▪ « Les Etats-Unis sont en route pour l’enfer », avons-nous annoncé à un groupe d’Américains cette semaine.
« Vous voulez dire que l’économie va vraiment empirer, hein ? »
« Non, je veux dire qu’elle va aller en enfer ».
Nous avions été invité à regarder le discours sur l’Etat de l’Union avec un groupe de dinosaures… un groupe qui envisage son extinction avec dignité et intelligence. On pourrait les appeler des « conservateurs qui pensent », des « paléo-conservateurs » ou des « constitutionnalistes ». Quoi qu’il en soit, ils n’ont rien à voir avec les canailles qui sont en campagne actuellement pour la nomination républicaine, ni avec les cinglés qui votent pour eux. Ils sont plus comme un groupe de renégats… qui s’accrochent à l’espoir que les Etats-Unis retrouvent leurs esprits… que la Constitution soit à nouveau honorée… et que l’ancienne république américaine établie par les pères fondateurs soit ressuscitée.
« Mais comment ça ? »
« Je veux dire qu’elle va aller en enfer. Il ne s’agit pas uniquement de pertes financières. Les Etats-Unis vont faire faillite. Mais on peut faire faillite avec honneur. Des gens bien font faillite. Des gens intelligents font faillite. Des gens bêtes font faillite. On ne peut pas aller en enfer avec honneur. Ce sont les personnes mauvaises qui vont en enfer ».
« Etes-vous en train de dire que les Américains sont mauvais ? »
« Pas par nature. Personne n’est mauvais par nature. Même les républicains ne sont pas mauvais par nature. Ni bons, d’ailleurs. Ils sont tous soumis à influence. Les Américains sont ensorcelés… influencés de manière à commettre des choses terribles »…
▪ « Réaménager » le capitalisme ?
Ce même jour, on apprenait que Mitt Romney, candidat républicain, payait moins de 14% d’impôt sur ses revenus.
14% nous semble plus qu’assez. Les serfs du Moyen Age payaient moins. Mais ça ne suffit pas au gouvernement. Il en veut plus. Et tous les zombies qui décident des élections en veulent plus eux aussi. « Les riches » devraient payer plus, disent-ils.
Même les riches eux-mêmes semblent être de cet avis. Nous avons lu un article selon lequel un groupe de très gentils milliardaires s’est réuni dans un endroit franchement frisquet et a suggéré qu’ils devraient tous payer plus d’impôts.
« Le milliardaire ukrainien Victor Pinchuk veut parler d’inégalité des revenus. Idem pour le milliardaire irlandais Denis O’Brien et le milliardaire indien Vikas Oberoi ».
« Ces trois personnes font partie d’un contingent d’au moins 70 milliardaires se joignant à plus de 2 500 dirigeants économiques et politiques pour la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, cette semaine, selon une liste de participants et des documents promotionnels obtenus par Bloomberg News. Une demi-douzaine des participants les plus riches, interrogés avant la conférence, déclarent qu’il faut s’attaquer aux disparités économiques ».
« Certaines sessions […] aborderont la question de l’inégalité des revenus, a déclaré Kevin Steinberg, responsable du Forum aux Etats-Unis. Un panel appelé ‘Réaménager le capitalisme’ est prévu pour le 27 janvier […] ».
Là, vous voyez ! Un groupe de personnes à Davos va trouver comment « réaménager le capitalisme ». Jetons les vieux meubles en rotin, dehors les coussins en chintz. Devenons contemporains !
Il y a déjà un problème. Si on pense pouvoir réaménager le capitalisme, c’est le signe qu’on est déjà complètement perdu. On part du principe que quelqu’un l’a aménagé à la base. Qui ? Quand ? Comment ?
Le fait est que le capitalisme, c’est ce qu’on obtient quand on n’a pas de maître d’oeuvre. C’est ce qui arrive quand les autorités n’interviennent pas. C’est ce qu’on a quand on laisse les gens élaborer leurs propres modèles, l’un après l’autre, volontairement… sans pistolet appuyé contre la tempe… Quand ils peuvent gagner de l’argent ou faire faillite eux-mêmes… et que l’Etat ne s’en mêle pas.
C’est bien le problème avec Davos. Ce sont tous des empêcheurs de tourner en rond. Ce sont tous de bonnes âmes qui veulent améliorer l’état du monde… et qui, en réalité, l’aggravent.
6 commentaires
J’adore Bill Bonner et ses clins d’oeil malicieux.
Mais cette fois, il aurait pu aller plus loin et dire que les milliardaires qui réclament de payer plus d’impôts sont des victimes typiques du syndrome de Stockholm. Ayant créé des richesses, ils devraient savoir que leur argent fructifiera mieux entre leurs mains que dans celles de n’importe quel énarque ou fonctionnaire, pour le plus grand bien de la collectivité. Eh bien non, après un bon lavage de cerveau, ils ont honte d’être eux-mêmes, ils prennent le parti de leurs racketteurs et leur trouvent des charmes inattendus. C’est ça le syndrome de Stockholm !
