▪ Qu’est-ce que c’est que ça ? La fin du rebond ?
Le dollar remonte… les actions patinent sur un lac gelé dont la glace pourrait être trop fragile… et nous avons entendu dire que la Fed pourrait ralentir ses efforts de relance…
Mais il est trop tôt pour le dire, cher lecteur. Il y a trop de théories en compétition, d’intérêts spécifiques et d’entourloupes qui nous bloquent la vue. Trop de mains tirent trop de leviers, elles brouillent la réalité d’une situation déjà opaque. C’est comme si quelqu’un avait mis un coup de pied dans la fourmilière ; maintenant plus personne ne sait ce qui se passe. Tout est sens dessus dessous.
Non. Personne ne sait rien.
Mais, sachant ça (que personne ne sait ce qui se passe réellement), nous pouvons sans risque avancer la chose suivante : ceux qui vous disent qu’ils savent (ce qui se passe), sont certainement en train de mentir. Qui plus est, étant donné qu’ils ne savent pas qu’ils ne savent pas, il y a de grandes chances pour que ce soit eux qui en sachent le moins.
Vous nous suivez ?
▪ Ceci étant dit, il en faudrait plus qu’un manque d’informations pour empêcher les intervenants du monde de mettre leurs sales pattes partout sur la scène de crime. Les dirigeants du G20 vont se réunir cette semaine à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour discuter de tout ce qu’ils savent sur le paysage économique actuel. En dehors des tapes dans le dos et des poignées de mains, la réunion devrait normalement durer six minutes, pas plus. Mais ce ne sera pas le cas. Au lieu de ça, ceux qui sont responsables de la situation actuelle vont prolonger la réunion, avec quantités de graphiques et de présentations PowerPoint. Ils vont parler de comment dépenser l’argent qu’ils n’ont pas encore volé, au bénéfice de tout le monde sauf de ceux à qui ils vont bientôt voler de l’argent.
Puis, à la fin de la conférence, Paul Krugman va faire un papier pour le New York Times dans lequel il abordera la façon dont le gonflage des déficits budgétaires et les interventions du gouvernement ont encore repoussé la fin du monde, laissant ceux qui vivent vraiment dans ce monde-là se demander, incrédules, ce qui a bien pu se passer. Tout ça n’est rien qu’une prétendue affaire censée donner une impression d’ordre et de compréhension.
Que peut-on dire face à cette tentative désespérée de convaincre les foules ? Empruntons une citation à ce poète des temps moderne qu’est Homer Simpson :
"Je n’ai pas besoin de vos suggestions de présentation ! Vous les gâcheurs de barbecue, messieurs les je-sais-tout qui ne savent rien !"
En effet, avec autant de cuisiniers autour du barbecue, il devient impossible de dire de quel côté va la fumée. Tout ce que nous pouvons faire, c’est essayer de rassembler toutes les informations que l’on possède…
▪ Nous avons par exemple remarqué que le S&P 500 avait gagné 57% depuis le 9 mars. L’indice MSCI World (matières premières) est plus haut lui aussi, de 65%. Nous voyons là l’un des plus longs rebonds de marché baissier du siècle passé. Aux Etats-Unis, les actions sont remontées à leurs valeurs de 2004, annonce Bloomberg. Sont-elles correctement évaluées à 20 fois les bénéfices déclarés ? Les lecteurs ont peut-être un avis là-dessus…
Pendant ce temps, nous observons que le billet vert a chuté, contrairement aux actions… et à l’or… et au reste des matières premières. La Fed a ouvertement sacrifié la devise de réserve mondiale sur l’autel de la "reprise". Mais en a-t-elle eu pour son argent ? Ou s’est-elle faite avoir ? Seul le temps le dira.
▪ Pendant que nous attendons la réponse à cette question, sept millions d’Américains ont perdu leur emploi depuis que la crise a commencé. Des dizaines de millions de plus ont dû accepter des diminutions de salaire ou des temps partiels. En Californie, selon un article, sur cinq personnes en âge de travailler, seules trois ont un emploi. Que se passe-t-il pour ces gens là ? Quelle est leur place au sein de la reprise nationale ?
"Je veux être clair", a dit le président Obama à CNN vendredi dernier, "le problème du chômage ne va pas se régler — et il pourrait même empirer — au cours de deux prochains mois".
Si nous devions lancer les paris — ce que nous ne faisons pas — nous serions prêt à parier qu’une reprise sans emploi pourrait être difficile, peut-être même impossible. Mais une fois encore, nous ne parions pas… nous ne faisons que regarder.
Et en regardant un peu plus au fond de l’abysse nous avons remarqué que les consommateurs épargnaient, et ne dépensaient pas ; que les lignes du crédit se contractaient, et ne s’étendaient pas ; et que les niveaux d’endettement du gouvernement explosaient façon éruption volcanique.