En Bourse, c’est un peu pareil : une fois que l’on a doublé la mise à Hong-Kong en deux ans, triplé la mise en un an à Shanghai, il n’y a plus qu’à ramasser ses jetons et partir en quête d’une nouvelle bulle… et beaucoup de rédacteurs de la Chronique anticipent que ce sera celle du métal précieux puis des mines d’or. Mais la spéculation se montre toujours réticente à jeter son dévolu sur un support qui grimpe pour de bonnes raisons : il est plus difficile d’y orchestrer une spirale haussière car c’est un marché de connaisseurs… alors que pour que les cours s’envolent sans retenue, il faut beaucoup de naïveté, d’exubérance irrationnelle et de réflexes moutonniers.
Philippe Béchade

Philippe Béchade
Rédacteur en chef de « La Chronique Agora » et de « La Lettre des Affranchis », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, Fake News, qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.
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Nous avions conclu notre Chronique de mardi par un clin d’oeil à la flambée des indices boursiers chinois (qui se sont empressé de battre de nouveaux records historiques, avant même que notre texte soit mis en ligne). Nous avions qualifié le miracle boursier quotidien de mascarade orchestrée par des bookmakers de matchs truqués. Une affirmation que nous n’avions pas développée — la place pour exposer nos arguments devenait un peu restreinte compte tenu de la densité des chapitres précédents — mais qui n’avait rien de gratuit. En effet, le G7 (qui se réunira ce week-end) formule déjà des reproches à Pékin concernant la manipulation de sa devise.
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Ah ! Qu’ils étaient rayonnants les visages des commentateurs vendredi soir au moment de la clôture de Wall Street ! Le S&P-500 venait de battre de 5 points son précédent record historique de la mi-juillet, et le Dow Jones effectuait une nouvelle incursion au-delà des 14 100 points (avant d’en reperdre une cinquantaine au cours de la dernière demi-heure). A n’en pas douter, la suite du quatrième trimestre 2007 s’annonçait glorieuse et les angoisses liées à la crise du subprime s’estompaient en même temps que les craintes de voir le marché du travail sombrer dans le sillage des transactions immobilières
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Pour résumer, trois des quatre premières puissances commerciales mondiales s’entendent comme larrons en foire pour propulser l’euro vers des sommets et plomber notre commerce extérieur et notre croissance… Mais à en croire la BCE, l’euro fort, c’est elle et l’inflation maîtrisée, c’est encore elle. Des affirmations qui font sourire alors qu’Alan Greenspan, champion tout catégorie de l’inflation monétaire, via des injections massives de liquidités d’octobre 1998 à janvier 2006, reconnaît — dans son dernier bouquin paru la semaine dernière — que ce sont les faibles coûts de production chinois qui sont à l’origine de la modération mondiale du prix des produits manufacturés.
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Comment les dirigeants, trésoriers, ingénieurs, directeurs des ressources humaines (l’un d’entre eux a engrangé trois millions d’euros de plus-values en vendant ses actions) pouvaient-ils ignorer que le programme accusait un gros retard, et que les pénalités financières prévues dans les contrats négociés avec les compagnies aériennes clientes d’EADS allaient plomber sa rentabilité ?
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Poser comme nous l’avons fait ces derniers jours un diagnostic baissier — sans nuances — sur la foi d’une longue série d’indicateurs économiques pitoyables de part et d’autre de l’Atlantique… alors que la sévérité de la déprime dans le secteur immobilier aux Etats-Unis surprend jusqu’au plus pessimiste des spécialistes de la construction individuelle… et alors que le dollar vient de se désagréger de -6% au cours de l’été… c’était à l’évidence une commettre erreur de débutant.
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Si l’on envisage que la hausse du 1er octobre correspond à une volonté délibérée, à un plan préétabli, nous nous situons alors dans la pure manipulation des cours — et nous assistons à une tentative de substituer une bulle à une autre. Cela afin de générer un sentiment de richesse tout aussi fallacieux et au fondement aussi malsain (du point de vue économique — n’y voyez pas de jugement moral — que le précédent, s’agissant de l’extraction de valeur du patrimoine immobilier qui enferrait les ménages dans le piège de la dette à taux variable. Mais comme pour les narguer, Wall Street entonne son nouvel hymne à la joie : "la nouvelle bulle boursière déboule, laissez-vous emballer !"
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Nous ne prétendons pas être des sinologues avertis, mais tous les amis que nous rencontrons à leur retour de Chine ou du Vietnam nous dressent ce même portrait triomphal d’une partie –nouvellement enrichie — de la population locale : les nouveaux "urbains" des beaux quartiers (ingénieurs, entrepreneurs, négociants…) affichent une formidable confiance dans l’avenir et puisent leur optimisme dans la spectaculaire montée en puissance de la demande intérieure. La Chine et les pays limitrophes succombent à une boulimie de consommation et de dépenses d’équipement.
