Sous des airs de rigueur budgétaire, le gouvernement Lecornu II poursuit en réalité la fuite en avant : dépenses publiques en hausse, recettes surestimées, fiscalité alourdie pour les classes moyennes et les détenteurs de patrimoine.
Pour décrypter les dérives budgétaires de la France et leurs conséquences, découvrez France en Faillite, la nouvelle newsletter des Publications Agora, signée Ionès Jaoulane.
À peine de retour, le nouveau Premier ministre a dévoilé, le 14 octobre, son projet de budget 2026. Et croyez-moi : les perdants seront bien plus nombreux que les gagnants.
Qui seront les perdants ?
On les connaît déjà : la classe moyenne, la classe moyenne supérieure, et tous ceux qui détiennent de l’épargne, des actions ou de l’immobilier.
Ce budget, aussitôt rendu public, a suscité un vif débat dans la presse et au sein des partis politiques. Les mesures annoncées touchent les retraites, les prestations sociales et la fiscalité des ménages. Reste une question essentielle : peut-on vraiment parler d’un budget d’austérité ?
Parmi les mesures les plus commentées, nous pouvons citer :
- la suspension de la réforme des retraites ;
- le gel des pensions et prestations sociales, les pensions de retraite et allocations familiales ne seront pas revalorisées en 2026, et une sous-indexation de 0,4 point est prévue à partir de 2027 ;
- la réforme de l’abattement fiscal pour les retraités, l’abattement de 10 % sur les pensionsinf est remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros. Cette mesure favorise les retraités modestes mais pénalise ceux percevant plus de 20 000 euros par an ;
- le gel du barème de l’impôt sur le revenu, la stagnation du barème pourrait entraîner l’entrée de 200000 foyers fiscaux supplémentaires dans l’imposition ;
- la suppression de niches fiscales, 23 niches fiscales jugées « obsolètes ou inefficaces » seront supprimées, pour un gain estimé à 5 milliards d’euros ;
- la taxation des holdings ;
- le prolongement de la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises et la contribution exceptionnelle en 2026.
Ah, la France éternelle ! Le gouvernement, fidèle à sa tradition de promettre du provisoire et livrer du permanent, a décidé de prolonger ses fameuses taxes « exceptionnelles » sur les hauts revenus et les grandes entreprises. Initialement annoncées comme un petit coup de canif temporaire dans le portefeuille des plus riches, ces ponctions ont désormais trouvé leur place au chaud dans notre belle fiscalité hexagonale. Une sorte d’effet CSG fiscal : ce qui devait disparaître avec l’automne, s’installe confortablement pour rester. Une fois de plus, la France nous prouve que l’éphémère a cette fâcheuse tendance à s’éterniser… surtout lorsqu’il s’agit de soutirer un peu plus d’argent.
Un budget sans réelle austérité… et fondé sur un optimisme fragile
Le projet de loi de finances 2026 n’a rien d’un budget d’austérité : les dépenses de l’Etat continuent de croître, passant de 503 à 525,7 milliards d’euros, soit une hausse de 4,5 %.
L’Etat persiste donc dans sa stratégie destructrice.

Source : https://www.budget.gouv.fr/reperes/loi_de_finances/articles/projet-loi-finances-2026
Du coté des recettes, les prévisions sont particulièrement optimistes. Le gouvernement anticipe une progression des recettes nettes de 377 à 401,6 milliards d’euros, soit +6,5 % en un an, dans un contexte où la croissance du PIB réel ne dépasserait pourtant pas 1 %. La TVA, à elle seule, devrait rapporter plus de 12 milliards supplémentaires (+12,6 %), alors que la consommation des ménages ne progresserait que de 0,9 % selon les prévisions macroéconomiques du même document.
Autrement dit, la réduction du déficit (de -5,4 % à -4,7 % du PIB) dépend avant tout d’une dynamique de recettes que rien ne garantit. Si la croissance ou la consommation ralentissent, les comptes publics pourraient vite se dégrader. Ce n’est pas un budget d’austérité – mais un budget de pari, où l’équilibre affiché tient davantage à la confiance dans les rentrées fiscales qu’à une réelle maîtrise de la dépense.
Ce budget 2026 prévoit 124,4 milliards d’euros de dette supplémentaire, soit 6 550 € par foyer fiscal imposable (près de 19 millions de foyers concernés). Loin de réduire drastiquement les dépenses publiques, le gouvernement continue donc d’emprunter massivement.
Il s’agit davantage d’un budget axé sur le contrôle des dépenses et l’augmentation des recettes fiscales, que d’une véritable politique d’austérité, laquelle supposerait des coupes drastiques, généralisées et immédiates.
Du côté des agences de notation, Moody’s rendra son verdict sur la (non-)gestion des finances françaises le 24 octobre. Au mieux, la note actuelle de la France (Aa3) pourrait être assortie d’une perspective négative. Au pire, elle sera tout simplement dégradée. Rien de très glorieux.
Mais au fond, ce n’est pas la sanction d’une agence de notation qui a ruiné les Français ces dernières années. C’est un mécanisme invisible, beaucoup plus sournois, qui nous spolie sans que nous nous en rendions compte : l’inflation.
L’inflation, ce tour de passe-passe d’Etat
L’inflation, c’est le tour de passe-passe préféré de l’Etat.
La flambée de 2021-2022, présentée comme une fatalité mondiale, a d’abord été fabriquée par les banques centrales et les gouvernements. Certes, il y a eu des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et une envolée des prix de l’énergie. Mais en face, la demande restait soutenue : Etats et ménages avaient beaucoup d’euros à dépenser. C’était l’époque du fameux « quoi qu’il en coûte »… financé à coups d’argent magique.
Mais la réalité, c’est que jamais rien n’est gratuit dans ce monde.

Taux Inflation Zone Euro Eurostat
Les prix à la consommation ont augmenté plus fortement que jamais depuis la création de la zone euro. Votre pouvoir d’achat s’est effrité, vos euros épargnés ont perdu de leur valeur, et même votre salaire net d’inflation a reculé.

Évolution du revenu des Français dans le secteur privé (Source : INSEE)
Pendant ce temps, l’Etat, lui, s’en est sorti gagnant.
Quand l’Etat rembourse sa dette en monnaie de singe
Plus les prix montent, plus les recettes fiscales augmentent. Par exemple, la TVA perçue par l’Etat croît avec la hausse des prix, sans qu’il ait besoin de créer un nouvel impôt. Mieux encore : lorsqu’il rembourse sa dette, c’est avec une monnaie dévaluée.
L’inflation est un impôt invisible – et politiquement indolore. Avouons-le : il est plus « acceptable » pour le citoyen de subir une hausse générale des prix de 10 % que de voir 10 % ponctionnés d’un coup sur son compte épargne.
Mais finalement, le résultat est le même, sinon pire : la confiance dans la monnaie s’effrite. Quand votre argent ne reflète plus la valeur de votre travail, la monnaie ne devient plus qu’un symbole creux.
C’est pourquoi, depuis plus de vingt ans, nous recommandons à nos lecteurs d’investir dans l’or physique. L’histoire se répète : chaque fois que les politiques dévaluent leur monnaie, l’or protège les épargnants.
1 commentaire
I on confisquait le yatch de Bernard Arnault et le vendait devrait-il aller au restau du coeur ?
Combien des 1800 très riches ont un train de vie au moins aussi scandaleux que celui de Gérard Larcher ?
Supprimer 95 % des agences et autres commissions nationales ( lot de consolation souvent) ça représente quelle économie avec quelle impact négatif sur le pays ?