▪ Selon des rumeurs de notre invention, le capitaine Francesco Schettino du Costa Concordia a été invité à se joindre à la Réserve fédérale.
De toute évidence, si l’on se fie aux comptes-rendus récemment publiés des réunions de la Fed qui se sont tenues en 2006, le capitaine du bateau italien et la Fed sont faits l’un pour l’autre. Tous deux se sont révélés capables d’erreurs, de lâcheté et de confusion.
Ben Bernanke en 2006, au moment où la bulle de l’immobilier et de la finance atteignait son zénith :
« Je pense qu’il faudrait un très sévère déclin du marché immobilier pour faire dérailler le fort élan de croissance que nous voyons actuellement dans l’économie ».
« Les marchés de capitaux sont probablement plus profitables et plus robustes qu’ils l’ont jamais été », a ajouté son collègue Kevin Warsh.
Un an plus tard, le grand navire heurtait les récifs clairement visibles pour nos chers lecteurs et quiconque se donnait la peine de regarder — les dettes des prêts subprime.
On ne demandera probablement jamais au capitaine Schettino de prendre les commandes d’un autre bateau de croisière. En revanche, le capitaine Bernanke et son équipage sont toujours aux commandes de l’économie américaine. Apparemment ils n’ont toujours aucune idée d’où ils se trouvent… ou d’où ils vont.
▪ Nous ne sommes pas en récession
Ils pensent que nous sortons d’une récession. Mais la reprise est si lente et si hésitante que la presse commence à dire qu’il s’agit d’une « Grande Récession ».
Ils se trompent sur tous les tableaux. Ce n’est pas une récession. Et elle n’est pas grande.
Ce n’est pas une récession parce que ce n’est pas un recul temporaire d’une économie saine par ailleurs. C’est plutôt un point de bascule… un point de bascule majeur.
De toute façon, une « grande récession » est un oxymore. Comme « banquier prudent » ou « politicien honnête », les mots ne vont pas ensemble.
S’il s’agissait d’une récession, elle pourrait prendre fin bientôt, et l’économie pourrait repartir de plus belle. Or ce n’est pas possible. Parce que l’économie pré-2007 dépendait de plusieurs mythes et de quelques fraudes.
Le plus grand mythe était que l’immobilier grimperait éternellement. C’est ce qui permettait aux ménages de s’endetter de plus en plus, confiants dans le fait qu’ils devenaient de plus en plus riches. Et c’est ce qui a permis à l’industrie financière de remanier la dette immobilière, de la trancher, de la couper en petits morceaux et de l’étaler un peu partout. Cette combinaison de hausse des prix de l’immobilier et d’ingénierie financière a produit la plus grosse bulle de l’histoire.
Une fois qu’une telle bulle explose, il n’est pas question de revenir en arrière… ou de reprise. C’est terminé. On pourrait aussi bien essayer de recoudre un terroriste après un attentat-suicide que de retrouver l’économie de bulle de 2006. On ne peut pas reculer. Il faut avancer vers quelque chose de neuf.
Vers quoi avançons-nous ? C’est la grande question. Personne n’a la réponse.
Voilà le plus drôle, cher lecteur : les personnes chargées de nous guider dans ce nouveau monde sont celles-là mêmes qui nous ont mis dans le pétrin… et qui, ensuite, n’ont pas vu les ennuis dans laquelle ils nous avaient conduits avant qu’il soit trop tard.
Mais ma foi… c’est comme ça…
Nous n’avons guère d’espoir qu’ils comprendront et guideront l’économie au port en toute sécurité. Il est plus probable qu’ils ne tarderont pas à se ré-échouer.