La locution "krach boursier" libère dans l’inconscient individuel et collectif des visions d’apocalypse et induit des comportements qui stupéfient jusqu’aux psychiatres les plus blasés. Dans la version 2008, le spectre d’un effondrement systémique global déboucherait sur une ruée des épargnants vers les gares de TGV en partance pour Bruxelles
Philippe Béchade
Philippe Béchade
Rédacteur en chef de « La Chronique Agora » et de « La Lettre des Affranchis », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, Fake News, qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.
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Comme il fallait s’y attendre, la réaction de nos gouvernants face au chaos sur les marchés financiers est à la hauteur des évènements historiques qui figureront d’ici peu dans les livres d’histoire aux côtés de la chute du Mur de Berlin ou du 11 septembre 2001. Telles sont en tout cas les comparaisons les plus souvent reprises par les médias, subitement à l’unisson pour se disputer des références qu’ils auraient rejetées 15 jours auparavant
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La "main invisible" s’est glissée, un certain 26 février 2007, dans un gant de plomb… et à l’image du champion de boxe écossais Adam Smith, elle s’avère incapable d’en ressortir toute seule. La candide Goldilocks n’était autre qu’une Calamity Jane en robe vichy ; cela a déclenché la fureur des ours qui, en représailles, saccagent Wall Street. La BCE, si fière dans son armure don quichottesque de pourfendeuse de l’instabilité monétaire, assiste impuissante à la chute de 16% de l’euro face au dollar depuis la mi-juillet
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Epargne
Etats-Unis et Europe en ordre dispersé : marchés disloqués
par Philippe Béchade 6 octobre 2008La dernière lueur d’espoir d’un rebond in extremis pour Wall Street semble avoir été soufflée par l’appel d’air provoqué par l’adoption du plan Paulson. Sitôt approuvé à une large majorité (263/171) par le Congrès américain, le "fait accompli" a commencé à se manifester dès que sont retombées les clameurs de satisfaction des opérateurs opérant sur le floor du New York Stock Exchange. Le Dow Jones, qui grimpait de 310 points peu avant la conclusion du vote, a vu son avance fondre de moitié en une poignée de minutes, puis s’évaporer en moins d’une heure
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La séance du 29 septembre, placée sous le signe du rejet du plan de renflouement, restera gravée dans les mémoires comme un nouveau lundi noir… tandis que la séance du 2 octobre — qui a vu une partie du Congrès US voter le plan Paulson reloaded — a rapidement pris l’apparence d’un jeudi gris foncé : -350 points sur le Dow Jones au final, -4,5% sur le Nasdaq, -4% sur le S&P 500. A moins d’un spectaculaire rebond ce vendredi, le recul hebdomadaire des indices américains pourrait être compris entre 8% et 9%
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Il y a 18 mois de cela, pas un journaliste de presse grand public n’aurait reproduit un paragraphe (ni même une ligne) de nos Chroniques décrivant étape par étape l’effondrement de la bulle des bulles, c’est-à-dire des dérivés d’emprunts immobiliers. Nous poussions même le souci de la précision jusqu’à évoquer la faillite de Fannie Mae et Freddie Mac, des assureurs de crédit puis celle des plus grands brasseurs de CDO, ABS, MBS et autres CDS
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Le CAC 40 s’est repositionné au-dessus des 4 030 points après avoir cédé 2% à l’ouverture puis affiché +2,5% à quelques secondes de la clôture… soit près de 200 points de variation en quelques heures. -10% un jour, suivi d’un rebond de 5% le lendemain, de tels écarts ne surprennent personne lorsqu’il s’agit d’un titre quelque peu volatil. En revanche, cela demeure une rareté s’agissant d’un indice aussi considérable que le S&P 500 ou le Nasdaq
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Epargne
En 1987 au moins, la Fed avait un plan et des munitions !
par Philippe Béchade 30 septembre 2008D’après un tout récent sondage datant du week-end, 75% des citoyens américains sont opposés au plan Paulson : non parce qu’il représente un sacré paquet d’argent (3 750 $ par contribuable)… mais parce qu’il est destiné à regarnir les coffres d’entreprises financières qui ont poussé une partie de leur clientèle dans le piège des subprime et nombre de gérants de fonds de retraite dans celui des rendements monétaires ou obligataires mirobolants et soi-disant "sans risques"
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Epargne
Trou noir de la dette américaine : le point de non-retour
par Philippe Béchade 29 septembre 2008Alors que les marchés se sont montrés incapables d’évaluer le juste prix des actifs tels que les dot.com, les biotechs ou les dérivés de crédit depuis 1998, les voici à présent incapables d’évaluer — au terme d’une folle décennie de bulles successives — la gravité de la situation économique. L’expression "crise systémique" fait maintenant la une du journal de 13 h sur TF1, mais il n’est question que des subprime et de l’immobilier
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Epargne
La campagne de John McCain sponsorisée par Freddie Mac
par Philippe Béchade 26 septembre 2008Les bonnes vieilles recettes fonctionnent toujours à merveille aux Etats-Unis. Créez un choc psychologique suffisamment déstabilisant… et le gouvernement s’empresse de faire oublier tous les pieux mensonges destinés à masquer l’ampleur de la crise pour imposer dans l’urgence des solutions miracle dont personne n’est capable d’estimer le bien-fondé ou la pertinence.
