Le système monétaire actuel se dirige vers un effondrement.
De nombreux économistes estiment à tort qu’une économie en croissance nécessite également une augmentation de la masse monétaire, partant du principe que la croissance économique entraîne un accroissement de la demande de monnaie. Ils affirment qu’en l’absence d’une augmentation suffisante de la quantité de monnaie pour faciliter l’augmentation du volume des transactions, une baisse des prix des biens et services serait inévitable, ce qui déstabiliserait le système économique et mènerait à une récession.
Certains commentateurs estime qu’un étalon-or entraîne nécessairement davantage d’instabilité car il ne comporte pas de mécanisme flexible permettant d’harmoniser l’offre et la demande de monnaie. L’idée est que le stock d’or n’augmente pas suffisamment rapidement pour répondre à la demande croissante de monnaie qui résulte du développement des échanges dans l’économie.
Ainsi, pour éviter de nouvelles crises résultant d’une situation de déséquilibre monétaire, la Fed devrait selon eux veiller à synchroniser l’offre et la demande de monnaie. Par conséquent, chaque fois qu’une augmentation de la demande de monnaie se produit, la Fed doit y répondre en créant davantage de monnaie afin de maintenir la stabilité économique.
Etant donné l’impact sur l’économie de la croissance de la masse monétaire, il n’est pas surprenant que les économistes recherchent constamment le taux de croissance « optimal » de celle-ci. Par exemple, le chef de file de l’école monétariste, Milton Friedman, soutenait que la banque centrale devrait fixer le taux de croissance de la masse monétaire et le maintenir à un niveau stable. Selon cette théorie, si un taux fixe d’inflation (par exemple, 3% par an) était maintenu sur une longue période, cela donnerait naissance à une ère de stabilité économique.
L’idée selon laquelle la masse monétaire doit absolument continuer de croître pour alimenter le développement économique repose sur l’illusion selon laquelle la monnaie serait le carburant de l’économie. Selon Rothbard : « La monnaie, en tant que telle, ne peut pas être directement consommée ou utilisée comme moyen de production. La monnaie est donc en elle-même improductive, ce n’est qu’un stock inerte. »
La monnaie ne soutient ni ne finance l’activité économique. Les véritables moyens de subsistance sont l’épargne, l’investissement en capital et l’augmentation de la production de biens de consommation qui en résulte. En remplissant le rôle de moyen d’échange, la monnaie facilite simplement la circulation des biens et services.
Les consommateurs veulent davantage de pouvoir d’achat, et non davantage d’argent
En vérité, ce que souhaitent les consommateurs, ce n’est pas d’avoir plus d’argent dans leurs poches, mais plutôt davantage de pouvoir d’achat. Sur un marché libre, à l’instar des autres biens, le prix de la monnaie est déterminé par l’offre et la demande. Toutes choses égales par ailleurs, une baisse de l’offre de monnaie entraîne une augmentation du pouvoir d’achat de la monnaie. A l’inverse, son pouvoir d’achat diminue en cas d’augmentation de l’offre de monnaie. Dans un marché libre, il n’y a donc pas de pénurie ou de surplus de monnaie possible. Tant que le marché reste libre de se rééquilibrer, aucun déséquilibre durable ne peut se développer.
Selon Mises :
« Etant donné que les mécanismes du marché tendent à fixer le niveau final du pouvoir d’achat de la monnaie de manière à ce que l’offre et la demande de monnaie s’équilibrent, il ne peut jamais y avoir de surplus ou de pénurie de monnaie. Chaque individu et la société dans son ensemble profitent toujours pleinement des avantages qu’ils peuvent tirer de l’échange indirect au travers l’utilisation de la monnaie, peu importe que la quantité totale de monnaie soit grande ou petite… Les services rendus par la monnaie ne peuvent être améliorés ou optimisés en modifiant l’offre de monnaie… La quantité de monnaie disponible dans l’ensemble de l’économie est toujours suffisante pour garantir à chacun tous les avantages découlant de son utilisation. »
Une fois que le marché a sélectionné une marchandise particulière comme monnaie, le stock disponible de cette marchandise sera toujours suffisant pour assurer les services que la monnaie est capable de fournir. Ainsi, dans un marché libre, l’idée même d’un taux de croissance optimal de la masse monétaire est absurde.
Comment les certificats de papier ont remplacé l’or en tant que monnaie
A l’origine, la monnaie papier n’était pas considérée comme de la véritable monnaie, mais simplement comme le symbole d’une certaine quantité d’or (autrement dit un substitut monétaire). Divers certificats en papier en circulation constituaient des créances sur l’or stocké dans les banques. Les détenteurs de ces certificats pouvaient les convertir en or quand ils le jugeaient nécessaire. Parce que les gens trouvaient plus pratique d’utiliser ces certificats en papier pour échanger des biens et des services, ils ont fini par être considérés comme de la monnaie.
Bien que plus pratique, l’utilisation comme moyen d’échange de certificats en papier a ouvert la voie à des activités frauduleuses. Les banques pouvaient être tentées d’augmenter leurs profits en prêtant des certificats non couverts par leurs réserves d’or. Dans une économie de marché libre, une banque qui émettrait des certificats en excès verrait rapidement la valeur d’échange de ses certificats, contre des biens et services, diminuer.
