En dépit des tensions géopolitiques croissantes et de signaux économiques alarmants, les investisseurs persistent dans un optimisme presque irrationnel au profit notable de la Bourse.
Nous y avons cru jusqu’à 21h40 ce vendredi 9 mai, mais Wall Street a raté la dernière marche, celle qui semblait la plus facile, et les indices américains ont fini la semaine dans le rouge.
Est-ce le résultat d’une négligence, est-ce que cela relève d’un syndrome du « match est plié, on entame le tour d’honneur » alors qu’il reste cinq longues minutes à jouer ? Toujours est-il que l’objectif a été raté pour une poignée de points, alors qu’une 4e semaine de hausse consécutive semblait promise à Wall Street, dans le sillage des places européennes où il n’y a pas eu de suspense.
L’Euro Stoxx 50 a engrangé +0,5% en hebdo et renoué avec ses niveaux du 1er avril, et le DAX 40 a pulvérisé un nouveau record absolu à 23 500 points, s’adjugeant +1,6% sur la semaine.
Alors que le chancelier Merz est confronté à un 10e trimestre de récession, que le nombre d’entreprises allemandes en faillite explose, qu’il ne cesse de faire monter la pression face à la Russie, avec l’appui de la Pologne et du Royaume Uni, et qu’il approuve une escalade militaire et prône l’intensification des frappes sur le sol russe, au risque de s’exposer à une cobelligérance avec Kiev.
Plus aucune nouvelle bonne ou mauvaise ni même un risque de guerre par posture idéologique (et volonté de torpiller les initiatives de Trump pour la paix) n’a de prise sur les investisseurs, qui ont opté pour une approche de type « pensée magique ».
Et la guerre, c’est très bon pour la Bourse de Francfort : la locomotive du DAX 40 s’appelle Rheinmetall et flirte avec les +180% de hausse depuis le 1er janvier, son cours ayant quasiment quadruplé depuis le 4 novembre dernier.
La seconde meilleure performance ne dépasse pas +60% (pour Commerzbank, et oui, bien sûr c’est déjà énorme, surtout vu le nombre d’entreprises germaniques en difficulté, ce dont la presse ne vous dit rien).
C’est donc bel et bien la guerre – et tout ce qui tourne autour – qui dope le DAX 40.
Alors que le chancelier Merz, Emmanuel Macron, Keir Starmer et le n°1 polonais Donald Tusk ont partagé le même wagon dans le train qui les emmenait à Kiev pour réfléchir à cessez-le-feu et à un « plan de paix », tout le monde a bien compris qu’en posant comme préalable la restitution par la Russie des oblasts russophones occupés depuis avril 2022, cette exigence inacceptable du point de vue de Moscou et des habitants de ces régions garantissait une poursuite du conflit sans horizon de temps.
Et c’est la persistance de la menace russe – et d’une guerre à durée indéterminée à nos frontières – qui justifie toutes les folies budgétaires (il faudra bien sacrifier nos retraites au nom de notre « sécurité », c’est toujours la même ficelle des situations d’exception), les dépenses de réarmement à crédit, et des carnets de commande XXL pour les Rheinmetall, Leonardo et BAE Systems.
Car nous assistons avec le marché allemand, et grâce à Rheinmetall, à une succession de séances de hausses (ratio de 80% pour 20% de baisse) et des écarts sans précédent depuis mars 2020 (+25,5% en 20 séances), sans aucun retracement supérieur à -0,8% depuis le 17 avril.
Et ces plus de 25% de gains, les plus rapides de l’histoire des marchés occidentaux (qui font presque apparaître les +21% du Nasdaq depuis le 7 avril comme une banalité) ont été engrangés sans taux directeurs ramenés à zéro, sans « QE-Infinity », sans « all-in » monétaire de la BCE.
Tout ce rallye sans précédent relève de la « pensée magique » et de la conviction que dès que Trump aura ramené les droits de douane à 15% avec la Chine (il veut déjà les réduire de 145% à 80%, soit -65% : encore un coup comme ça et c’est réglé), « l’économie de guerre » à l’européenne est la clé de la prospérité.
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GUERRE ET PAIX
La première guerre dite mondiale est née en Occident (9 millions de morts 21 millions de blessés). La seconde aussi (50-70 millions de morts). Nous assistons en France et dans certains pays d’Europe à une mise en condition des peuples pour les préparer à la guerre. La Guerre contre la Russie.
Au prétexte de la « Démocratie » en Ukraine !
Depuis les années 1950 l’Occident n’a jamais cessé d’intervenir dans de multiples conflits dans le monde entier.
Il y aurait lieu de s’interroger sur les déterminismes idéologiques, politiques, culturels et économiques qui font que l’Occident participe, amplifie et génère des guerres qui impliquent des sociétés qui lui sont différentes ou totalement étrangères.
Des guerres qui causent d’innombrables victimes populaires, au nom du peuple et de la Démocratie.
Et si la « Démocratie » nous conduisait au « Meilleur des Mondes » totalitaire ?
C’est exactement ce qu’ont démontré les régimes communistes, qui se proclamaient des « Démocraties Populaires ».
La même question doit être posée à propos des régimes capitalistes Occidentaux.
« Démocraties Néo-Libérales » ?
La Liberté c’est respecter celle des autres, chez les autres. Surtout quand elle ne correspond pas à vos valeurs.
La Liberté ce n’est pas s’afficher en Statue Universelle qui régenterait le Monde sous prétexte de l’éclairer.
Les « élites » occidentales, notamment européennes, veulent nous habituer à une troisième guerre mondiale. Au nom de la Démocratie bien évidemment. Une démocratie où les peuples mourront, tandis que les « élites » resteront, une fois de plus, bien à l’abri : A Londres, New-York, Paris…