Les banques centrales déversent de l’argent dans le système depuis des années, mais ce n’est que maintenant que l’inflation s’enflamme. Pourquoi ? La réponse se trouve dans la valeur des choses… et la valeur de la monnaie.
Les entreprises s’efforcent continuellement d’augmenter la productivité du travail, c’est-à-dire de produire plus d’unités par heure de travail.
Cela signifie que le temps de travail par unité produite va baisser. Comme seul le travail crée de la valeur, alors qu’il existe une tendance générale à l’augmentation de l’offre de biens et de services, il y a également une tendance générale à la valeur des marchandises à baisser, sur le long terme.
C’est parce que la production capitaliste repose sur un processus d’économie de travail, que la valeur des marchandises chutera parallèlement à l’augmentation de la productivité du travail.
Il y a donc une pression déflationniste ou désinflationniste sous-jacente sur les prix des marchandises sur le long terme.
Cependant, il existe des facteurs contraires qui peuvent exercer une pression à la hausse sur les prix à long terme – en particulier l’intervention des autorités monétaires dans leurs tentatives de gonfler l’offre de monnaie et d’avilir son pouvoir d’achat.
Deux inflations
Il existe un taux d’inflation en valeur objective, qui combine l’impact des variations du pouvoir d’achat des salaires et des bénéfices, et un taux d’inflation des prix qui, lui, est dicté par la politique monétaire, celle qui touche la mesure monétaire.
Le facteur travail, progrès technique, progrès des processus de production est déterminant pour la valeur : il aura tendance à faire baisser l’inflation des prix, tandis que le second, la politique monétaire, est le facteur artificiel compensatoire qui tentera de faire monter l’inflation.
La théorie de la valeur de l’inflation explique ainsi le ralentissement de l’inflation annuelle des prix à la consommation depuis les années 1980, contrairement aux théories dominantes qui restent perplexes.
Même si les banques centrales ont injecté plus d’argent dans l’économie et que la croissance de la masse monétaire M2 s’est accélérée, en particulier à partir des années 1990 et après la Grande récession, la croissance de la valeur a continué de ralentir – et le ralentissement du pouvoir d’achat a continué de faire baisser l’inflation.
Forces contraires
La hausse des prix constatée par les indices officiels est organiquement le résultat d’une confrontation de forces de sens contraires – forces qui font baisser la valeur fondamentale des biens et services d’une part, et d’autre part forces monétaires qui cherchent à masquer la tendance à la baisse des valeurs.
L’année 2020, a vu une énorme augmentation de la masse monétaire M2, en hausse de 25% en glissement annuel jusqu’à présent.
Cela produit de l’inflation monétaire, mais cela ne nous dit rien sur les mouvements économiques en profondeur qui influent sur la valeur des biens et services produits, et encore moins sur leur évolution future.
L’observation des « ombres » ne renseigne pas sur l’évolution des « corps » et encore moins sur leur évolution future.
L’inflation n’est pas un phénomène monétaire, c’est un phénomène économique que l’on cherche à manipuler par le voile monétaire.
Modifier les instruments de mesure ne renseigne pas sur les grandeurs réelles ; au contraire, cela les masque.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
Il faut justement que les pays victimes de cette situation augmentent leurs productions afin de faire baisser la forte augmentation de demande et que les banques changent leurs stratégies et diminué la bureaucratie devant le client en général et rendre la confiance perdue depuis longtemps.