** Pourquoi le dollar chute-t-il ? Pourquoi l’or grimpe-t-il ?
* Vous connaissez déjà la réponse, cher lecteur : parce que les gens chargés de surveiller le dollar veulent qu’il baisse. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour s’assurer qu’il perde de sa valeur. Et jusqu’à présent, au moins sur ce point, ils réussissent.
* "Le dollar atteint un plancher alors que le chef de la Fed fait allusion à une baisse des taux", déclare le Financial Times. "Bernanke affirme que la banque agira pour soutenir la croissance".
* La Fed est prise entre les mêmes feux que tout le monde. D’un côté, les prix de l’immobilier chutent… les consommateurs se retrouvent à court d’argent… et les banques ont peur de prêter. De l’autre, la masse monétaire grimpe en flèche… ce qui force les prix de tout ce qui n’est pas un actif financier à grimper.
* Le pétrole… l’or… le cuivre… le blé… les tracteurs… les terres agricoles — tous sont poussés par l’inflation.
* Normalement, les banques centrales ne baissent pas les taux d’intérêt pour lutter contre la hausse des prix à la consommation. Mais le pauvre consortium bancaire mené par Ben Bernanke pense qu’il n’a pas le choix. Les canons de la déflation à gauche… l’artillerie de l’inflation qui tonne encore plus fort à droite — ils attaqueront donc à gauche !
** Pourquoi ?
* Pour deux raisons. Premièrement, ils pensent pouvoir battre l’inflation à tout moment. C’est ce que Paul Volcker leur a montré il y a 25 ans. L’inflation peut être vaincue en serrant la vis des prêts… en augmentant les taux d’intérêt… et en resserrant la masse monétaire.
* Mais la déflation ? La génération actuelle des banquiers centraux de la planète a regardé le Japon s’y débattre durant 18 ans. Ils pensent avoir appris quelque chose.
* La Banque du Japon a des économistes aussi. Ils lisent les mêmes manuels. Ils fréquentent les mêmes universités prestigieuses. Ils croyaient aux mêmes âneries théoriques provenant d’économistes morts. Ils ont baissé les taux jusqu’au "zéro effectif" (politique monétaire)… et ont dépensé plus d’argent pour des projets gouvernementaux inutiles que tout autre gouvernement ou presque (politique budgétaire). Que pouvaient-ils faire de plus ?
* Les banques centrales ont plus peur de la déflation que de l’inflation, en d’autres termes. Parce qu’elles trouvent que c’est une maladie plus difficile à guérir.
* La deuxième raison pour laquelle la Fed s’attaque à la déflation et non à l’inflation est purement politique. Tous les candidats promettent peut-être "le changement", mais aucun d’entre eux ne le veut vraiment… du moins pas le genre de changement que M. le Marché leur envoie. Après un énorme boom… M. le Marché nous offre une correction. C’est juste comme ça qu’il fonctionne. Boom… krach… puis boom à nouveau. Mais ni les électeurs ni les politiciens ne sont très fans de la partie krach. Et tous pensent pouvoir… et devoir… faire quelque chose pour l’empêcher. Ainsi, la Fed lutte contre la déflation… et laisse l’inflation en paix, puisqu’elle pense que l’inflation génère la croissance (en fait, les observateurs inattentifs la confondent souvent avec de la croissance).
* Mais il nous semble que la déflation ET l’inflation deviennent plus dangereuses.
* "L’inflation pourrait être pire que nous le pensons", déclare un article du Wall Street Journal. Nous n’en serions guère surpris.
* Une chose grimpe rapidement, en tout cas, c’est le prix de l’essence. Aux Etats-Unis, les conducteurs paient leur gallon 19 cents de plus qu’il y a deux semaines. Certains experts pensent que le prix grimpera à 4 $ le gallon avant l’été. Ce sont de très mauvaises nouvelles pour le consommateur.
* "On ajoute un choc pétrolier à une crise du crédit et à l’effondrement de l’immobilier", déclare Nigel Gault, économiste chez Global Insight. "Même l’économie américaine ne peut pas résister à tout ça en même temps".
* Comme prévu, les consommateurs font la seule chose qu’ils peuvent faire — ils dépensent moins d’argent.
* "Les bénéfices des détaillants chutent à pic", rapporte le New York Times. Qu’arrive-t-il à une société de consommation lorsque les consommateurs cessent de consommer ? Ah, cher lecteur, vous connaissez la réponse là aussi — elle décline.