▪ Une question : si les machines et les robots ont largement pris le pouvoir sur les marchés boursiers, pourquoi la Bourse de New York a-t-elle fermé deux jours d’affilée pour des raisons météorologiques ? Cela n’était pas arrivé depuis le 19ème siècle, dans les années 1880. Peut-être cela sera-t-il un test à blanc pour les bourses qui fonctionnent sans salle de marché physique.
Passée inaperçue dans les flots d’informations sur l’ouragan Sandy, une nouvelle en provenance du Japon a attiré notre attention. Naturellement, l’économie japonaise est le bébé-éprouvette de la politique monétaire dans un environnement à croissance nulle. Si vous voulez savoir ce qui arrive à une économie lorsque la banque centrale prend le pouvoir à la suite de l’éclatement d’une bulle, il vous suffit d’observer le Japon.
Cette semaine, la Banque du Japon (BoJ) a abaissé ses prévisions de croissance pour l’économie japonaise. A l’en croire, « l’économie japonaise s’est quelque peu affaiblie ». Les exportations et la production ont été moins bonnes que prévu. Toutefois, on s’attendait à cette morosité.
Les accros du crédit espéraient que la Banque du Japon transformerait les chiffres de croissance faible en une nouvelle dose de drogue monétaire. En particulier, les traders attendaient que le Japon étende son programme d’achat d’actifs. C’est ce qu’il a fait mais pas autant que le marché l’aurait espéré, si l’on en juge par les chiffres de la bourse.
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Pourquoi la France va QUAND MEME faire faillite
Un peu partout, la presse célèbre les mesures de relance drastiques prises par les banques centrales, mais rien n’est réglé : que va-t-il se passer ensuite — et surtout comment vous y préparer ?
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Les valeurs japonaises ont baissé. Le Nikkei 225 a terminé à 8 841 points. On est encore loin du record atteint en décembre 1989 de 38 916 points. Il va falloir beaucoup plus que les 1 400 milliards de dollars de nouveaux achats d’actifs annoncés par la BoJ pour relancer à la hausse les valeurs japonaises.
▪ La nouvelle expérience de la Banque du Japon
Le détail réellement intéressant dans l’annonce est que les achats d’actifs s’élargiraient pour inclure les exchange traded funds (ETF) et les fonds d’investissement immobilier. Ce sont là des « actifs à risque ». Normalement, ces programmes d’achats d’actifs se cantonnent aux obligations d’Etat afin de maintenir les taux d’intérêt (le coût du crédit) bas dans l’économie. La BoJ tente là une nouvelle expérience.
Mais on remarquera que le marché boursier japonais a atteint son plus haut il y a déjà 23 ans. Depuis lors, ceux qui dépensent de l’argent (politique fiscale) et ceux qui font marcher la planche à billets (la Banque du Japon) ont tenté tout ce qui était possible et imaginable pour regonfler le marché boursier et le secteur immobilier. Cela fait une grosse différence.
L’économie japonaise continue de marquer le pas. Des taux d’épargne élevés ont permis un ratio dette publique/PIB de plus de 200%. Mais ces derniers mois, la petite prise de bec territoriale avec la Chine en mer de Chine orientale a affecté les exportations. La dernière chose dont a besoin l’économie japonaise est une guerre commerciale avec l’un de ses principaux partenaires commerciaux.
Mais le plus important ici est que les achats d’actifs ne résolvent pas les problèmes d’une économie où une bulle de la dette a éclaté. C’est comme utiliser un ballon pour enfoncer un clou, l’outil ne convient pas. La Fed a commis la même erreur aux Etats-Unis depuis l’éclatement de la bulle internet. Gonfler les bulles les unes après les autres dans une tentative de relancer la valeur des actifs financiers n’a absolument pas servi à créer des emplois dans l’industrie américaine, même si cela a permis à beaucoup d’agents immobiliers de bien travailler pendant quatre ans.
Pour les investisseurs, la nouvelle perturbante est que les injections d’argent frais par les banques centrales ne font plus repartir les marchés comme ils le faisaient auparavant. Il y a un aspect de ressenti à cela. La ruée à laquelle se livrent les investisseurs lorsqu’un excès d’impression de monnaie est annoncé est ce qui conduit à acheter des ‘actifs à risque.’ Mais si les achats ne sont pas assez importants pour faire pâmer les gestionnaires de portefeuille, les actions marquent le pas.
L’autre raison plus pratique pour laquelle ceux qui impriment la monnaie se battent pour faire bouger les actions est que dans un grand système basé sur la dette, la dette doit continuellement croître pour éviter que les prix des actifs ne chutent. Si la dette est remboursée ou annulée, l’argent disparaît du système. Pour éviter cette contraction, le crédit est condamné à continuellement croître.
Le vrai combat en ce moment même se livre entre les banques centrales et la chute des prix des actifs. Les banquiers centraux peuvent-ils créer un nouvel argent ou monétiser la dette et les actifs plus rapidement que le taux de destruction de richesse dans le système financier ?
Croître ou mourir, telle est la question !