Nous avons récemment gagné une petite somme — le dividende d’un atelier de menuiserie au Nicaragua. La boutique a été fondée avec un investissement modeste et des ambitions tout aussi limitées. Mais à mesure que le nombre de gens construisant des maisons sur la côte augmentait, il en allait de même pour l’activité.
A présent, nous voilà avec un profit.
La question : que faire de cet argent ?
Acheter des actions ? Des obligations ? Des liquidités ? De l’or ? De l’immobilier ?
Nous allons vous donner tout de suite le fin mot de l’histoire : nous avons décidé d’investir dans un terrain forestier en Virginie.
Mais revenons sur nos pas et examinons les raisons de notre choix.
Nous détenons environ un tiers de notre patrimoine liquide en actions. Il s’agit en partie de recommandations conservatrices, de long terme.
Nous avons un autre petit portefeuille d’ETF boursiers sur des pays spécifiques. L’idée est simple : les entreprises individuelles font faillite. Les pays, rarement. Par conséquent, lorsque tout un marché boursier est éreinté et détesté, il y a de bonnes raisons de penser qu’il va rebondir.
Cette idée provient d’une stratégie popularisée par le gestionnaire de fonds Michael B. O’Higgins.
Nous achetons les marchés les moins chers au monde… et nous attendons.
Pas d’analyse boursière. Pas de théories. Pas de frais d’investissements. Pas de recherches ou de questions sur ce qui va se passer ensuite. La liste actuelle des perdants : Turquie, Malaisie, Mexique, Danemark et Grande-Bretagne.
Une « assurance » en cash
Cette approche ne convient pas à tout le monde.
En effet, tout le monde ne peut pas attendre le long terme. Et à court terme, tout peut arriver. Des marchés épouvantables — comme la Grèce — peuvent devenir encore plus épouvantables.
Par ailleurs, le paysage boursier est morose partout dans le monde.
Les actions sont valorisées pour un monde de taux zéro ou presque — un monde qui ne pourra pas durer encore bien longtemps.
Nous préférerions donc ne pas mettre encore plus d’argent dans les actions.
Les obligations ?
Oubliez ça. Selon nos estimations, le marché haussier obligataire de ces 37 dernières années a atteint son sommet en juillet dernier.
Les obligations de bonne qualité pourraient remonter durant la prochaine crise. Puis elles finiront assassinées par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.
Il faudra des nerfs d’acier pour une telle stratégie.
Les obligations de pacotilles, elles, seront vendues à tour de bras dès que la prochaine crise du crédit commencera.
Impossible de dire quand ou comment, mais à nos yeux, le risque est élevé.
Le cash ?
Un tiers de notre épargne est déjà placé en liquidités — la moitié en dollars US, l’autre moitié en francs suisses.
Détenir des francs suisses est douloureux. Les banques nous facturent un taux d’intérêt négatif. Nous avons l’intention de mettre l’argent ailleurs ; simplement, nous n’avons pas encore décidé où.
Le dollar ?
Le problème, avec le billet vert, c’est que l’inflation des prix à la consommation atteint probablement le double du chiffre officiel… et on dirait que la situation pourrait empirer.
Les récents comptages du MIT — qui collecte quotidiennement 15 millions de prix en ligne — révèlent que les prix prennent jusqu’à +3,6% par an. Près de deux fois le taux officiel.
Difficile à dire, mais nous pourrions perdre entre 2% à 3% par an sur nos détentions en dollars.
Conserver des dollars ne nous embête pas, ceci dit. C’est une forme d’assurance. Si nous avons raison au sujet de la crise qui s’annonce, ils seront le meilleur « investissement » que nous ayons.
Mais plus cette crise met de temps à se déclencher, plus l’assurance nous coûte. Et comme nous le rappelle Voltaire, la devise papier finit toujours par revenir à sa valeur intrinsèque — c’est-à-dire zéro.
Or ou bitcoin ?
L’or est une autre forme d’assurance.
Il représente un tiers de nos investissements liquides.
Nos enfants sont d’avis que l’or est réservé aux vieux croûtons. Ils pensent que les crypto-monnaies comme le bitcoin rendront l’or obsolète. Peut-être ont-ils raison — mais nous préférons attendre que ce soit prouvé.