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Il faisait si gris, si triste, si venteux et humide sur Paris ce mercredi qu’un auteur de romans noirs amateur d’ambiance du style "ombres transies et réverbères sur pavés luisants" disposait de tous les éléments pour parvenir au faîte de son inspiration. Cette journée si automnale, si pluvieusement irlandaise (amical salut à nos lecteurs expatriés à Dublin ou dans le Connemara) se devait d’être ensoleillée par quelque artifice agréable. A défaut de pouvoir retrouver au coin de la rue la chaleureuse ambiance d’un pub où la Guinness chambrée coule à flot, les épargnants français ont pu profiter du vert irlandais en jetant un coup d’oeil au CAC 40
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Je n’imaginais pas que la crise du subprime puisse un jour troubler mon sommeil ! Ou plutôt si… mais seulement dans l’hypothèse — proprement impensable — où, par le jeu d’un extraordinaire prodige, elle ne serait pas survenue ! Heureusement, toutes les dénégations de la Fed, des banquiers de Wall Street et des sherpas de la Maison-Blanche avaient tué le suspens dès le début du mois de mars dernier : nous allions avoir droit à un éclatement de la bulle du crédit, format "grand veneur"… et la contagion n’allait pas tarder à se propager à l’ensemble du système bancaire !
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Je ne vais pas vous imposer un best of de ce débat (d’où il ressort que personne ne s’empresse jamais d’annoncer de mauvaises nouvelles ou de mettre en garde les épargnants… sauf quand un collègue, sortant de sa réserve, vient enfin d’oser s’écrier "le roi est nu"), mais il me paraît intéressant de vous faire part d’un commentaire laconique "hors micro", lancé comme à l’unisson par deux des participants au sujet des retombées de la crise immobilière américaine — et bientôt britannique ou espagnole : "Les auditeurs n’ont encore rien vu". Alors souhaitons simplement qu’ils aient au moins "bien entendu" !
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L’euro est plus fort qu’il ne l’a jamais été. Le citoyen européen devrait se réjouir mais il n’en tirera les bénéfices qu’en allant dépenser ses économies en Amérique du Nord, en Chine ou au Japon (pays dont la devise est indexée sur le billet vert). Compte tenu du prix du billet d’avion et de la "surtaxe kérosène", il faut dépenser au minimum l’équivalent de deux de nos SMIC sur place pour rentabiliser l’opération (ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses).
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Le bon docteur Alan Greenspan se félicite de l’initiative de son successeur — à défaut d’être son fils spirituel — Ben Bernanke d’abaisser les principaux taux directeurs de 50 points. En lisant entre les lignes de ses dernières interventions, nous comprenons que la Fed a peut-être un peu tardé à réagir… qu’elle a manqué de sens de l’anticipation.
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Notre intention première était de rédiger une Chronique aussi délirante que la hausse des bourses mondiales depuis 48 heures… mais la flambée des cours s’intensifiant d’heure en heure, nous avons désormais du mal à suivre ! Faire plus fort que les marchés en ce mercredi 19 septembre, pour paraphraser un vigile repoussant un touriste en bermuda à l’entrée d’une soirée VIP se déroulant un soir d’élection au Fouquet’s… désolé, ça va pas être possible !
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Le meilleur moyen de tuer dans l’œuf tout débat économique, c’est d’administrer une gigantesque claque aux "raisonneurs" et de ne leur laisser d’autre choix que de venir hurler avec les loups, pour éviter de se faire mordre par leurs congénères. La "main invisible" a frappé fort ce mardi — mais nous savons que cette invisibilité n’est que le produit d’un savant artifice : la main de l’illusionniste n’est pas très loin ! Quand le résultat apparaît aussi spectaculaire, c’est qu’il y a un truc !
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La bulle immobilière qui vient d’éclater (c’était inexorable, tant les excès de liquidités ont suscité une spirale haussière insoutenable à plus long terme) devrait se traduire par un ralentissement économique, voire une récession aux Etats-Unis — hypothèse probable à plus de 33%. Vous vous apprêtez déjà à zapper la suite — peu habitués à lire des affirmations aussi péremptoires et catastrophistes dans nos Chroniques… mais retenez votre clic, repoussez doucement votre souris derrière votre clavier et accordez-nous encore quelques secondes d’attention, à défaut d’une confiance aveugle dans les pronostics que vous venez de découvrir.
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Du point de vue de l’investisseur européen, Dublin ne passe pas pour une destination très exotique… mais beaucoup d’institutions financières moins frileuses n’hésitent pas à installer des filiales dans des zones plus sulfureuses. On peut citer par exemple les îles Caïman, les Bahamas, l’île de Man, les Antilles Néerlandaises et autres zones franches échappant à tout contrôle de la part des autorités monétaires et boursières.
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Les participants au Forum de Davos commencent à percevoir qu’il se pose un problème de "soutenabilité" (traduction maladroite du terme anglais sustainability) de la croissance. La course au superflu matériel, qui s’alimente d’une bulle de crédit dans les pays occidentaux, s’accompagne également d’une menace d’explosion sociale — via l’exacerbation des tensions ethniques ou religieuses — dans les pays du sud.