Plus de la moitié de la capitalisation américaine repose sur du vent. Et dans le même temps, la démocratie elle-même semble glisser vers un modèle autoritaire.
« La démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes celles qui ont pu être essayées dans l’histoire. » – Winston Churchill
Nous sommes probablement à la fin de quelque chose… et au début d’autre chose.
La chose qui touche à sa fin, c’est la bulle de Wall Street.
Quand une bulle se forme, ce sont les titres les plus légers, les moins solides, qui remontent à la surface.
C’est ce qui s’est produit lors de la bulle de 1999 : les entreprises sérieuses du Dow Jones avaient progressé de 25 % cette année-là, tandis que les sociétés plus fragiles du Nasdaq s’envolaient de 85 %. Plus elles étaient creuses, extravagantes, plus elles devenaient chères. Il y a sans doute une « raison » à ce phénomène, mais nous ne la voyons pas encore.
Au deuxième trimestre de cette année, les actions se sont déchaînées comme en 1999. Le S&P 500 a grimpé de 27 %. Mais les pires titres ont surperformé : beaucoup de valeurs technologiques chroniquement déficitaires ont bondi de 57 %, soit le double de la moyenne du S&P.
Il existe même un petit secteur d’analystes spécialisés dans la recherche des « mauvaises entreprises », afin de vendre leurs actions à découvert. En général, un fort « intérêt vendeur » signale que la société est en difficulté. Pourtant, au deuxième trimestre, ces titres ont progressé encore plus que les technos non rentables : +68 %.
Et que dire des actions meme, sans aucun fondement dans l’analyse boursière traditionnelle, qui ont pris 77 % – ou de ce groupe d’actions dites « sensibles au Bitcoin », qui ont flambé de 112 % ?
Tenter d’évaluer le Bitcoin avec un ratio cours/bénéfices est une impasse : il n’a pas de bénéfices. Et pourtant, ces actions liées au Bitcoin dominent… les plus dynamiques, les plus prisées et les plus achetées d’un marché en pleine bulle.
Dans le même temps, le PIB américain n’a progressé que d’environ 0,7 % au deuxième trimestre. Mais les actions, elles, ont bondi 38 fois plus vite – bien au-delà de ce que la production réelle peut justifier. C’est ainsi que la Bourse américaine se retrouve largement surévaluée et que les Américains détiennent aujourd’hui des milliers de milliards de « richesse fantôme ». Depuis 1971, le PIB a été multiplié par 24. Mais le S&P est passé de moins de 100 à plus de 6 000, soit une multiplication par plus de 60.
En termes simples, plus de la moitié de la richesse boursière n’est pas adossée à la production. La capitalisation totale des actions américaines avoisine 60 000 milliards de dollars : il faut donc s’attendre à une destruction d’au moins 30 000 milliards lorsque la bulle éclatera.
En attendant, Churchill avait sans doute raison : la démocratie reste la moins mauvaise des solutions. Nous n’avons jamais expérimenté les autres, nous ne savons donc pas. Mais une nouvelle forme de gouvernement semble émerger aux Etats-Unis. Césarisme ? Autoritarisme ? Pouvoir personnel ?
Regardons de plus près…
Cela se voit à grande et à petite échelle. Donald Trump, par exemple, appelle les chefs du Pentagone ses « généraux ». Aucun président américain – pas même Lincoln – ne l’avait fait. Le président est censé n’être qu’un titulaire temporaire. Les « généraux », eux, doivent fidélité à la Constitution et aux Etats-Unis, pas à un Grand Chef… Mais Trump veut que « ses » généraux sachent à qui ils doivent obéissance.
The New York Times rapporte :
« Les généraux de haut rang nommés à de nouveaux postes doivent désormais rencontrer Trump.
Cette rupture avec les usages suscite des inquiétudes quant à une politisation de l’armée au plus haut niveau. »
Trump dicte aussi aux universités quels étudiants elles doivent admettre… quelles politiques internes elles doivent appliquer… et jusqu’à ce que leurs étudiants peuvent dire.
Du jamais vu !
Harvard et le MIT ont dû plier devant une définition spéciale de « l’antisémitisme », qui restreint la critique d’Israël. Comme le note The Harvard Crimson :
« L’éditeur d’une revue éducative de Harvard a brusquement annulé le mois dernier un numéro spécial sur la Palestine et l’éducation, suscitant des accusations selon lesquelles une ‘exception palestinienne’ aurait été faite à la liberté académique. »
Quant aux Etats, on leur dicte comment investir leurs fonds. Responsible Statecraft écrit :
« L’Amérique en dernier : Trump exige des États qu’ils soutiennent Israël sous peine de perdre leur aide humanitaire.
Les fonds de la FEMA seront conditionnés à l’engagement de ne pas boycotter ni désinvestir d’entreprises israéliennes. »
Pourquoi cette politique « Israël d’abord » ? Epstein ? Mystère ! Mais cela s’inscrit dans un schéma plus large : la mainmise d’un Grand Chef.
Trump cherche aussi à purger le parti républicain de toute dissidence.
Le représentant Thomas Massie a voté contre une aide supplémentaire à Israël. Résultat : Fox rapporte que Trump l’a qualifié de « pire membre républicain du Congrès » et a promis de financer un rival pour le déloger. Les partisans du MAGA ont demandé : « Pourquoi Massie vote-t-il NON à tous nos projets ? » Ce dernier a rétorqué avec insolence :
« Je les lis. »
2 commentaires
Excellente réponse du représentant Massie. Je les lis… Il s’agit d’un ingénieur et il réfléchit à tout ce qu’il fait ou soutient. Musk fait la même chose..
Démonstration inquiétante, mais peut on envisager une crise économique dans un tel contexte de progrès technique ? Merci pour cet article très synthétique.