▪ Avec ma collègue Claire Diaz, de Protection & Rendements, nous échangeons chaque matin les nouvelles.
« Le nombre de suicides a doublé en Grèce. Et il devient de plus en plus difficile de trouver des médicaments en pharmacie », dit l’une.
« Ca y est, le taux des obligations d’Etat a dépassé les 7% en Italie », dit l’autre.
« Si rien ne change, l’Espagne n’a plus que trois semaines avant d’être incapable de payer ses retraites », rétorque Claire.
Un petit silence.
« Quand on y réfléchit, c’est la même chose en France ».
Silence à nouveau.
Oui, cher lecteur, il y a de quoi vous couper le sifflet — et pourtant, c’est vrai : la seule chose qui sépare la France de l’Espagne et autres pays du « Club méditerranée », c’est le reste de confiance que lui accordent les prêteurs internationaux.
Pour le reste, nous n’avons rien à leur envier : la dette publique est à 89% du PIB au premier trimestre 2012, soit une hausse de plus de 72 milliards d’euros par rapport à fin 2012… le chômage est en hausse depuis 13 mois… et les caisses sont irrémédiablement vides, qu’il s’agisse de la retraite, de la Sécurité sociale ou de tout le reste.
Bref, nous dépendons de la dette pour continuer à fonctionner.
« Mais », me répondront certains, « la France a une industrie, le secteur du luxe, le tourisme »… et autres bonnes paroles destinées à prouver que la France reste un pays avec lequel il faut compter… d’ailleurs le couple franco-allemand continue d’être la locomotive de l’Europe, et ainsi de suite.
Voulez-vous que je vous dise, cher lecteur ? Si c’est ça la locomotive de l’Europe, le train ne nous emmènera plus très loin. On peut célébrer autant qu’on veut les accords européens mis en place cette semaine, les étapes franchies vers une meilleure intégration bancaire européenne, etc., ce n’est pas parce que « chez nous c’est moins pire qu’ailleurs »… que ça va bien pour autant.
Philippe Béchade le disait il y a quelques jours :
« […] la presse populiste allemande nous chambre en faisant référence à notre équipe de France où les joueurs semblent plus acharnés à se nuire les uns les autres qu’à poser des problèmes à l’équipe adverse… et pointe du doigt une guerre des egos. En d’autres termes, la France excelle à se faire mousser durant l’avant-match mais n’apporte aucune solution valable sur le terrain ».
« La croissance ne se décrète pas », continue Philippe. « L’équipe d’Europe a besoin de cohésion, pas d’une brochette de stars, brillantes individuellement mais incapables de construire une action qui aille jusqu’au but. L’Allemagne semble miser sur le tout défensif, ce qui inquiète les Etats-Unis au plus haut point. Ce système de jeu se solde par un fiasco face à des marchés qui multiplient les contre-attaques éclairs et mettent la Zone euro en danger à l’issue de chacune de leurs offensives ».
Nos gouvernants continuent de croire que le remède à la crise actuelle consiste à faire tourner la planche à billets ; hors la croissance, point de salut, pensent-ils. Et s’ils se trompaient ?
Qu’en pensez-vous, cher lecteur ?
Le PIB reste-t-il l’étalon sur lequel nous devons tout baser, de la politique à la fiscalité ? Quelles autres pistes voyez-vous pour sortir l’économie de l’ornière… et, à vrai dire, faut-il la sortir de l’ornière ?
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora
4 commentaires
Chère Françoise,
Pour répondre à votre question, je vous cite : » Quelles autres pistes voyez-vous pour sortir l’économie de l’ornière ? », la seule solution pour sortir de ces crises systémiques à répétition (plus de 200 ces dernières décennies) est de créer de nouvelles monnaies complémentaires , selon Bernard Lietaer, l’un des meilleurs spécialistes de la monnaie*.
C’est ce qui a permis à la Suisse d’être le pays le plus stable du monde avec le WIR, depuis 1934.
Un autre point que vont demander les citoyens dans les mois et années à venir est un audit des dettes souveraines pour savoir la légalité des opérations réalisées comme l’ont fait certains pays d’Amérique du Sud. Cela pourrait réserver quelques surprises.
Le système bancaire mis en place par les banques centrales et commerciales (on retrouve parfois les mêmes acteurs dans l’actionnariat de certaines banques centrales à capitaux privés comme la FED et les banques commerciales) semble bien devenu obsolète. Comment construire une économie saine sur un système fondé sur l’argent de dette avec des intérêts qui n’ont jamais été créés avec les crédits consentis, pourraient se demander nombre de citoyens qui s’éveillent à la réalité de la finance (que votre équipe de journalistes décrivent très bien, d’ailleurs) ?
Les nations vont se retourner contre les prédateurs de l’économie réelle, si la fête des banquiers et spéculateurs continue et nous devrions assister durant cet été aux 5 facteurs convergents décrits par le LEAP 2020 et la prise de conscience grandissante des citoyens-contribuables en dernier ressort que les populations ne veulent plus être, pour les prédateurs de l’économie réelle, qui pour rappel représente 2% des échanges financiers dans le monde pour les produits et services que nous consommons et pour 98% sont des échanges spéculatifs et parfois virtuels, non réels, falsifiées… ‘je vous laisse avec vos lecteurs, le soin de compléter, si nécessaire.
Le monde a t’il besoin de (tels) financiers et banquiers, prédateurs, pour son économie réelle ?
La question est posée par nombre de personnes, les citoyens et acteurs économiques et sociaux vont certainement y répondre prochainement.
Leur(s) solution(s) sera ou seront très intéressantes à observer !
Cordialement,
Daniel Maniscalco
[…] eu la preuve la semaine dernière, avec les nombreuses réponses que j’ai reçues suite à la Chronique du 30 juin, où je vous demandais votre opinion sur les moyens de sortir de la […]
Bravo pour votre analyse du problème et pour votre appel à une solution réelle. Vous trouverez celle-ci sur la page http://dbloud.free.fr/limposturemonetaire.htm qui dénonce 2 impostures fondamentales: 1) l’article 123 du Traité de Lisbonne qui interdit aux banques centrales des pays signataires de remplir leur fonction régalienne de création monétaire (comme le faisait la Banque de France avant la loi du 3 janvier 1973); 2) la confusion, sous le terme vague d' »argent », de 2 masses monétaires totalement différentes : d’une part les dépôts ou fonds propres (M2, argent-travail) et d’autre part la monnaie scripturale des crédits (M3, argent-dette), créés ex nihilo par les banques. Le seul prix Nobel (1988) français, feu Maurice Allais, considérait « qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre le métier de banquier et celui de faux-monnayeur ». Merci de votre attention à cette mise au point fondamentale.
Denis Bloud
peut être que la locomotive est belle, mais ce sont les wagons qui la poussent !!