Vous avez le sentiment que cela va mal outre-Atlantique ? La chute de 5% de l’indice de confiance des consommateurs (selon l’enquête bimensuelle du Conference Board) vous donne raison… Et c’est encore pire en ce qui concerne les anticipations relatives au marché du travail : l’indice décroche de 85 vers 80,1, alors que les bons emplois se font rares et les périodes de chômage plus longues.
Philippe Béchade

Philippe Béchade
Rédacteur en chef de « La Chronique Agora » et de « La Lettre des Affranchis », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, Fake News, qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.
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"Monsieur ! Monsieur ! Prenez garde : la mer monte !" – "La quoi ? (voix ensommeillée)… bof, peu importe : j’achète !" ** Cette anecdote humoristique bien connue, avec sa dernière réplique surréaliste, la légende l’attribue à un membre illustre de la famille Rockefeller assoupi sous un cocotier aux Bahamas durant un jour de grande marée. Elle reflète assez bien l’état d’esprit des gérants de hedge funds (ou d’autres véhicules d’épargne collective) tel qu’il ressort des interviews collectées ces derniers jours.
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Connaissez-vous le Fedeuforizens Miraculis ? Il guérit les marchés américains de tous leurs maux : de la faillite d’un LTCM, de la crise des emprunts russes, des déficits budgétaires et commerciaux, de l’éclatement de la bulle du crédit subprime. Il prévient également des risques d’inflation, mais également de déflation, de stagflation (et de tous les autres types de "flation" que nous ne connaissons pas encore).
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Les mouvements boursiers sont comme une succession d’escales : chacun peut choisir d’enrichir son album de souvenirs en effectuant une série de visites à terre. Mais cela accroît d’autant le risque de voir un impondérable interdire de remonter à bord avant que le bateau ne lève l’ancre. Et lorsque le paquebot a pris sa vitesse de croisière, il ne faut pas compter le rattraper en embarquant sur un bateau de pêche ou un zodiac.
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Il faut avouer que cette séance de mardi, pauvre en chiffres macro-économiques, ne fut guère palpitante, à moins de se passionner pour l’analyse des hauts de bilans qui foisonnent depuis une quinzaine de jours. Nous avons du mal à discerner une véritable tendance à la lumière des dernières parutions de résultats trimestriels. Des profits plutôt flatteurs sont souvent éclipsés par des prévisions prudentes concernant le dernier trimestre 2007. Mieux vaut observer les réactions du marché que se fier à sa propre expertise. Les consensus sont souvent biaisés et les manipulations de cours fréquentes, avant les communiqués officiels.
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S’il vous restait encore quelques bribes de "foi du charbonnier" dans l’aspect totalement aléatoire de l’évolution des indices boursiers, dans l’absence de tentative de manipulation des marchés par quelques très gros spécialistes des instruments dérivés (options, warrants, contrats à terme, swaps, etc.), les séances des vendredis 12 et 19 octobre ont de quoi faire chanceler vos convictions.
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Nous avons assisté ce jeudi à un scénario boursier constituant le parfait symétrique de celui observé la veille : une banque américaine (JP Morgan) avait dévoilé mercredi des trimestriels supérieurs aux estimations (une divine surprise en ces temps de crise du subprime !). Cela avait fait bondir le CAC 40 de 0,2% à 0,8% en quelques minutes peu après 13h… Or ce jeudi, l’annonce d’une chute de 32% des profits de Bank of America a fait dévisser le CAC 40 de -0,2% vers -0,9% en moins d’un quart d’heure (peu après 13h10).
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Loin de subir une érosion de ses bénéfices, la banque d’affaires JP Morgan fait état d’un résultat net de 3,4 milliards de dollars au troisième trimestre, contre 3,3 milliards un an plus tôt. Avec un score de 97 cents par action, les profits dépassent très largement le consensus de Wall Street, situé autour de 90 cents… mais en matière de provisions pour créances douteuses, qui fixe les montants ?
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Nous avons été rapidement convaincu que le CAC 40 parviendrait sans trop de difficultés à préserver le support des 5 750 points — même si l’indice affichait jusqu’à 1,2% de repli en milieu d’après-midi et un niveau plancher de 5 739 points dans le sillage d’Alcatel-Lucent. La société a été sévèrement impactée par le profit warning de son concurrent suédois Ericsson (-25% à Stockholm). La moitié des pertes ont été comblées au cours de la dernière heure. Pendant ce temps, Wall Street s’employait à montrer le bon exemple après une entame de séance placée sous le signe d’un petit flight to quality (fuite vers la sécurité) au profit des marchés obligataires.
