▪ Le Japon a fait une annonce retentissante la semaine dernière. Le pays a annoncé qu’il allait doubler sa masse monétaire !
Selon Reuters :
« La Bank of Japan (BoJ) a déclenché la poussée de relance monétaire la plus intense du monde, jeudi, en promettant d’injecter environ 1 400 milliards de dollars dans l’économie en moins de deux ans, un pari radical qui a envoyé le yen dans les cordes et les rendements obligataires à des plus bas records ».
« Le nouveau gouverneur, Haruhiko Kuroda, a engagé la BoJ dans des rachats d’actifs illimités et déclaré que la masse monétaire doublerait presque, passant à 270 000 milliards de yens (2 900 milliards de dollars) d’ici la fin 2014, une thérapie choc dont les officiels espèrent qu’elle mettra fin à deux décennies de stagnation ».
« Cette politique est considérée comme un pari radical afin de stimuler la croissance et augmenter les attentes d’inflation ; elle est d’une ampleur inégalée, même par le programme d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine ».
Est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ça insufflera un peu de vie dans l’économie japonaise ?
Richard Koo dit que non. Il affirme que ce genre de relance monétaire ne fonctionne pas. Parce que les entreprises et les ménages sont encore en train de reconstruire leurs bilans et de rembourser la dette. Les autorités japonaises peuvent rendre l’argent et le crédit encore plus disponibles, dit-il, mais l’économie, elle, ne l’acceptera pas. L’argent ne fait que s’écouler sur le marché boursier (spéculatif). Le yen a chuté suite à la nouvelle. Le marché américain n’a guère été impressionné, de son côté.
▪ Que faut-il en penser ?
La troisième plus grande économie au monde. Une poussée d’impression monétaire sans précédent dans l’histoire mondiale. Et la Fed, la Bank of England et la BCE suivent le mouvement. La BoJ affirme qu’elle ne veut que faire grimper l’inflation à 2%. Elle dit qu’elle achètera des actifs avec de l’argent qui n’existait pas auparavant… et continuera d’acheter… jusqu’à ce que l’inflation atteigne les 2%.
Ensuite ? Eh bien, nous supposons qu’elle arrêtera. Et après ça ? Après ça, elle aura une économie qui en est venue à attendre 70 milliards de nouveaux yens tous les mois. Une économie dont la base monétaire équivaut à deux fois environ ce qu’elle est aujourd’hui.
Nous ne savons pas ce que ça signifiera. L’économie s’effondrera-t-elle quand l’impression monétaire cessera ? Ou bien va-t-elle accélérer… les banques commencer à prêter… et les gens se lancer dans une fièvre dépensière ? Ou encore les investisseurs du monde entier vont-ils refourguer tous leurs yens à l’Archipel… se hâtant de sortir de la devise japonaise avant que les niveaux d’inflation échappent à tout contrôle ?
Nous n’en savons rien. Les autorités japonaises non plus, d’ailleurs. Comme le décrivait Reuters ci-dessus, c’est « un pari radical ».
Les gens font des paris radicaux de temps à autre. Les hommes d’affaires peuvent prendre un risque, à un moment ou à un autre. Les joueurs tentent leur chance. Les amoureux la leur.
Traditionnellement, les banques centrales ne font pas de « paris radicaux ». Elles tendent à éviter les paris de toutes sortes — même les plus respectables et les plus bourgeois. Les banques centrales sont censées être impassibles et ennuyeuses. Les araignées sont censées pouvoir tisser leurs toiles devant leurs coffres sans être dérangées. Les banquiers centraux ne sont pas censés convoquer des conférences de presse — ni avoir quoi que ce soit à dire de toute façon ; et toutes les requêtes — qu’elles concernent des sauvetages, des interviews ou des déjeuners — devraient être traitées avec un « non » inflexible.
Qu’une banque centrale fasse un « pari radical » est synonyme de désespoir et de folie.
Comment ce pari terminera-t-il, nous l’ignorons. Mais nous notons d’abord que toutes les grandes banques centrales mettent leur argent sur la même couleur… et à mesure que la roue tourne, nous conseillons à nos lecteurs de sortir du casino. Il ne faut pas être sur le yen, l’euro, la livre ou le dollar. Parce que quand la poussière retombera enfin sur cette orgie de paris radicaux, l’or sera « le dernier debout ».