▪ Le salon du Bourget est chaque année l’occasion pour les industriels, les hommes politiques et les commentateurs de la vie économique de respirer un grand bol d’air. L’aéronautique fait partie de ces rares secteurs dont l’Europe peut être fière, parce qu’il illustre la capacité des Européens à créer ensemble et l’intelligence dont peut faire preuve la puissance publique.
Le premier vol de l’A350, dernier né des hangars d’Airbus, n’a pas échappé à la règle, et a été l’occasion d’une célébration en bonne et due forme. Une des clefs du succès de l’A350 est son attachement aux canons environnementaux. Cet avion de ligne a réduit son volume sonore au minimum, et ne strie plus le ciel d’une épaisse fumée blanche… au point qu’il pourrait être difficile de distinguer de loin le vol d’une grue cendrée d’un vol d’A530.
Niveau consommation de carburant en particulier, ce modèle devrait consommer 6% de moins que son concurrent direct le Boeing 787, et 25% de moins que le 777. Ses émissions de CO2 sont également réduites de 25%.
Amorcer un virage vert pour l’aéronautique est fondamental, tant ce secteur est un des principaux pollueurs de la planète. Le transport aérien consomme à lui seul 300 milliards de litres de kérosène chaque année, soit 6% de la production pétrolière mondiale. Il est responsable de 2% et 3% des émissions de CO2 dans le monde.
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Le succès de l’A350 dans ce domaine n’est que le début d’une tendance plus profonde qui va amener les avions à voler plus vert. Or ce virage ne pourra pas se faire qu’à travers la technologie. Je vous propose de regarder d’un peu plus près trois options envisagées par les constructeurs aéronautiques pour réduire la consommation de leurs appareils.
▪ Le vol en formation
Lors du salon aéronautique ILA de Berlin de septembre 2012, le site Enerzine est revenu sur la publication d’Airbus intitulée "The Future by Airbus". Selon le constructeur européen, l’optimisation des modes de pilotage pourrait faire économiser de précieux litres de kérosène. Ainsi si le système de gestion du trafic aérien (ATM) et les technologies embarquées étaient optimisés, Airbus estime que la durée des vols entre l’Europe et les Etats-Unis pourrait être réduite de 13 minutes. Ce n’est pas moins de neuf millions de tonnes de carburant qui pourraient être économisées, soit 1,5 milliard de dollars.
Côté conduite, les grands constructeurs se préparent à produire des avions plus intelligents, capable de "s’organiser entre eux" en tirant partis des conditions météorologiques et atmosphériques. Une des pistes explorées serait d’organiser des vols en groupe sur les lignes les plus fréquentées, tel un vol de grues cendrées, afin de réduire la consommation.
▪ Les nouveaux matériaux
Un des grands atouts de l’A350 est d’être construit à base de matériaux composites. Ces matériaux affichent plusieurs avantages face aux métaux comme l’aluminium, comme une rigidité plus élevée, d’excellentes caractéristiques mécaniques, et une excellente résistance à la fatigue et à la corrosion.
Toutefois cette concurrence a amené le secteur de l’aluminium à relever le défi, et à produire de nouveaux alliages à base de titane et de lithium. La guerre des matériaux n’est pas finie, et l’arrivée de nouveaux alliages devrait permettre de réduire encore davantage la consommation des avions.
▪ Un carburant alternatif
Les pistes de carburants alternatifs sont nombreuses ; le plus dur est de savoir lequel sera le plus efficace. Pour l’instant, les principales avancées concernent l’électrification. L’électricité est désormais la principale source d’énergie lorsque les avions sont au sol. Le circuit électrique fait également fonctionner la cabine, en remplacement des circuits hydrauliques.
La vraie révolution interviendra toutefois lorsque le kérosène aura été remplacé par un carburant vert. Bien entendu, le modèle de Solar Impulse fait partie de ces prototypes qui donnent l’impression de toucher du doigt une révolution industrielle. L’avion Solar Impulse ne fonctionne qu’à l’énergie solaire. Toutefois il ne s’agit encore que d’un prototype, difficilement généralisable.
En attendant, les avionneurs testent différents type de carburant. Airbus s’est associé avec Air Canada, BioFuelNet Canada et l’université McGill de Montréal pour tester des agrocarburants issus d’oléagineux non alimentaires génétiquement modifiés.
De son côté Boeing s’est associé avec le constructeur chinois COMAC pour étudier l’opportunité d’utiliser des huiles de cuisson usagées. En juin 2012, la compagnie néerlandaise KLM avait effectué un vol avec 20% de ces huiles comme carburants.
▪ Mon conseil
L’aéronautique est une mine d’opportunités pour les investisseurs spécialisés dans les matières premières. Que ce soit dans de nouveaux matériaux, des spécialistes des économies d’énergie, ou des biocarburants, l’aéronautique est un secteur à surveiller pour nous, investisseur des matières premières. Rappelez-vous, Boeing estime que la flotte d’avions aura doublé entre 2009 et 2020.