Les chiffres sont de plus en plus importants de mois en mois, avec parfois des doublements sur certains produits en un an… Alors pour anticiper notre futur, direction l’Argentine !
L’inflation est en marche. D’après Breitbart :
« Les prix ont augmenté de 8,6% par rapport à l’année dernière, en octobre, deuxième mois consécutif affichant le rythme d’inflation le plus rapide jamais enregistré depuis dix ans.
Le département du Travail a déclaré que l’indice des prix à la production avait accéléré et affichait une hausse mensuelle de 0,6%, soit un dixième de point de pourcentage de plus par rapport à la hausse de septembre. C’est conforme à ce qu’anticipaient les analystes. »
Le Daily Mail indique que la « meatflation » [NDLR : l’inflation des prix de la viande] devient préoccupante :
« … le prix d’une côte de bœuf a presque doublé, passant de 8,71 $ la livre en novembre 2020 au prix stupéfiant de 16,99 $ la livre cette semaine, selon les chiffres des ventes au détail publiés vendredi par le département américain de l’Agriculture, soit une hausse de plus de 95%. »
Là, nous marquons une pause pour réfléchir à ce qu’est réellement l’inflation… et où nous mène l’augmentation de ses taux.
Une taxe nocive
Pour mieux comprendre la démocratie, on peut la décrire ainsi : « Deux loups et un agneau votent pour savoir ce qu’ils vont manger au dîner. » Mais après avoir totalement digéré l’agneau, les loups ont encore faim. Alors que font-ils ?
D’abord, ils empruntent. Puis, quand cette source est tarie (un excès d’emprunt fait augmenter les taux d’intérêt, ce qui affaiblit toute l’économie et fait baisser les recettes fiscales), ils impriment de l’argent, c’est-à-dire créent de l’inflation.
L’inflation n’est qu’une façon parmi tant d’autres de presser la population comme un citron. C’est un prélèvement fiscal touchant les consommateurs. C’est une taxe assez nocive, dans la mesure où elle déforme et altère toute l’économie.
Quand un pays s’appuie trop sur elle, les choses se gâtent rapidement.
Un socialisme contagieux
Prenons mon exemple de pays sinistré préféré : l’Argentine.
Une dette galopante ? Une inflation incontrôlable ? On se plie aux exigences de la population ? On achète les voix des électeurs ? Corruption… incompétence… absurdité… L’Argentine baigne là-dedans depuis ces 70 dernières années.
Et maintenant, d’après The Wall Street Journal :
« L’Etat-providence argentin envoie un message à l’Amérique.
Les dogmatistes socialistes savent que l’Etat-providence est addictif. Dès qu’ils voient le jour, les nouveaux droits sociaux doivent être alimentés et croître quel que soit le parti au pouvoir.
L’Argentine confirme cette règle. »
Oui, « le péronisme est le poste d’exportation le plus dynamique, en Argentine », plaisante l’un de mes amis de Salta.
Juan Perón a puisé un peu dans Mussolini… un peu dans Hitler… un peu dans Staline. Et ensuite, il a incorporé à ce mélange le rythme du tango et la sauce chimichurri, afin d’obtenir ce qui fut la version « pampa » de la contagion socialiste. Et elle s’est révélée remarquablement durable.
Le patient zéro
Dès le 28 avril 1945, Mussolini s’est retrouvé pendu par les pieds à un réverbère. Deux jours plus tard, Hitler n’était plus qu’un tas de cendres. L’Union soviétique de Staline a péniblement avancé jusqu’en 1991, année où Gorbachev a démissionné et commencé à faire de la publicité pour les sacs de voyage Louis Vuitton.
Et le péronisme ?
Le général Juan Perón, qui a dirigé l’Argentine de 1946 à 1955, puis à nouveau brièvement en 1973-1974, fut le Patient Zéro. Il est revenu d’Italie en 1941, en rapportant cette redoutable maladie avec lui.
Et depuis, elle évolue de façon endémique au sein des quartiers populaires de Buenos Aires.
Un outil de survie
Si le péronisme est si « persistant », c’est pour la raison suivante : une fois qu’un groupe prend goût à l’argent qui ne lui appartient pas, il répugne à y renoncer.
Alors les politiciens doivent continuer à faire affluer cet argent, sans quoi ils ne remportent pas les élections.
Et comme ils ne peuvent jamais suffisamment taxer ou emprunter pour tenir toutes leurs promesses (surtout dans la mesure où ils étranglent simultanément l’économie productive), ils ont recours à la fiscalité par l’inflation… dont ils rejettent la faute sur les hommes d’affaires avides.
La corruption se déchaine. Dans les tribunaux, dans l’administration, dans les écoles, dans le système médical… et dans le secteur privé, également. Rien n’est « réglo ». Rien ne fonctionne comme cela devrait fonctionner.
D’abord, on l’attribue à « l’incompétence ». Mais les Argentins sont aussi compétents que n’importe qui d’autre. Ils réagissent simplement à des incitations différentes.
Et dans un système corrompu, la corruption – qu’elle soit modeste ou de grande envergure –est non seulement payante, mais c’est un outil de survie.
Et la vie continue
C’est ce qui est attendrissant et lumineux, avec le système argentin. Il intègre une sorte de flexibilité illicite qui fait que la vie est encore supportable… voire agréable… au beau milieu d’une crise perpétuelle.
Des coups d’Etat, des gouvernements militaires, des meurtres de masse, du terrorisme et des enlèvements généralisés, de l’hyperinflation, des défaites humiliantes et la dépression : le péronisme a survécu à tout cela.
Même aujourd’hui, le taux d’inflation se situe à 50%, environ, c’est-à-dire là où il se situe depuis plusieurs années. Le dollar américain se négocie à des taux très différents au marché « blanc » (taux de change officiel), au marché « noir » et au marché « bleu » (officieux mais toléré).
Les entreprises tiennent quotidiennement deux comptabilités : l’une pour l’Etat et l’autre pour elles-mêmes. Elles s’échangent des factures pour gérer le poids de leurs taxes. Et les gens riches fuient en Uruguay et en Floride.
Et pourtant, la vie continue… assez bien, pour beaucoup de gens.
Mais une crise plus profonde arrive. Le gouvernement argentin est fauché. Personne ne va lui prêter de l’argent. Et s’il continue à imprimer encore plus d’argent, il s’expose à une catastrophe de type Venezuela.
La rupture du statu quo
Dimanche dernier, une élection importante a eu lieu. Les péronistes faisaient face à une concurrence de taille. Mais pas nécessairement à un changement important.
Comme le Wall Street Journal l’explique, l’opposition qui a gagné du terrain, et pris le contrôle du Sénat, n’est « guère plus qu’une version plus modérée du statu quo ».
Hélas, le statu quo – désormais aussi familier au nord du Rio Grande qu’il l’est depuis de nombreuses années au sud du Rio de la Plata – est un désastre.
Qu’il serait facile – en théorie – d’y remédier. Finie la gratuité. Finis les déficits. Finis les pots de vin. Finie l’impression d’argent frais.
Mais combien il est impossible de le faire, en pratique…