Gagner au Loto n’est pas la seule solution, mais l’alternative la plus simple nécessite des sacrifices importants.
Nous avons commencé hier à parler du mouvement FIRE, qui recommande d’épargner énormément pour vivre de ses placements plus longtemps, et prendre sa retraite le plus tôt possible.
Si cela peut paraître très intéressant, c’est clairement une solution qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Le Français moyen aura par exemple, il faut bien le dire, beaucoup de mal à tirer avantage de la méthode FIRE. Rappelons que le salaire médian en France est 2 012 € nets par mois. Cela signifie que la moitié des salariés perçoit moins, et l’autre moitié gagne plus. Avec cette somme, il est évidemment difficile d’épargner beaucoup.
Si nous reprenons notre premier exemple et supposons qu’avec 2 012 € par mois, vous arriviez à ne dépenser que 1 700 €. Vous économisez donc 312 € par mois, c’est-à-dire 3 744 € par an. Pour vivre de vos rentes en dépensant 1 700 € par mois, vous devez accumuler 510 000 €. Avec une épargne annuelle de 3 744 €, la retraite à 40 ans, c’est râpé, même avec de très bons rendements !
La méthode FIRE est donc, avant tout, faite pour les personnes gagnant bien leur vie, c’est-à-dire les Français appartenant au neuvième décile de salaire mensuel, les 10% qui gagnent plus de 4 010 € nets. Et encore, il est préférable d’être dans le 99ème décile (1% de la population) où l’on perçoit un salaire supérieur à 9 602 € nets chaque mois.
Mais bien gagner sa vie ne suffit pas. Il faut épargner. Beaucoup.
Une philosophie de vie
Avec le mouvement FIRE, finies les sorties au théâtre ou au restaurant, finies les vacances au soleil, finis les petits plaisirs qui font le sel de la vie. C’est une vie de privations qui vous attend. Les défenseurs de la méthode préfèrent parler de sobriété ou de frugalité. D’ailleurs, les Français adeptes de FIRE aiment à se définir comme « frugalistes ».
Comme l’indique leur site internet, les « frugalistes » entendent rompre avec la surconsommation, réduire leurs dépenses au maximum, gérer leur budget avec une rigueur militaire et sortir leur porte-monnaie uniquement pour payer des choses utiles.
On le voit, c’est un vrai choix de vie… qui ne dure pas que le temps de mettre de l’argent de côté. On voit mal, en effet, les tenants de la sobriété se mettre à devenir adeptes de la « surconsommation » une fois devenus rentiers !
Il me semble aussi que cette approche s’adresse d’abord à ceux qui n’aiment pas leur travail, voire plus largement à ceux qui détestent travailler. Mon père a un ami qui, dès l’âge de 40 ans, ne rêvait que de la retraite. Il n’avait pas un boulot épuisant, ni bien compliqué. Il était commerçant, donc son propre patron. Mais il avait succédé à ses parents, sans doute à contrecœur, et faisait un travail qu’il n’aimait pas. Dès qu’il a pu prendre sa retraite, il a arrêté son activité. Il n’a pas travaillé une heure de plus. Mon père, à l’inverse, travaillait encore à plein temps à l’âge de 75 ans.
Si vous vous épanouissez au travail, pourquoi auriez-vous envie de vous retirer à 40 ans ? Et si, au contraire, votre travail est une souffrance, pourquoi travailleriez-vous comme un damné pour gagner plus ? N’auriez-vous plutôt pas envie de travailler moins ? Et donc de gagner moins !
Dans sa radicalité, le mouvement FIRE ou frugaliste renferme, me semble-t-il, des contradictions évidentes. Les frugalistes sont par exemple opposés à l’endettement. Ils écrivent sur leur site internet : « Aucune dette ne vous rendra libre financièrement ni psychologiquement. Bien au contraire, cela vous maintient dans un style de vie basé sur la dépendance. Pour devenir frugaliste et gagner en autonomie, évitez tout simplement les prêts. Qu’il s’agisse de prêt avec intérêt ou prêt tout court, évitez. » C’est radical !
Pourtant, emprunter peut permettre de s’enrichir. Qui aujourd’hui peut acheter son logement sans recourir à l’emprunt ? Pas grand-monde ! Et devenir propriétaire de son logement, n’est-ce pas s’enrichir ? Certains cumulent même les prêts pour investir dans l’immobilier locatif et espérer vivre de leurs loyers une fois tous les emprunts remboursés.
Epargner le plus tôt possible
Sans tomber dans la radicalité, il est tout de même possible de s’inspirer des frugalistes et du mouvement FIRE. Leur principale leçon est qu’il faut épargner… et le plus tôt possible. Mettre un peu d’argent de côté et investir dès que l’on commence à travailler doit être une discipline, quitte à se priver un peu. Il s’agit, en fait, à considérer l’épargne comme une dépense incompressible, au même titre que l’électricité ou l’abonnement téléphonique. On le sait, c’est en investissant régulièrement et sur le long terme que l’on peut gagner sur les marchés boursiers.
Ensuite, bien sûr, vous pouvez toujours tenter de dépenser moins. Tout le monde, depuis que l’inflation est revenue en force, est plus ou moins à l’affût des bonnes affaires. C’est sans doute une habitude qui perdurera quelque temps même si l’inflation disparaît. Mais c’est surtout une fois à la retraite que l’on peut moins dépenser. Les besoins sont moindres. Les emprunts sont remboursés. Il est possible de partir en vacances en dehors des vacances scolaires quand tout est moins cher. On peut déménager aussi dans une région où le coût de la vie est moins élevé. Certains partent même vivre à l’étranger. Etc. Bref, c’est le moment opportun de dépenser moins sans forcément se priver.
Mais, si vous voulez profiter de la vie dès maintenant et jusqu’à la fin de vos jours, ne plus travailler et dépenser sans compter, il ne vous reste qu’à gagner au Loto. Ayez tout de même conscience que vous avez une chance sur presque 20 millions de gagner le jackpot.
En 2022, la Française des Jeux a recueilli plus de 20 milliards de mises. C’est autant d’argent que les Français auraient pu épargner !