Les fonds indiciels dépassent désormais les fonds « traditionnels » : une situation qui pourraient mener à une crise d’une ampleur similaire à celle des subprime en 2007.
John Bogle doit danser au paradis.
Il est reconnu comme étant le créateur du premier fonds indiciel, en 1976.
A présent, plus de quatre décennies plus tard, le montant des capitaux investi dans des fonds passifs qui se contentent de répliquer les indices boursiers est plus important que celui des capitaux gérés par des êtres humains en chair et en os (si vous voulez garder un œil sur le score, on parle actuellement de 4 270 Mds$ en gestion passive, contre 4 250 Mds$ en gestion active).
Pourquoi pas, après tout ? Les Etats-Unis vivent actuellement leur plus longue période d’expansion économique jamais enregistrée : elle dure depuis maintenant 124 mois. Depuis le début de l’année, le S&P 500 est en hausse d’environ 20%.
Pourquoi un investisseur paierait-il des frais exorbitants à un gestionnaire actif pour essayer de battre le marché… quand il peut tout simplement investir dans un fonds indiciel qui ne lui coûte quasiment rien en frais de gestion tout en lui permettant d’obtenir un excellent rendement ?
Cela semble tout à fait logique dans un marché haussier. Achetez des actions pour le long terme !
C’est en réalité dangereux dans une période comme aujourd’hui – à un moment où, selon nous, ce marché haussier sur les actions approche de sa fin.
C’est la raison pour laquelle nous allons nous intéresser à deux questions importantes : existe-t-il encore des gens qui essayent d’analyser la valeur intrinsèque des entreprises ? Et dans le cas contraire, pourquoi devriez-vous vous en préoccuper ?
Voyons cela…
La gestion indicielle, l’ennemi du processus de découverte des prix
Vous vous souvenez de Michael Burry ? Il a gagné une fortune lors de l’éclatement de la bulle immobilière (comme le raconte le film The Big Short : le casse du siècle, basé sur le livre du même nom de Michael Lewis).
A présent, il affirme que l’investissement passif (c’est-à-dire l’approche consistant à répliquer les indices) est à l’origine d’une gigantesque bulle sur le marché des actions et des obligations. En fait, il affirme même que l’investissement passif est en train de causer une hausse excessive des cours des actions et des obligations d’une façon similaire aux crédits subprime en 2007.
Au début du mois de septembre, Burry a déclaré :
« Comme pour la plupart des bulles, plus la hausse se poursuit sur une longue période de temps, plus le krach sera difficile. […] La salle est de plus en plus bondée, mais les portes de sortie sont toujours aussi étroites qu’auparavant. La situation devient encore plus préoccupante avec la baisse de la liquidité sur les marchés boursiers et obligataires à l’échelle mondiale. […] Ca va être moche à voir. »
C’était agréable d’entendre pour une fois un point de vue allant dans le même sens que la position que j’ai prise l’année dernière, à savoir que l’investissement passif est à l’origine d’achats irréfléchis sur la base de l’idée stupide selon laquelle les actions ne peuvent que monter.
C’est un argument purement basé sur la liquidité (les marchés vont continuer de monter en raison d’un afflux continu de capitaux). Mais s’il y a bien une chose que nous avons apprise au cours des 20 dernières années (ou même des 20 derniers jours) c’est que la liquidité peut s’évaporer en un clin d’œil.
Bien sûr, tout le monde ne partage pas le point de vue de Burry.
Certains défendent l’idée selon laquelle même un fonds indiciel est en fait géré de façon active – dans le sens où ce sont toujours des individus ou des comités qui décident quelles sociétés composent l’indice. L’ensemble des indices boursiers répliqués par les fonds passifs sont construits en fonction d’évaluations et de décisions prises par de véritables personnes.
En d’autres termes, il n’existe donc en réalité rien de tel qu’une gestion passive. Mais je pense que cet argument passe à côté du plus important, à savoir que la gestion indicielle est l’ennemie du processus de découverte des prix par le marché.
Nous approfondirons cela dès demain.