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L’indifférence des gérants occidentaux face aux records successifs battus consécutivement par le pétrole au cours des quatre dernières séances n’a pas manqué de susciter notre étonnement au cours des précédentes Chroniques. Cette cécité délibérée aurai-elle pris fin ce lundi vers 16h30, alors que le baril débordait les 85,5 $, pulvérisant un nouveau record historique à 86,30 $ en cours de séance ?
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Quel scénario improbable, quel retournement de tendance inopiné, quel retour de bâton ! Après avoir collectivement pulvérisé de nouveaux records absolus et s’être éloignés –définitivement pensait-on — des résistances historiques, les valeurs américaines ont basculé dans le rouge à deux heures de la clôture… C’est le scénario strictement inverse de celui observé mardi soir après les si délectable, si précieuses minutes de la Fed.
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En Bourse, c’est un peu pareil : une fois que l’on a doublé la mise à Hong-Kong en deux ans, triplé la mise en un an à Shanghai, il n’y a plus qu’à ramasser ses jetons et partir en quête d’une nouvelle bulle… et beaucoup de rédacteurs de la Chronique anticipent que ce sera celle du métal précieux puis des mines d’or. Mais la spéculation se montre toujours réticente à jeter son dévolu sur un support qui grimpe pour de bonnes raisons : il est plus difficile d’y orchestrer une spirale haussière car c’est un marché de connaisseurs… alors que pour que les cours s’envolent sans retenue, il faut beaucoup de naïveté, d’exubérance irrationnelle et de réflexes moutonniers.
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Nous avions conclu notre Chronique de mardi par un clin d’oeil à la flambée des indices boursiers chinois (qui se sont empressé de battre de nouveaux records historiques, avant même que notre texte soit mis en ligne). Nous avions qualifié le miracle boursier quotidien de mascarade orchestrée par des bookmakers de matchs truqués. Une affirmation que nous n’avions pas développée — la place pour exposer nos arguments devenait un peu restreinte compte tenu de la densité des chapitres précédents — mais qui n’avait rien de gratuit. En effet, le G7 (qui se réunira ce week-end) formule déjà des reproches à Pékin concernant la manipulation de sa devise.
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Ah ! Qu’ils étaient rayonnants les visages des commentateurs vendredi soir au moment de la clôture de Wall Street ! Le S&P-500 venait de battre de 5 points son précédent record historique de la mi-juillet, et le Dow Jones effectuait une nouvelle incursion au-delà des 14 100 points (avant d’en reperdre une cinquantaine au cours de la dernière demi-heure). A n’en pas douter, la suite du quatrième trimestre 2007 s’annonçait glorieuse et les angoisses liées à la crise du subprime s’estompaient en même temps que les craintes de voir le marché du travail sombrer dans le sillage des transactions immobilières
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Pour résumer, trois des quatre premières puissances commerciales mondiales s’entendent comme larrons en foire pour propulser l’euro vers des sommets et plomber notre commerce extérieur et notre croissance… Mais à en croire la BCE, l’euro fort, c’est elle et l’inflation maîtrisée, c’est encore elle. Des affirmations qui font sourire alors qu’Alan Greenspan, champion tout catégorie de l’inflation monétaire, via des injections massives de liquidités d’octobre 1998 à janvier 2006, reconnaît — dans son dernier bouquin paru la semaine dernière — que ce sont les faibles coûts de production chinois qui sont à l’origine de la modération mondiale du prix des produits manufacturés.
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Comment les dirigeants, trésoriers, ingénieurs, directeurs des ressources humaines (l’un d’entre eux a engrangé trois millions d’euros de plus-values en vendant ses actions) pouvaient-ils ignorer que le programme accusait un gros retard, et que les pénalités financières prévues dans les contrats négociés avec les compagnies aériennes clientes d’EADS allaient plomber sa rentabilité ?
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Poser comme nous l’avons fait ces derniers jours un diagnostic baissier — sans nuances — sur la foi d’une longue série d’indicateurs économiques pitoyables de part et d’autre de l’Atlantique… alors que la sévérité de la déprime dans le secteur immobilier aux Etats-Unis surprend jusqu’au plus pessimiste des spécialistes de la construction individuelle… et alors que le dollar vient de se désagréger de -6% au cours de l’été… c’était à l’évidence une commettre erreur de débutant.
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Si l’on envisage que la hausse du 1er octobre correspond à une volonté délibérée, à un plan préétabli, nous nous situons alors dans la pure manipulation des cours — et nous assistons à une tentative de substituer une bulle à une autre. Cela afin de générer un sentiment de richesse tout aussi fallacieux et au fondement aussi malsain (du point de vue économique — n’y voyez pas de jugement moral — que le précédent, s’agissant de l’extraction de valeur du patrimoine immobilier qui enferrait les ménages dans le piège de la dette à taux variable. Mais comme pour les narguer, Wall Street entonne son nouvel hymne à la joie : "la nouvelle bulle boursière déboule, laissez-vous emballer !"