Depuis le début de l’année, le Dow a perdu environ 7%… mais certains secteurs boursiers ont subi des pertes bien plus sévères.
D’abord l’énergie… puis les technos… et maintenant les banques.
Les actions de Citigroup, "trop grosse pour faire faillite", ont perdu près de 28% à ce jour en 2016. Et les titres de la plus grande banque européenne, Deutsche Bank, ont baissé de plus de 36%.
▪ Un "effet richesse" négatif
Comme toujours, nous ne savons pas où cela mènera.
Mais comme nous le disons depuis le début de l’année, ce pourrait être le début d’un sérieux marché baissier. Et plus !
Des études montrent qu’une chute boursière de 10% a environ 50% de chances de présager une récession… 100% du temps.
Nous espérons que c’est clair.
Un plongeon boursier ne fait pas que prédire des problèmes dans l’économie : il les cause également |
Un plongeon boursier ne fait pas que prédire des problèmes dans l’économie : il les cause également.
L’"effet richesse" bien-aimé de la Fed — grâce auquel les investisseurs, voyant la valeur de leur portefeuille grimper, se sentent plus riches et se mettent à dépenser sans compter — fonctionne dans les deux sens.
Lorsque les cours des actions chutent, les investisseurs réduisent leurs dépenses et l’économie s’enlise. Plus les cours chutent… plus il y a de probabilités de voir l’économie suivre le mouvement.
Cela inquiète les planificateurs centraux.
▪ Une efficacité de plus en plus limitée
Voici le principal rédacteur économique du Financial Times, Martin Wolf :
"Que pourraient faire les banques centrales si la prochaine récession frappe alors que les taux d’intérêt sont encore bien inférieurs à leurs niveaux pré-2008 ? Comme l’affirme un article de la Resolution Foundation, basée à Londres, c’est très probable. Les banques centrales doivent être préparées à cette éventualité.
Comment ?
La partie la plus importante d’une telle préparation est de convaincre le public qu’elles savent ce qu’il faut faire".
Bonne chance !
La seule leçon claire de ces huit dernières années est que soit les banques centrales ne savent pas ce qu’il faut faire… soit elles le savent mais ne le font pas, intentionnellement.
Pour notre Chronique du jour, nous allons leur accorder le bénéfice du doute. Nous partons du principe qu’elles sont incompétentes plutôt que maléfiques.
Il n’y a pas de honte à l’incompétence, surtout lorsqu’il s’agit de gérer l’économie mondiale. Nous pensons qu’aucun être humain n’en est capable |
Il n’y a pas de honte à l’incompétence, surtout lorsqu’il s’agit de gérer l’économie mondiale. Nous pensons qu’aucun être humain n’en est capable.
Yellen et les autres peuvent donc garder la tête haute. Ils ont échoué, mais c’était mission impossible de toute façon.
Un lecteur à l’oeil affûté nous a envoyé une citation du Wall Street Journal. Elle montre que la presse financière grand public commence à rejoindre notre point de vue :
"L’échec de la politique monétaire non-conventionnelle au Japon et en Europe est la preuve que les banques centrales ne peuvent faire apparaître de la croissance dans des économies ayant besoin de réformes majeures pour laisser les ressources trouver des utilisations plus productives. […] Si les entreprises ne peuvent pas trouver d’investissements prometteurs, la création de crédit restera stagnante quel que soit le prix dudit crédit".
Et puis il y a le commentaire du gouverneur de la banque centrale indienne, Raghuram Rajan :
"… Les relances ne fonctionnent plus et, très certainement, la politique monétaire a largement fait son temps".
Mais aussi Sean Yokota, à la tête de la stratégie Asie chez la banque nordique SEB :
"Les banquiers centraux se retrouvent à court de choses à faire".
Tenez-vous bien !
Pas selon M. Wolf !
Il aligne les options disponibles en commençant toutefois par remarquer que laisser une correction faire son oeuvre est hors de question, "étant donné les dommages que cela causerait au tissu social".
De notre point de vue, le tissu social aurait pourtant lui aussi bien besoin d’un coup de propre |
(Il ne spécifie pas les dommages qu’infligerait une correction purificatrice ; de notre point de vue, le tissu social aurait pourtant lui aussi bien besoin d’un coup de propre).
Une des options, a dit Wolf, serait de "changer les cibles" — en permettant des niveaux d’inflation plus élevés. Il n’en dit pas plus, nous laissant nous demander comment une banque centrale qui n’a pas pu faire grimper l’inflation des prix à la consommation à 2% serait en mesure de la porter à 3%.
Une autre option serait "la conversion forcée de la dette en valeur" — dont il dit que ce serait difficile.
Une autre option encore serait un rajout d’assouplissement quantitatif — une véritable provocation.
Il y a également la politique de taux d’intérêt négatifs… Mais "l’efficacité économique [d’une telle politique] n’est pas claire", prévient-il.
Quelle politique M. Wolf recommande-t-il au final ? La plus insensée, bien entendu.
"Un dernier instrument serait ‘l’argent par hélicoptère’ — une émission monétaire permanente dans le but d’encourager les achats de biens et de services par le gouvernement ou par les ménages.
Si l’argent passait directement dans des dépenses supplémentaires du gouvernement, dans des baisses d’impôts ou encore sur les comptes en banques des ménages, cela aurait sûrement un effet. Le point essentiel est de laisser le contrôle de la quantité émise aux banques centrales, comme partie intégrante de leur mandat monétaire".
Ces huit dernières années, nous n’avons rien vu d’autres que des politiques absurdes et improductives de la part des banques centrales.
Mais tenez-vous bien : elles en ont encore beaucoup en réserve !