… Et ce n’est pas si simple de le retrouver
▪ Mardi 23 septembre petit coup de mou boursier. Malgré les manigances monétaires des banques centrales (ZIRP, TARP, QE1, QE2, QE3, TWIST, LTRO, TLTRO, MTRO), les bénéfices des entreprises ont déçu M. le Marché.
Et si, finalement, l’argent imprimé et le crédit infini ne faisaient pas le bonheur ? Horrible doute : Ben Bernanke, Janet Yellen, Mario Draghi, Shinzo Abe… tous des illusionnistes ? L’éclairage change, le public est moins sous le charme des lapins et colombes qui sortent des chapeaux des banquiers centraux, la magie se dissipe.
Mercredi 24 septembre, le très vénérable Financial Times notait dans son sous-titre :
"L’or et les bons du Trésor américain sont achetés tandis que de nouveaux soucis concernant la croissance de l’Eurozone provoquent une baisse brutale des actions européennes".
Damned ! Vous remarquez : l’or vient avant les bons du Trésor. Le journaliste du Financial Times aurait-il perdu l’esprit ? Pour qui écrit-il ?
Avec de l’or, les échanges sont francs et simples : |
La seule monnaie avec laquelle on ne triche pas, c’est l’or et l’argent. C’est pour cela que ces métaux sont haïs du secteur financier, des banques centrales et des politiciens. Avec de l’or, les échanges sont francs et simples : on en a… ou pas. Et en pratique, il vaut mieux en avoir pour pouvoir échanger. Avec de la monnaie fiduciaire, tout se discute. On échange contre une promesse de payer un jour peut-être. Pétrole contre bons du Trésor américain…
LA LISTE NOIRE DE L'INVESTISSEMENT |
L’or est une monnaie qui ne se dilue pas. Aucun banquier central ne peut créer de l’or. Tandis que si vous avez un euro d’épargne et qu’un banquier central décide de faire surgir du néant 1 000 euros, des banques commerciales vont pouvoir prêter cet argent ; votre épargne entre alors en concurrence avec cette fausse monnaie. C’est ainsi que se gonflent les bulles — immobilières, boursières et obligataires — et que le pouvoir d’achat de votre épargne se dilue. L’or est la seule monnaie démocratique dont le peuple puisse avoir le contrôle. Et le peuple réclame à nouveau ce contrôle dans plusieurs pays.
▪ Après les Allemands, les Suisses veulent remettre la main sur leur or
Evidemment, ce n’est pas une demande de l’UBS, du Crédit Suisse ou de la Banque Nationale Suisse. C’est une initiative de trois députés qui ont recueilli les 100 000 signatures de rigueur. Le 30 novembre, il va donc y avoir une votation, comme on dit là-bas. Les Suisses se prononceront aussi sur une possible interdiction faite à la BNS de vendre de l’or.
La BNS affiche officiellement une réserve de 1 040 tonnes après avoir vendu près de 50% de ses réserves en 1999 et a indiqué en conserver 70% sur le sol suisse, le reste étant entreposé à la Banque d’Angleterre et à la Banque du Canada. Oui, mais voilà : loin des yeux, loin du coeur… Et quand on sait que les banques centrales "louent" leur or pour se faire une petite pièce, on préférerait que ce soit bien le leur qui soit loué et non pas celui dont elles ont la garde.
Les débuts sont laborieux puisqu’en un an, seulement 37 tonnes sont revenues |
Le rapatriement n’est toutefois pas chose aisée, comme le montre l’expérience allemande. En janvier 2013, l’Allemagne a déclaré vouloir faire revenir son or réparti entre la Réserve fédérale de New York, la Banque d’Angleterre et la Banque de France, soit 1 400 tonnes. Ce rapatriement est progressif mais la moitié de l’or germain (700 tonnes) devrait être rentré au bercail en 2020. Les débuts sont laborieux puisqu’en un an, seulement 37 tonnes sont revenues. En juin 2014 une information diffusée par Bloomberg circulait selon laquelle l’Allemagne renonçait à son opération récupération, nouvelle aussitôt vigoureusement démentie par Peter Boehringer, un des initiateurs de l’opération.
Le journal belge Express indiquait le 18 septembre que "la Bundesbank a missionné certains des membres de son conseil de gouvernance pour qu’ils se rendent à New York constater par eux-mêmes que les réserves d’or que l’Allemagne conserve aux Etats-Unis s’y trouvent toujours". En mai, déjà, l’Autriche a annoncé qu’elle allait aussi pratiquer un audit sur ses réserves entreposées à la Banque d’Angleterre, toujours selon l’Express. Au Pays-Bas, un mouvement similaire s’amorce. La confiance ne règne plus vraiment.
Les dettes gonflent, les bons du Trésor sont toujours mis en avant comme la valeur refuge par excellence mais les tours de prestidigitateurs des banquiers centraux perdent de leur magie. L’argent ne fait pas le bonheur, mais le faux argent, celui du crédit adossé à rien, ne fait que le malheur. Cette idée semble cheminer en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas et en Suisse.