▪ « La politique monétaire ne peut pas répondre aux moindres attentes des marchés ».
Telles sont les paroles du chef de la Bundesbank, Jens Weidmann.
Et pourquoi pas, veulent savoir les investisseurs ?
M. Weidmann s’adressait au Wall Street Journal. Il expliquait pourquoi l’Allemagne s’arc-boutait sur ses positions.
« Cette crise ne peut être résolue qu’en se lançant dans des réformes structurelles souvent douloureuses », a-t-il insisté. « Si les autorités pensent qu’elles peuvent l’éviter, elles essaieront de le faire ».
M. Weidmann parle du présent. Il décrit également l’avenir. Sur le Vieux Continent, des protestations de plus en plus vigoureuses se font entendre contre les Allemands et leurs positions financières. L’austérité ne semble pas fonctionner. Les pays essaient. Ils réduisent leurs dépenses. Ils licencient. Rien ne se passe. Leurs budgets sont toujours loin de l’équilibre, avec des déficits bien supérieurs aux 3% exigés par l’Union européenne. Le chômage grimpe. Le PIB baisse. Des foules en colère commencent à casser des vitrines. Pourquoi se donner tant de peine ?
Regardez ce qui se passe en Grande-Bretagne, par exemple. Selon The Telegraph :
« La contraction inattendue de 0,2% de la croissance britannique suit une chute de 0,3% du PIB au troisième trimestre 2011, signalant une récession technique, et le premier double creux de la Grande-Bretagne depuis 1975 ».
« Les économistes s’attendaient à ce que les données du Bureau britannique de statistiques fassent ressortir une croissance économique de 0,1% entre janvier et mars ».
« Le Premier ministre a déclaré que le chiffre était ‘très très décevant’, mais a ajouté que ce serait ‘une complète folie’ que de changer de cap et de remettre en question les taux d’emprunt bas au Royaume-Uni. Il a déclaré au Parlement : ‘nous avons hérité [du Labour] un déficit budgétaire de 11%. C’est plus que la Grèce, plus que l’Espagne, plus que le Portugal […] S’il y a une chose que nous ne devons surtout pas faire, c’est abandonner les plans de réduction des dépenses et des déficits, parce que la solution à une crise de dette ne peut être plus de dette’. »
▪ Pourquoi ne prend-on pas de vraies mesures ?
Bien entendu, on pourrait examiner ces faits et en conclure qu’ils ne font pas assez d’efforts. Au lieu de faire de petites réductions ici et là… pourquoi ne pas en faire de grosses ? Pourquoi ne pas vraiment équilibrer les budgets gouvernementaux de manière à inviter les banquiers centraux allemands à aller se faire voir (chez les Grecs, au hasard) ?
Tout le monde s’accorde à dire que ce serait trop radical. Ce serait une invitation à « des désordres sociaux ». Apparemment, le fait de vivre selon ses moyens n’est plus acceptable, politiquement ou socialement. Il faut vivre au-dessus de ses moyens. La seule question, c’est… « qui va payer » ? Les réponses à cette question ne sont pas simples. Lorsque les niveaux de dette étaient bas, la réponse était probablement « les futures générations de contribuables ».
Aux niveaux de dette actuelle, il est peu probable que la dette atteigne un jour les générations futures. Avec une telle quantité de dette désormais absorbée par les banques centrales, le fardeau passe des épaules des prêteurs à celles des emprunteurs, des contribuables et des consommateurs. Les bonnes dettes peuvent retomber sur les débiteurs… même ceux qui ne sont pas encore nés. Mais les mauvaises dettes et l’inflation flottent comme des feuilles mortes… balayées par les vents… avant de retomber, finalement, sur des passants innocents.
A l’exception peut-être la Banque centrale allemande, toutes les autres — ou la plupart — essaient de « répondre aux moindres attentes des marchés ». Elles essaient de faire grimper les prix des actifs… d’atteindre le plein emploi… et de guérir le diabète.