Pour protéger leur pouvoir d’achat, les détenteurs de certificats adossés à une réserve d’or insuffisante émis par la banque tenteront probablement de les convertir en or. Mais s’ils décident tous de demander à récupérer leur or en même temps, cela mènerait la banque à la faillite. Dans une économie de marché libre, la menace de faillite dissuaderait donc les banques d’émettre des certificats non couverts par leurs réserves d’or. Cela implique que, dans une économie de marché libre, la monnaie papier ne peut pas acquérir une « vie propre » et devenir indépendante de la monnaie marchandise.
Cependant, l’Etat peut s’affranchir de la discipline monétaire qu’un marché libre serait obligé de respecter.
Il peut par exemple décréter qu’il est légal pour les banques de ne pas convertir les certificats en or (autrement dit, d’en suspendre le paiement en monnaie métallique). Une fois que les banques n’ont plus l’obligation d’échanger contre de l’or les certificats qui leurs sont remis, des opportunités de profits importants apparaissent, sans conséquences aussi néfaste qu’auparavant. Cela incite les banques à poursuivre une expansion sans limite de l’offre de certificats fiduciaires.
Cette expansion non contrôlée des certificats augmente la probabilité de déclencher une hausse galopante des prix des biens et services, pouvant mener à l’effondrement de l’économie de marché. Pour éviter un tel effondrement, l’offre de certificats doit être contrôlée. Cet objectif peut être atteint en établissant une banque monopolistique (c’est-à-dire une banque centrale en charge de gérer la vitesse d’expansion de l’offre de certificats).
Pour affirmer son autorité, la banque centrale introduit d’abord son propre certificat fiduciaire, qui remplace les certificats des différentes banques commerciales. Le certificat de la banque centrale est essentiellement adossé aux certificats des banques commerciales, qui conservent un lien historique avec l’or (ce qui explique que le pouvoir d’achat de ce certificat continue de se maintenir même après la suppression de l’étalon-or). Le certificat de la banque centrale, qualifié de « monnaie » à cours légal, sert également d’actif de réserve pour les banques. Cela permet à la banque centrale de fixer une limite à l’expansion du crédit par le système bancaire. Le pouvoir d’achat de la « monnaie » émise par la banque centrale repose sur le fait que les divers certificats émis par les banques commerciales, ayant déjà un pouvoir d’achat, doivent être échangés contre le nouveau certificat de la banque centrale à un taux de change fixe.
On pourrait donc avoir l’impression que la banque centrale est capable de gérer et de stabiliser le système monétaire. Cependant, la réalité est tout autre. Pour garder le système sous contrôle, la banque centrale doit constamment créer de la monnaie « ex nihilo » (et donc provoquer de l’inflation) afin d’éviter que certaines banques ne soient à court de liquidités et n’entraînent les autres avec elles dans leur chute. Cela conduit à un déclin régulier du pouvoir d’achat de la monnaie, tout en déformant la structure des prix et l’organisation de la production, ce qui déstabilise l’ensemble du système monétaire.
Le plan adopté par la banque centrale (accroître la masse monétaire à un taux constant ou l’ajuster en fonction de la croissance économique) n’y changera rien. Quelle que soit la façon dont la banque centrale augmente la masse monétaire, ces cycles s’intensifieront inévitablement avec le temps.
Le plan de Milton Friedman consistant à fixer le taux de croissance de la masse monétaire à un niveau constant ne résout pas le problème. En effet, une croissance de la masse monétaire stable reste une croissance de la masse monétaire, ce qui implique que de la monnaie créée à partir de rien continue d’être échangée contre des biens et services réels, menant à un appauvrissement de la population et à une instabilité accrue de l’économie. Il n’est pas surprenant que la banque centrale ait systématiquement recours à des plans de relance monétaire lorsque l’économie est menacée par divers chocs. Une telle politique de création monétaire est la cause principale de l’affaiblissement du taux d’épargne et de la capacité d’investissement en capital, puisque cela entraîne l’échange de monnaie créée à partir de rien contre des biens et services réels.
Combien de temps la banque centrale peut-elle parvenir à maintenir le système monétaire actuel en place ?
Cela dépend du niveau de l’épargne et du capital accumulé. Tant qu’ils continueront de croître, la banque centrale peut donner l’illusion qu’elle réussit à maintenir une économie prospère. Cependant, une fois que l’économie tombera en récession en raison de la diminution du stock de capital, toutes les tentatives du gouvernement ou de la banque centrale pour relancer l’économie échoueront. Non seulement ces tentatives ne réussiront pas à relancer l’économie, mais elles épuiseront davantage les réserves d’épargne et freineront l’investissement, prolongeant la récession. Comme l’a écrit Mises sur ce point :
« Toute la philosophie sociale de l’interventionnisme étatique repose sur la croyance dans l’existence d’une réserve inépuisable d’argent, dans laquelle on pourrait puiser indéfiniment. Toute l’idéologie interventionniste s’effondre si cette source disparait et la croyance dans le Père Noël s’évapore. »
Conclusion
Etant donné que le système monétaire actuel est fondamentalement instable, il ne peut y avoir de taux de croissance « optimal » de la masse monétaire. Que la banque centrale injecte de la monnaie supplémentaire en fonction des besoins de l’activité économique ou qu’elle fixe un taux de croissance permanant de la masse monétaire, cela ne peut que déstabiliser encore davantage le système. La seule façon de véritablement stabiliser le système consiste à laisser le marché libre prendre le relais.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.
1 commentaire
C’est bien trop compliqué pour moi. Mais je ne dois pas être le seul. Et même Frank Shostak…pas certain qu’il ne soit pas totalement dépassé…Ne serait-ce pas que l’Occident a les yeux plus gros que le ventre ?