▪ La perception de la tendance — positive ou négative — tient parfois à peu de choses. Les chartistes sont bien obligés d’admettre que pour la bourse de Paris, c’est du rouge sur la semaine écoulée… ce qui induit un pronostic plutôt baissier pour l’immédiat après-élection.
Le CAC 40 a bien tenté de terminer la semaine au-dessus des 3 189 points (cours de clôture du vendredi 13). Cependant, avec +0,46% et un score final de 3 188,5, il a manqué moins de… un point d’indice pour échapper à une cinquième semaine de repli consécutif, à 3 185 (score hebdomadaire de -0,02%).
Beaucoup d’opérateurs s’attendaient à ce que le marché parisien connaisse de nouveaux déboires. En effet, l’écart de rendement entre la France et l’Allemagne sur les taux à 10 ans s’est creusé d’une quarantaine de points de base en un mois, pour culminer vers 135 points à la veille du week-end.
Fort heureusement, le CAC 40 n’a pas connu de pic de volatilité, ni même des écarts techniques supérieures à 0,2 ou 0,3% au cours de la demi-heure précédent l’expiration des options sur indice échéance avril. Le CAC 40 était tout simplement inchangé à 16h.
▪ Une rumeur dont les effets se sont fait sentir…
Il faut se rappeler que question volatilité, les opérateurs avaient été servis la veille, avec la rumeur (de type boule puante) de dégradation de la note de la dette française — hypothèse à laquelle les cambistes n’ont jamais cru.
Les traders sur actions manifestaient en revanche une ferme de volonté d’appuyer le plus possible à la baisse sur le CAC 40. Il a effectué vendredi matin un double test symbolique des 3 160 points (cours de clôture au 30/12/2011), avant de se redresser sans conviction jusque vers 3 200 points à l’heure du déjeuner.
Une semaine après l’Euro-Stoxx 50, cette séance de vendredi a remis les compteurs annuels à zéro pour le marché parisien. Au final, trois mois et demi pour rien et de nombreux titres qui inscrivent de nouveaux planchers historiques — notamment EDF, Crédit Agricole et Peugeot. Ce dernier s’effondre de 31% depuis le 20 mars dernier, à tel point que sa participation majoritaire dans l’équipementier Faurecia est comptée pour zéro !
Lourde correction pour les bancaires également : -25% en moyenne sur cinq semaines. De façon plus surprenante, jeu de massacre sur les valeurs de rendement, qui étaient déjà largement délaissées depuis le début de l’année (EDF perd 18% en un mois, Véolia et Vinci -14,5%, France Télécom -13,4%, Total -12,5%).
Sur le mois écoulé depuis le 20 mars, seuls Danone (+1,15%), Technip (+1,3%) et L’Oréal (+3,9%) affichent une performance positive. Ils inscrivent au passage de nouveaux records absolus, comme s’il s’agissait d’un simple arbitrage au détriment des grands perdants du mois, ce qui n’est guère éloigné de notre conviction.
▪ Un peu mieux sur les autres marchés
Les investisseurs ont manifestement snobé les valeurs françaises à la veille d’un week-end électoral qui ne recèle pourtant pas grand suspense d’après les derniers sondages. Il n’est pas certain que certaines manifestations de dépit ou de peurs viscérales constituent une stratégie appropriée.
Cette attitude explique sans doute pourquoi le CAC 40 a fini en queue de peloton sur le Vieux Continent, alors que Londres et Francfort affichaient respectivement +0,5% et +1,2%, Milan +0,8% et Madrid un peu plus de +2%.
L’Euro-Stoxx 50 finit d’ailleurs la semaine sur une note globalement positive (+0,86%) grâce au rebond de 1,16% survenu vendredi… Cependant, il lui manque encore 0,23% pour repasser dans le vert par rapport au 1er janvier.
A Wall Street, les mauvais chiffres de la semaine (emploi, immobilier, activité industrielle… tout était mauvais) ont été vite oubliés vendredi. Les acheteurs sont restés bien présents en cette journée des « Trois sorcières » : le Dow Jones se repositionnait très nettement au-dessus des 13 000 points. Le S&P et le Nasdaq, quant à eux, effaçaient d’entrée de jeu l’intégralité des pertes de la veille, au prétexte que les résultats des entreprises s’avèrent huit fois sur 10 supérieurs aux estimations.
Cette grosse ficelle est usée jusqu’à la trame : les trimestriels sont systématiquement sous-estimés de 5 à 10% pour ménager un effet d’aubaine. Les cours ne progressent en effet que lorsque les objectifs sont largement débordés ; ce ne sont donc pas 80% des titres qui réagissent de façon positive mais tout au plus une grosse moitié.
▪ Apple à surveiller de près
Apple qui n’a encore rien annoncé rechute sous les 575 $ et se retrouve désormais à 10% de ses sommets historiques. L’opérateur de téléphonie mobile Verizon dévoile une chute assez alarmante des ventes d’iPhone et d’iPad au profit de tablettes et de smartphones moins onéreux.
Les analystes qui ont produit des études prédisant un cours de 900 $ à 1 001 $ d’ici fin 2013 ont dû s’imaginer qu’Apple n’allait cesser d’accroître sa part de marché dans son jardin des Hespérides planétaire et connaître une croissance aussi exponentielle qu’éternelle. Il est vrai que son rival Nokia est mal en point (pratiquement un milliard de pertes au premier trimestre) et que Research in Motion (Blackberry) ne se porte pas mieux.
Nous maintenons fermement notre opinion selon laquelle la correction d’Apple finira par avoir raison de la tendance positive à Wall Street d’ici la fin du premier semestre 2012… Mais cela ne garantit nullement que l’écart de performance qui vient de se creuser de façon très spectaculaire ces cinq dernières semaines (de l’ordre de 10%) se comblera avant la fin de l’année.
Les indices américains affichent des niveaux de valorisation intenables, sauf en continuant de regarder dans le rétroviseur des neuf derniers mois — les Etats-Unis ayant peu souffert de la crise grecque depuis juillet 2011 –, et le scénario d’une tension des taux sur fond de résurgence des pressions inflationnistes a été largement sous-évalué aux Etats-Unis.
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