Les marchés sont étrangement calmes…
Avec tant de tendances et de faits émoustillants, on pourrait s’attendre à un peu plus d’action.
En l’occurrence, la grande vague de ventes du début de l’année semble incomplète — une sorte de préliminaires financiers, sans les ravages d’un vrai marché baissier.
Que faut-il en penser ?
Une chose est certaine : il n’y a toujours pas de reprise.
Pour commencer, les estimations de PER pour le premier trimestre chutent rapidement. Sur le S&P 500, ils ont déjà diminué de 8% par rapport à l’année précédente. Quelle sorte de « reprise » rend les entreprises moins profitables ?
Une telle chose est possible — mais ce n’est pas ça…
Une véritable reprise augmente la demande de main-d’oeuvre, ce qui entraîne des salaires plus élevés. De sorte que les entreprises enregistrent plus de ventes, mais des marges plus faibles.
Les ventes n’augmentent pas. Elles sont faibles ou en baisse. Les salaires aussi |
Ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui. Les ventes n’augmentent pas. Elles sont faibles ou en baisse. Les salaires aussi.
Pourtant, le Dow Jones a repris du terrain…
Cela plante le décor, pour les investisseurs, de ce qui sera soit l’un des krachs les plus énormes (et les plus anticipés) de tous les temps… soit une surprise de plus pour nous autres pauvres baissiers.
Des valorisations insensées
Nous continuons de penser qu’on ne peut pas construire de réelle richesse sur une base de monnaie factice.
Maintenant que les profits des entreprises chutent et que la récession se profile… le Jour du Jugement n’est sûrement plus très loin.
Nous allons enfin pouvoir relever la tête et dire : « vous voyez, nous avions raison ! »
Et lorsque ça se produira — comme ça ne peut qu’arriver tôt ou tard (c’est du moins ce que nous ne cessons de nous répéter… en espérant que ça se produise tant que nous avons encore toute notre tête) — ce sera l’enfer. Parce que certaines des actions les plus populaires s’échangent aux valorisations les plus cinglées, givrées, siphonnées de l’histoire des marchés.
Rappelez-vous que notre but n’est pas d’être plus intelligent que les autres investisseurs. C’est simplement — modestement — de n’être pas aussi bête. Nous n’avons pas à trouver les meilleurs investissements au meilleur moment. Nous voulons simplement éviter les pires investissements au pire moment.
Netflix, le service de streaming de films et de séries en ligne, doit faire partie de cette dernière catégorie. Son PER actuel est de 317. En d’autres termes, les investisseurs paient 317 $ pour chaque dollar de bénéfices annuels.
Le géant de la vente en ligne Amazon — que nous avions baptisé il y a longtemps « la Rivière sans retour » — est pire encore.
Allez-y. Achetez le titre. Si les choses continuent comme actuellement et que l’entreprise versait 100% de ses revenus en dividendes, vous récupéreriez votre argent dans 450 ans.
Les bénéfices d’Amazon devraient dépasser les 26 milliards de dollars (selon nos calculs de tête) pour justifier le cours actuel de la valeur |
Pour dire les choses autrement : les bénéfices d’Amazon devraient dépasser les 26 milliards de dollars (selon nos calculs de tête) pour justifier le cours actuel de la valeur.
Il y a plus de chances que vous perdiez entre 95% et 100% de votre argent tandis que les prix rejoignent des niveaux plus raisonnables.
On frôle la folie furieuse
Ce n’est pas la première fois que les marchés frôlent ainsi la folie. Dans les années 60 et 70, des valeurs comme Xerox et Avon faisaient partie des favoris.
Le marché dans son ensemble n’allait pas bien. Mais les investisseurs pensaient pouvoir se contenter d’acheter quelques-unes des 50 plus grosses valeurs listées sur la place new-yorkaise… puis croiser les bras en attendant que les profits arrivent.
Peu importait que nombre de ces valeurs aient des PER vertigineux. On pensait que ces valeurs domineraient l’économie pour les décennies à venir.
Qu’est-il arrivé à Avon et Xerox ?
Xerox cotait 25 $ en 1972.
C’est aujourd’hui une valeur à 10 $.
Avon s’échangeait aux alentours des 9 $ en 1972.
Aujourd’hui, elle est à 4 $.
Pas mal, comme perspective d’avenir, non ?
Amazon à 280 $ en 2060 !