De plus, lorsque la crise se déclenchera, elle sera probablement accompagnée d’une vaste panne dans le système de traitement électronique de l’argent. Même le réseau électrique et internet pourraient être affectés.
Vous pourriez avoir des millions en bitcoins — mais être dans l’incapacité d’y accéder.
Une pièce d’or confortablement nichée dans votre poche n’a pas besoin de câbles, d’électricité ou de connexion internet.
Mais le métal jaune n’est pas bon marché. Selon nos estimations, il est à peu près au juste prix. En tant qu’assurance, il ne vous coûte rien de plus. Mais en dehors de ce rôle, il ne présente pas de marge de hausse évidente.
Alors quoi ?
Le problème avec les actions, les obligations, le cash et l’or, selon nous, c’est qu’ils n’ont rien d’amusant.
L’immobilier, en revanche…
Oui, il peut être casse-pieds. Oui, on peut perdre beaucoup si l’on n’est pas prudent. Mais l’immobilier peut aussi être un bon moyen de mettre de l’argent à l’abri pour le futur.
Récolter de la richesse
Warren Buffett a expliqué un jour que l’un de ses meilleurs investissements était une ferme dans l’Illinois.
Il n’avait aucune intention précise. Il ne suivait pas les prix agricoles. Il l’a simplement oubliée. Et sa valeur a grimpé.
Les choses ne se passent pas toujours ainsi. Nous avons investi dans une propriété près de San Martìn de les Andes il y a 20 ans environ. Aujourd’hui, elle vaut ce que nous l’avons payée (en dollars nominaux). Pas un sou de plus.
La forêt, en revanche, est généralement un bon investissement dans la catégorie « achetez et oubliez ».
Vous achetez. Vous payez les taxes. Vous engagez un spécialiste pour gérer le terrain. Puis, de nombreuses années plus tard, vous… ou vos enfants… récoltez les arbres.
Dans un rapport de 2010 signé Charlie Curnow, chez Advisor Perspectives :
« Entre 1987 et 2009, la mesure la plus commune de la performance de la forêt en tant que classe d’actif — l’indice forestier du National Council of Real Estate Investment Fiduciaries, qui suit un large éventail de propriétés forestières acquises sur le marché privé uniquement dans un but d’investissement — a engendré un rendement annuel composé de plus de 14%. Le S&P 500, en comparaison, a rapporté environ 9,4% sur la même période ».
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Qui plus est, si l’on achète au bon endroit, on peut décider d’utiliser sa propriété forestière pour d’autres desseins.
Dans notre cas, nous avons payé plus que de raison pour de la forêt « pure ». Mais l’emplacement était crucial. Le terrain que nous avons acheté se trouve à une demi-heure de Charlottesville, une charmante ville universitaire.
Il se trouve aussi à une demi-heure de route de chez notre soeur, et tout près de la maison de notre frère.
Alors que nous envisageons la dernière partie de notre vie, nous pensons… peut-être… que nous nous construirons un petit bungalow près du reste de la famille.
Je désherberai le jardin… tandis qu’Elizabeth tricotera près de la cheminée…
Nous ferons sauter nos petits-enfants sur nos genoux…
… Nous chanterons nuit et jour…
… Et nous encaisserons les chèques de retraite que nous versera l’Etat.
1 commentaire
Bonjour Mr Bonner,
Avant tout, merci pour votre article, dans lequel je me suis souvent reconnu, et qui ouvre également certaines perspectives intéressantes.
J’aimerais vous soumettre un levier d’investissement original, qui permet également d’allier l’utile à l’agréable : l’automobile de collection.
Ici en France (mais également chez vous aussi, je suppose), certaines automobiles »bien choisies » permettent un rendement de 20% par an.
C’est un marché extrêmement dynamique depuis 10 ans, et il ne montre aucun signe d’essoufflement , car considéré comme une véritable valeur refuge » parallèle ».
Elles ne nécessitent qu’un lieu de stockage et l’assurance.
À ma connaissance, ce placement ne dépend pas directement des fluctuations des marchés plus conventionnels… c’est tangible, palpable, concret, disponible… et agréable.
Bien cordialement.
Sébastien