Historiquement, octobre est le mois des catastrophes boursières. Sauf que… dans l’ombre du calendrier se profile un autre mois, très discret mais bien plus dangereux…
Nous nous posions hier une question simple : le mois d’octobre menace-t-il le marché comme nous avons tous été amenés à le croire ?
L’Histoire soutient que la réponse est… non.
La réputation désastreuse du mois d’octobre est probablement due à un enchaînement de malchance. Et cette conviction se fonde sur des preuves circonstancielles et parcellaires.
Selon Stephen Williamson, ex-vice-président de la Réserve fédérale de Saint-Louis :
« Les krachs de marché n’ont pas été assez fréquents, à travers l’histoire, pour qu’il existe assez d’éléments prouvant à quel moment ils vont probablement avoir lieu. »
Les hommes et les femmes du cabinet de consultants Yardeni Research disculpent un peu plus le mois d’octobre. Le rendement moyen de l’indice S&P 500, en octobre, n’est pas du tout négatif, nous signalent-ils. En fait, il est positif, à 0,4%. C’est un infime gain, mais cela reste un gain.
Quant aux marchés baissiers, selon Investopedia, ils sont plus nombreux à avoir pris fin que débuté au mois d’octobre. Les effondrements de 1987, 1990, 2001 et 2002 se sont retournés au cours du dixième mois de l’année.
Nous devons donc en conclure ce qui suit : un homme innocent a été déshonoré… et expédié au bagne sur de fausses accusations.
Mais si le mois d’octobre ne représente pas cette menace insidieuse à laquelle tant de gens croient, un autre mois peut-il prendre sa place ?
Historiquement, la réponse est « oui ». Un autre mois représente une véritable menace. Lequel ?
Le mois de septembre : ce mois-ci.
L’effet de septembre
« Depuis la création de l’indice Dow Jones Industrial Average, à la fin des années 1890 », remarque le chroniqueur financier Mark Hulbert, « le mois de septembre a produit 1,1% de pertes en moyenne ».
« Les onze autres mois calendaires », ajoute-t-il, « ont produit des gains de 0,8%, en moyenne ». On ne peut pas dire non plus qu’un ou deux mois de septembre aient été des exceptions qui confirment la règle. Selon Hulbert :
« Au contraire, c’est impressionnant à quel point ce mois arrive systématiquement presque tout en bas du classement. »
La déveine de septembre concerne aussi bien l’indice Dow Jones Industrial Average que l’indice S&P, d’ailleurs.
A en croire Yahoo! Finance :
« Selon LPL Financial, pour les marchés, septembre est le mois enregistrant les pires performances, en moyenne, depuis 1950. Selon les données de LPL Financial, l’indice S&P 500 a baissé d’environ 1%, en moyenne, au cours de ce mois, depuis 1950. Si l’on remonte à 1950, le seul autre mois affichant en moyenne une baisse (et minuscule, en plus) est le mois d’août. »
Savita Subramanian, stratégiste chez Bank of America Merrill Lynch, a compilé les rendements médians du S&P 500, au mois de septembre, depuis 1928.
Les faits se confirment. C’est le mois de septembre qui dérobe le plus d’argent aux investisseurs, et non le mois d’octobre. En voici la preuve en flagrant délit :
Comparé au mois de septembre, le mois d’octobre est un mois faste.
Il est donc temps de redresser un tort cruel et diffamant… Il est temps de remplacer cet « effet d’octobre » par un « effet de septembre » bien plus mérité !
Mais cessons de parler de ces mois de septembre révolus : quid de ce mois de septembre 2021 ?
Un avertissement émanant de Mark Twain
Le marché actions a été frénétique en août, à nouveau, en prolongeant sa plus belle série de performances depuis janvier 2018.
Mais de l’observation des mois de septembre passés ressort un avis de forte tempête. Cet historique – même imparfait – nous donne un bon avertissement.
Allons-nous oser faire notre propre prévision de catastrophe sur ce qui reste du mois de septembre ? Bien sûr que non. Nous avons trop souvent mangé notre chapeau, sans sel, sans beurre, et sans rien à boire pour le faire passer.
« Parfois on a raison, parfois on a tort… et on doute toujours ; on essaie simplement de relier les points », comme le dit Bill Bonner, notre fondateur.
Nous ne serions pas étonné une seconde que le marché conserve jusqu’à la fin du mois son allure conquérante, même si elle est immorale.
Mais si on se fie à l’Histoire comme baromètre, le mois de septembre est l’un des mois les plus dangereux pour spéculer sur les actions. Ainsi que, comme l’a remarqué cet excellent chenapan de Mark Twain, les mois de juillet, janvier, avril, novembre, mai, mars, octobre, juin, décembre, août… et février.