▪ La catastrophe survenue au Japon a meurtri le secteur de l’uranium… qui ne s’en est toujours pas remis. Mais ce désastre ressemble fort à une opportunité d’achat, si on n’est pas pressé de faire un gros bénéfice.
Je n’entrerai pas dans les détails spécifiques au Japon mais en ce qui nous concerne, il est certain que la catastrophe japonaise signifie que nous ne verrons sans doute pas une « renaissance nucléaire » à grande échelle au cours de la prochaine génération.
Pourquoi ? Il suffit de constater la capacité à mobiliser l’opposition à un développement de l’énergie à grande échelle — en particulier celle liée à la peur, alimentée par les médias, que suscite l’énergie nucléaire. A l’avenir, il sera difficile pour un nouveau programme nucléaire, où qu’il se trouve sur la planète, de progresser. Certes, nous verrons des développements ici ou là — plus en Chine, par exemple, qu’aux Etats-Unis. Mais nous ne verrons probablement pas de poussée mondiale dans le secteur de l’énergie nucléaire.
Cependant, notre planète possède à ce jour une base installée de plus de 400 réacteurs nucléaires et ces systèmes génèrent près de 20% de l’électricité mondiale. Le problème est qu’il n’y a pas assez d’uranium neuf qui sort des mines ou des usines de concentration pour que les centrales puissent continuer à fonctionner. Ces dix dernières années, une des sources essentielles de carburant nucléaire a été le démantèlement des ogives nucléaires datant de la guerre froide. Mais cette source sera bientôt tarie — en 2013 précisément.
▪ D’un point de vue investissement, une pénurie d’uranium menace dans les deux prochaines années. Dans deux ans ? Autant dire demain quand il s’agit de trouver de nouvelles sources de production industrielle. Cela signifie que les acteurs existants doivent intensifier le rythme. Cela signifie également que la voie est libre pour de nouveaux acteurs et qu’il y a de la place pour une croissance dans les créneaux de l’uranium primaire et du yellowcake.
Dans ma lettre d’investissement Oustanding Investments, j’ai conseillé d’acheter Cameco Corp. en 2006. La valeur a chuté de 40% depuis ! Vous voyez, même la meilleure lettre d’investissement des Etats-Unis peut se tromper de temps en temps. En général, je conseille de couper les pertes bien avant qu’un titre connaisse une telle dégringolade. Mais je pense que Cameco est une exception. C’est une blue chip qui a eu beaucoup de malchance.
▪ Cameco est l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde. L’entreprise est basée au Canada. Son titre s’échangeait à plus de 42 $début 2011, mais a chuté en dessous de 30 $ après la catastrophe au Japon en mars. Puis, au cours de l’été dernier, Cameco a continué à dégringoler. Aujourd’hui, l’action se négocie à 21,75 $
Cameco a récemment lancé une OPA hostile de 520 millions de dollars sur une plus petite compagnie d’uranium nommée Hathor Exploration. En effet, Cameco souhaite prendre le contrôle du Roughrider, un gisement de très bonne qualité que possède Hathor dans le prolifique bassin de l’Athabasca, dans la province du Saskatchewan. Quels que soient les mérites de la transaction, cette nouvelle a fait chuter l’action Cameco aux alentours de 20 $.
Au cours actuel, Cameco a un PER de 18, avec un rendement de 1,9%. Cependant, si le prix de l’uranium se raffermit au cours de l’année prochaine (cf. la menace de pénurie après 2013) les bénéfices de Cameco pourraient et devraient augmenter fortement. Voici donc une grande entreprise dont les actions, selon les fondamentaux, sont prêts à rebondir.
Oui, actuellement, Cameco présente un risque de baisse. Mais selon moi, il y a de fortes chances que Cameco reparte à la hausse. En effet, je pense que la probabilité que Cameco atteigne 30 $ est plus forte que la probabilité que le cours de son action passe en dessous des 20 $. Cameco est un « bon achat ».