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Il fallait passer un sérieux coup de balai dans les couloirs et sur le floor à Wall Street après la bruyante surboum de jeudi et vendredi derniers. Les gérants s’y emploient depuis lundi avec un zèle réjouissant, faisant le ménage dans les portefeuilles, toilettant leurs stratégies de couverture — amputées par la suppression des ventes à découvert — et lustrant les valeurs qui leur semblent les plus défensives. Adeptes du tri sélectif, ils n’oublieront pas en repartant de sortir les poubelles remplies de déchets obligataires toxiques. La Fed et le Trésor US se sont engagés à leur en racheter le contenu à un prix "correct"
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Epargne
Wall Street espère tout résoudre avec l'ardoise magique !
par Philippe Béchade 24 septembre 2008Ah la magie du verbe ! A l’énoncé de l’expression "plan de sauvetage", les indices reprennent 10% en quelques heures. Pour être sûres de leur coup, les autorités de marché ont même banni les ventes à découvert. Mais comme dans le célèbre aphorisme attribué à un ministre de la troisième République — "nous étions au bord du gouffre, nous venons de faire un grand pas en avant"
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Epargne
Treize questions majeures au sujet d'un Tchernobyl financier
par Philippe Béchade 23 septembre 2008Le fait que vous connaissiez par coeur le processus qui vient de mener les Etats-Unis à un Tchernobyl financier — explosion d’une centrale économique basée sur la dette, la dérégulation, la dissimulation du risque et le transfert insidieux d’actifs toxiques à l’ensemble des acteurs du marché — va nous faire gagner un temps précieux. Nous allons le consacrer à poser une série de questions embarrassantes pour les autorités américaines (le Trésor, la SEC), la Fed, la BCE, les banques et les agences de notation
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Epargne
L'arbitre rembourse les dettes des plus mauvais joueurs…
par Philippe Béchade 22 septembre 2008Paris vient de matérialiser le plus spectaculaire retournement haussier de l’histoire. Il va cependant falloir démêler ce qui relève d’un retour de l’optimisme et de facteurs techniques décisifs — tels que le rachat forcé des positions de vente à découvert. La semaine qui avait pris une tournure catastrophique jeudi (-10% en quatre séances sur le CAC 40) s’achevait sur une perte insignifiante de 0,7% tout à fait comparable à celle de l’Euro Stoxx 50 (-0,75%). Dormez, braves gens, vous avez cru qu’il s’était passé quelque chose
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Les semaines et les mois qui se profilent s’annoncent passionnants. Wall Street et les Etats-Unis viennent en effet d’amorcer un virage historique vers une perte de leadership économique et diplomatique. La Chine et la Russie piaffent d’impatience et veulent profiter d’une situation qui s’apparente, par de nombreux aspects, à une version capitaliste de la faillite du système collectiviste soviétique ou à celui hérité de Mao fin 1989
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Epargne
Magie noire ! L'or s'envole à l'approche des quatre sorcières !
par Philippe Béchade 18 septembre 2008Puisque rien de ce qui fait les gros titres de la presse et des journaux télévisés ne saurait vous surprendre, nous allons nous employer à tracer les contours du futur chaotique qui se dessine sur les marchés et nous demander si des opportunités ne mériteraient pas d’être saisies
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Cela ne fait aucun doute : la faillite de Lehman va en entraîner d’autres. Alan Greenspan, qui est le mieux placé pour évaluer les conséquences de l’éclatement de la bulle du crédit qu’il a si activement contribué à créer, accuse maintenant les banquiers — les principaux partenaires de la Fed qui n’a rien vu — d’avoir détourné et perverti le système, sous-entendu, le sien
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Henry Paulson vient d’être incisif au sujet du numéro un mondial de l’assurance AIG. Coupant court aux rumeurs d’intervention du Trésor US et de la Fed pour éviter une faillite retentissante, et alors que tout projet de reprise ou de sauvetage par un chevalier blanc du secteur privé est désormais enterré, il réaffirme que l’argent public n’a pas pour objet de sauver la mise aux entreprises qui se sont fourvoyées sur le marché du crédit