait un effet équivalent à celui de « l’assouplissement », mais à l’opposé ?
La Fed menace de relever les taux d’intérêt, également… et de poursuivre ces relèvements… jusqu’à ce que l’inflation redescende à 2%, seuil qui selon certaines croyances est censé représenter le taux d’augmentation des prix idéal.
Injectez de l’argent dans une économie et vous lui administrez un coup de pouce temporaire et illusoire.
Reprenez cet argent, et que se passe-t-il ? Ne retourne-t-il pas d’où il est venu ? Les actions ne reculent-elles pas ? Les consommateurs ne ressentent-ils pas la morsure de l’inflation et de la baisse de leurs revenus ? Et le gouvernement fédéral ne doit-il pas faire des économies, lui aussi ?
Ce que donne la Fed, la Fed peut le reprendre.
Les bons à rien de la Fed
Et à présent, le vieux dicton « Ne luttez pas contre la Fed » prend un tout nouveau sens. C’est là que l’on redécouvre la symétrie magistrale de la nature. Quand ça barde. Quand on s’en sort mieux en tant que vendeur qu’en tant qu’acheteur.
Les consommateurs ont moins d’argent à dépenser. Les entreprises vendent moins. Les gens gagnent moins… les actions baissent en même temps que les bénéfices et les attentes.
Bref, une fois que vous remplacez les bénéfices réels par une émission monétaire inflationniste (ou que vous les augmentez, simplement), cela vous rend euphorique. Mais, désormais, vous êtes accro. Toute tentative de sevrage ralentit l’économie et la pousse vers une récession.
La confiance des consommateurs est l’une des premières choses qui fiche le camp. Lorsque les drogues euphorisantes cessent d’être administrées… et que les gens se rendent compte qu’ils ont moins d’argent à dépenser, ou que leur argent perd de la valeur, ils deviennent aigris et maussades… et menacent de « virer les bons à rien » lors des prochaines élections.
Selon Breitbart :
« La confiance des consommateurs américains a chuté de manière inattendue en avril, dans un contexte où l’opinion concernant la situation actuelle s’est un peu assombrie face à des signes indiquant que l’inflation flambe toujours ».
Hélas, lorsque la confiance des consommateurs diminue, ils dépensent moins. Et donc, le fléchissement du cycle économique s’intensifie.
Et les bons à rien qui contrôlent la Fed ? Peut-être qu’ils ne veulent pas être virés.
Que font-ils ?