Dans le registre des Républicains intelligents, Bill aurait pu nous citer Ron Paul. Il dit le vrai depuis 40 ans et réclame le respect de la constitution. Il est bien le seul mais quel courage !
La question de l’impôt, et du niveau qualifié de juste de cet impôt revêt des facettes bien opposées.
D’une part, l’histoire montre que l’argent va à l’argent, que les riches s’enrichissent beaucoup plus que les pauvres, hormis quelques cas exceptionnels qui ne méritent pas d’entrer dans des arguments à usage de démonstration. Il est, donc, humain de mettre en place des dispositifs de régulation, pour permettre aux plus pauvres de vivre dans des conditions décentes, par rapport à leurs congénères. L’intelligence (la faculté d’adaptation) et la chance ne sont pas partagées dans ce bas monde.
D’autre part, l’impôt et son usage sont définis et gérés par une catégorie de gens à qui nous avons délégué notre pouvoir dans le cadre d’une démocratie. Mais la démocratie ne fonctionne bien que si le panel de choix au moment de faire ce choix est suffisamment large, et si les gens à qui nous donnons mandat pour nous représenter, d’une part ne nous trahissent pas une fois élus, d’autre part ne sont pas des professionnels du cercle des hommes de pouvoir, auquel cas ils sont vite déconnectés de nos aspirations et finissent rapidement par n’avoir comme seul centre d’intérêt que leurs petites luttes internes.
Aussi, le premier argument milite pour de l’impôt, mais le second pour le moins d’impôt possible, qui ne profite pour l’essentiel qu’à nourrir des dirigeants zombies.
Notre démocratie est malade. Mais ce fonctionnement est peut-être inhérent à la démocratie même, dès lors que les rênes sont accaparées par une classe de professionnels.
Tous cela c’est de la manipulation. Ce qu’on oublie de dire c’est qu’un millionaire taxé sur ses dividendes a 15 % est prealablement taxe sur l’impot de société, ce qui est d’ailleurs scandaleux car cela reviens a etre taxé deux fois. Si la société dont je suis actionnaires paye des impots, ce n’est pas normale que je doivent encore payer pour beneficier de cet argent deja taxé.
Aussi c’est facile pour un type comme Warren Buffett, qui ne sait pas quoi faire de son argent de tenir ce type de discours.
Déja je remercie bill bonner pour ses articles.
Je vais vous donner l’avis d’un simple gaillard comme on en croise tous les jours. Pour moi le problème c’est qu’on ne crée plus de richesse et beaucoup trop de paperasse et beaucoup trop d’emploi de soit-disant technobureaucrates. A côté de cela, les politiques et les banquiers dominent le monde.
Mais je pense qu’on va bientôt remettre les pendules à l’heure et gare à celui qui ne se sera pas préparé.
Personnellement avec ma famille je me prépare bien tous les jours j’avance, j’entends par là autonomie, assurer mon manger, être bien au chaud et à l’abri avec mes bêtes et un coin de terre
et j’attends que le système se casse la gueule et qu’il en crève, tchao
C’est nous, les citoyens « d’en bas », qui sommes victimes du syndrome de Stockholm : les plus riches ne cessent de s’enrichir démesuremment depuis des dizaines d’années; le résultat est toujours plus de crises, que l’on soigne à coup de toujours plus de dérégulation, et toujours moins d’impôts, toujours plus de chômage et de précarité. L’évidence crève les yeux, le capitalisme, le plus mauvais système économique à l’exception de tous les autres, a d’ores et déjà accouché d’un « méta-capitalisme » d’obédience financière, dont la cupidité absolue est la référence ultime. Il est certainement trop tard pour éviter l’enfer dont parle M. Bonner, et dans lequel nous allons tous plonger à la suite de l’Amérique.
Après ces décennies de prospérité et de richesse, plus personne de nos jours ne sait ce que cela signifie de vivre dans un monde chaotique, un monde « dérégulé » par force, dans lequel il n’y a plus d’Etat et plus de sécurité. Quand cela va arriver, nous regretterons amèrement notre bonne vieille démocratie malade, notre système de société qui brime les riches et favorise soi disant les assistés, et l’Europe, dernier bastion de la civilisation.
« …This ain’t no upwardly mobile freeway…This is the road to hell. »
(« …Ce n’est pas une autoroute de l’échelle sociale… C’est la route de l’Enfer. » )
Paroles de Chris REA – The Road to Hell »
Maintenant avec le poids que prend la Russie et les anti-occidentaux, je pense bien que les Etats-Unis vont « faire faillite » comme vous dites. De plus en plus de personnes sont contre leurs moeurs et critiquent leur façon d’être. On va plus dans l’idéalisme que dans le matérialisme maintenant. Espérons que les dinosaures ne vont pas s’éteindre et que l’Etat retrouve son origine.