La Constitution américaine avait fixé des limites : des représentants tenus responsables du budget et une monnaie fondée sur l’or et l’argent. Pourtant, le poids de la dette n’a cessé d’augmenter, transformant la démocratie en un système vulnérable aux abus. Alors, qu’est-ce qui a mal tourné ?
« Rien de mieux qu’une théorie utopique, une splendide chimère, décrivant un état de la société qui n’a jamais existé et ne pourra jamais exister ; une république non pas d’hommes, mais d’anges. » – Alexander Fraser Tyler
Dans les années 1970, un jeune homme est entré dans notre bureau de la National Taxpayers Union à Washington. Il s’appelait Grover Norquist. Fraîchement sorti de Harvard, l’oeil vif et pimpant, il est venu travailler pour nous.
Nous étions loin de nous douter qu’il s’agirait d’une bataille sans espoir. La tendance politique primaire était contre nous.
Pour faire court, des groupes de petite taille contrôlent les gouvernements. Leur principal objectif est de transférer le pouvoir et l’argent du peuple à eux-mêmes. Ils le font jusqu’à ce qu’ils soient à court de l’argent des autres. Dans les années 1970, ils commençaient à peine.
Dès les écrits des premiers Grecs, il était clair que les démocraties avaient besoin de restrictions. Comme le sucre, la dette, l’alcool ou le diable lui-même, elles ont besoin de limites. Lorsque vous pouvez voter pour dépenser l’argent des autres – même l’argent qu’ils n’ont pas encore gagné –, vous risquez de trop dépenser. Votre démocratie surendettée sombrera alors dans la faillite, l’inflation et la dictature.
La Constitution américaine a établi des limites. Les représentants du peuple à la Chambre des représentants devaient être tenus responsables du budget. Et « seuls l’or et l’argent » devaient être utilisés comme monnaie. Qu’est-ce qui pouvait aller de travers ?
Malheureusement, les ceintures de sécurité et les airbags n’ont pas pu compenser la mauvaise conduite de nos gouvernements. La dette américaine a été multipliée par 100 depuis 1969 et le dollar a perdu 85% de sa valeur.
Dans les années 1970, nous avions encore la vingtaine. Et notre approche naïve pour éviter cette catastrophe, menée par un sénateur du Maryland, James Clark, consistait à demander aux Etats d’approuver un amendement sur l’équilibre budgétaire, obligeant le gouvernement fédéral à ne dépenser que ce qu’il pouvait collecter en impôts. Si nous avions réussi, les Etats-Unis auraient évité une dette de 35 000 milliards de dollars, ainsi que bien d’autres méfaits.
Mais l’effort n’a pas abouti et a été abandonné lorsque Ronald Reagan a été élu.
Le jeune Grover Norquist, exceptionnellement intelligent et énergique, avait une autre idée en tête. Il s’agissait d’affamer la bête. Grover a demandé aux membres du Congrès de signer un engagement de protection du contribuable, dans lequel ils jureraient qu’ils n’augmenteraient en aucun cas les impôts.
A l’époque, les républicains avaient encore un respect résiduel pour les budgets équilibrés. La limitation des recettes fiscales semblait être un moyen raisonnable de restreindre l’emprise du gouvernement.
Cet effort a également échoué. Les républicains ont vite compris que, grâce à la fausse monnaie et aux taux bas de la Fed, ils pouvaient réduire les impôts tout en augmentant les dépenses.
Aujourd’hui, Grover continue d’essayer de fermer les robinets de l’Etat fédéral. Mais nous sommes passés à autre chose. Nous sommes devenus cyniques (c’est notre mot). Nous ne sommes pas simplement cyniques à l’égard de l’homme qui va entrer à la Maison-Blanche, ni à l’égard de sa capacité à rendre sa grandeur au pays. Nous ne croyons tout simplement pas que c’est ainsi que les choses fonctionnent.
Même s’il était intelligent, sérieux et compétent, il ne pourrait pas surmonter la tendance politique primaire.
Le gouvernement est un preneur, pas un faiseur. Il prend et prend, autant qu’il le peut.
Les gens ne sont pas des anges. Ils ne sont pas non plus des démons. Mais ils sont influençables et lorsqu’ils réalisent qu’ils peuvent utiliser le gouvernement pour s’accorder des avantages que quelqu’un d’autre, un jour ou l’autre, devra payer, ils sont heureux de le faire.
Ces faits ne sont pas vraiment contestés. Mais beaucoup de gens pensent que Donald Trump est un leader exceptionnel. Ou ils pensent qu’un département censé s’assurer de l’efficience du gouvernement dirigé par des génies milliardaires va redresser la situation.
Aujourd’hui, cela semble presque possible. Le Wall Street Journal rapporte :
« Musk fait un premier raz de marée en stoppant le projet de loi sur les dépenses
Mercredi, à 4h15 du matin sur les réseaux sociaux, Elon Musk a déclaré que le projet de loi sur les dépenses obligatoires ‘ne serait pas adopté’. En début de soirée, le projet de loi était abandonné, laissant le gouvernement se diriger vers un shutdown en fin de semaine, juste avant Noël. Les législateurs qui avaient peut-être sous-estimé la capacité d’Elon Musk à secouer Washington ont soudain eu des doutes. »
Il s’agit là d’un événement dont on se souviendra. C’est M. Musk, et non M. Trump, qui semble contrôler les dépenses américaines.
« Arrêtez le vol », disait le message d’Elon Musk.
Mais voler, c’est ce que font les gouvernements. Très probablement, Donald Trump et les élites devront mettre M. Musk au pas… et le vol pourra continuer.
Et bien qu’il n’y ait jamais de garantie que le jour succède à la nuit, que les prix chutent lorsqu’ils sont très élevés ou qu’ils augmentent lorsqu’ils sont très bas… c’est toujours la meilleure façon de parier.
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Il est peu probable que l’homme échappe à l’homme. Il sera sa dernière proie. Au grand soulagement de tous les autres vivants. S’il n’est pas trop tard.