Observons le délitement d’une nation jadis grande et fière.
Aujourd’hui, notre plume sera non-partisane.
Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, le plus puissant organisme de maintien de l’ordre du pays, le FBI, a sorti ses armes automatiques et lancé l’assaut sur la maison d’un ex-président, comme s’il s’agissait d’un trafiquant de drogue.
Pensaient-ils que Donald Trump prendrait la poudre d’escampette ?
Avaient-ils peur qu’il réplique par la violence ? Les vies des agents du FBI étaient-elles en danger ? Était-ce justifié ou non ? Nous ne la savons pas. Mais le raid sur Mal-al-Lago fut à n’en pas douter un pas de plus vers le délitement du pays.
La presse conservatrice a mordu à l’hameçon, accusant le gouvernement d’avoir « franchi le Rubicon ». Newt Gingrich, figure républicaine et ex-président de la Chambre des représentants, durant le second mandat de Bill Clinton, a donné son point de vue dans Newsweek :
« Franchir le Rubicon à Mar-a-Lago | Opinion
Buck Sexton déclarait récemment à Jesse Waters :
‘Cela ressemble presque à un coup d’état préventif. Le but de la manœuvre est d’empêcher Donald Trump de pouvoir se présenter de nouveau à l’élection présidentielle. Le Rubicon a été franchi. C’est une première dans l’histoire. C’est scandaleux. Et le fait de recourir de cette façon au FBI est la cerise sur gâteau pour de nombreux Américains qui éprouvent de la défiance vis-à-vis du FBI ou du ministère de la justice. Surtout sur les questions politiques.’
Invité sur le plateau de CNN mardi dernier, George Conway a répété que le gouvernement avait ‘franchi le Rubicon’.
L’expression ‘franchir le Rubicon’ renvoie à un événement historique et a un sens bien précis. ‘Franchir le Rubicon’ consiste à faire quelque chose qui modifiera de manière décisive les circonstances dans lesquelles s’appliquent le pouvoir politique et le gouvernement. »
Monnaie de singe
« Alea jacta est » déclara César lorsqu’il franchit le Rubicon (les dés sont jetés). Mais César était un commandant doué et énergique à la tête d’une armée victorieuse. Le FBI n’est rien de tout ça, et c’est peu dire qu’il n’a pas brillé par sa gloire ces dernières années.
Ce n’est pas le Rubicon que le FBI a franchi. C’était une énième rivière, encore plus trouble.
L’argent est le nerf de la guerre, pas la politique. Mais la monnaie n’est qu’une pièce, importante toutefois, du tissu civilisationnel. La monnaie permet de savoir qui sont les nantis et qui sont les indigents. Mais lorsque l’on truque les chiffres, tout s’envenime.
C’est le jour de l’Assomption, en 1971, que les Etats-Unis ont commencé à truquer leur monnaie. Cliquez ici pour lire la suite…
Le 15 août est le jour de l’Assomption, une journée au cours de laquelle les catholiques célèbrent la montée aux Cieux de Marie. C’est également le jour où la monnaie américaine a signé son arrêt de mort. C’est ce jour-là, en 1971, que les Etats-Unis ont mis un terme à la convertibilité du dollar en or. Le nouveau dollar présenté un avantage considérable : il pouvait être volé, contrefait et maquillé. La Fed pouvait désormais « imprimer » autant d’argent qu’elle le souhaitait et les taux d’intérêt se sont repliés à des niveaux absurdes (0%).
Après un départ poussif, la Fed a compris comment utiliser à son profit le nouveau système monétaire dans les années 1980. Elle est ensuite passée à la vitesse supérieure. Cela s’est traduit par une augmentation considérable de la dette et par un déclin constant de la valeur du dollar. Depuis le changement de système monétaire survenu en 1971, le dollar a perdu 86% de sa valeur.
Cette érosion de la valeur du dollar a accéléré dramatiquement après 2020. La Fed ne pouvait plus compter sur les Chinois pour faire baisser les prix à la consommation et les confinements mis en place pour endiguer la pandémie de Covid ont fortement perturbé les chaines d’approvisionnement. Les gens ont pris l’habitude de ne plus travailler et il est désormais difficile de revenir en arrière.
Fox News :
« D’après les chiffres du ministère du Travail, le nombre de travailleurs aux États-Unis a diminué de 400 000 depuis mars. Il s’agit d’un signe inquiétant, d’autant plus que le nombre de travailleurs s’était rétabli à son niveau d’avant la pandémie en début d’année.
Le nombre de travailleurs est désormais inférieur de 600 000 à ce qu’il était début 2020, juste avant que les restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie de COVID-19 plonge l’économie en récession. »
Du baratin de bas étage
En 2020, la Fed a injecté 4 000 Mds$ dans le système et le gouvernement a distribué cet argent nouveau sous forme d’aides financières, d’allocation chômage et prêts aux petites et moyennes entreprises. A l’entame de l’été 2022, l’indice des prix à la consommation (IPC) affichait une hausse de 9%, soit sa hausse la plus forte depuis 1980.
D’un coup, l’arnaque est devenue visible. Le gouvernement fédéral pouvait « imprimer » de la monnaie. Ou il pouvait contrôler la valeur de la monnaie. Il lui était impossible de faire les deux en même temps. Il a donc choisi d’accroître la masse monétaire. La valeur de chaque dollar a baissé par voie de conséquence.
L’érosion de la valeur du dollar s’est accompagnée d’une érosion dans la confiance dans « le système ». La société civile est devenue moins civile. Les politiques sont devenus plus perfides. La presse est devenue plus partisane et moins fiable. Les universités ont étouffé le débat au lieu de l’encourager. Les riches se sont enrichis. Les pauvres sont devenus plus pauvres.
La semaine dernière a été marqué par une régression majeure du système judiciaire américain. Le FBI a franchi une rivière importante. Mais il ne s’agissait pas du Rubicon, il s’agissait du Rio de la Plata. Le résultat ne fut point le grand empire d’Auguste mais l’Argentine de Juan Peron, où le chaos, le cynisme et la corruption dominent la vie politique.
Minute, papillon. Tout espoir n’est pas perdu. La Fed essaie de réparer ses erreurs. Après des décennies d’inflation, la Fed essaie de dégonfler l’économie dans une tentative désespérée de restaurer sa crédibilité, de reprendre le contrôle de l’inflation et de sauver la valeur du dollar.
Combien de temps parviendra-t-elle à maintenir le cap ? Sera-t-elle tentée d’assouplir le resserrement de sa politique monétaire maintenant que le pic d’inflation a été passé ? Comme le FBI, embarquera-t-elle sur un petit radeau pour franchir le Rio de la Plata ?
C’est ce que nous verrons. Cela déterminera la trajectoire de l’économie américaine pour les prochaines décennies.
Affaire à suivre…