De Greensill à Tesla, les cas emblématiques de fin de cycle se multiplient. On n’est plus très loin du dossier Enron… et de tout ce qui va avec.
« Unexpectedly » : retenez bien ce mot !
Vous allez l’entendre des milliers de fois dans les mois qui viennent… Dans la bouche des financiers, des analystes, des politiques et des journalistes. Alors, commençons par le commencement et traduisons ce mot en français : de façon inattendue.
Décryptons maintenant dans quel contexte on l’utilise. Beaucoup d’analystes sont payés très cher pour répéter ce que dit le service communication d’une société, du gouvernement ou des grandes organisations.
Ils sont incapables d’imaginer une rupture. Ils ne font que prolonger des tendances. Certains sont désabusés : ils savent qu’ils ne servent à rien puisque les fondamentaux, tout le monde s’en fout et que tout le monde met le même chiffre que son camarade. C’est le bien nommé consensus.
Certains disent tout simplement ce que leur direction et leurs clients ont envie d’entendre pour qu’ils soient contents et qu’ils soient ainsi encore mieux payés. En bref, le nom de porte-parole serait plus approprié à leur métier qu’analyste.
En ce qui concerne les chiffres des sociétés dans une période normale, il y a rarement de surprises puisqu’ils sont régulièrement communiqués aux porte-parole qui suivent les titres et ainsi communiqués au marché.
En revanche, dans les périodes difficiles comme aujourd’hui, vous constaterez que les analystes, tellement habitués à ce qu’on leur dise quoi penser, sont incapables de voir venir les catastrophes, et ce ne sont pas les sociétés qui vont leur dire.
De Greensill à Tesla
Pour illustrer mon propos je vais prendre quelques exemples : Greensill Capital est le dernier scandale en date qui agite le secteur financier. Valorisée voici un an à près de 7 Mds$, la société anglaise Greensill Capital a déposé le bilan auprès d’un tribunal britannique le 8 mars et vaut aujourd’hui zéro.
La société financière, bâtie par l’Australien Lex Greensill en 2011, pratique une sorte d’affacturage pour des multinationales comme Vodafone et Coca-Cola. Elle a fait 150 Mds$ de règlements en 2019. L’entrée au capital du Japonais SoftBank à hauteur de 1,5 Md$ en 2019 et l’arrivée de l’ex-Premier ministre David Cameron comme conseiller la même année avaient propulsé la société sur des sommets.
Un gros gérant d’actifs français, lui, s’est retrouvé en potentielle faillite début 2020. S’il n’avait pas été sauvé in extremis par les principales banques de la place sur ordre de l’Etat et des autorités financières, c’était une faillite systémique.
Un autre a fermé certains de ses fonds, empêchant les investisseurs de sortir et bloquant au passage les détenteurs d’assurances-vie en unités de compte qui en détenaient. Il leur était impossible de racheter leurs contrats.
Vous n’en avez jamais entendu parler évidemment : tout le monde a peur d’un bank run, mais le boulet n’est pas passé loin de nos têtes.
Rien n’a changé
Tout cela prouve que rien n’a changé depuis 2008 et que les banques, les assureurs et les gérants ne sont pas plus sûrs maintenant. C’est même très certainement le contraire.
Rappelons-nous aussi le scandale Enron en 2001 et faisons un parallèle avec l’époque actuelle.
Enron, un temps 7ème capitalisation boursière des Etats-Unis avec 100 Mds$, fait faillite en 2001, entraînant la disparition de son auditeur, le cabinet Andersen. Il s’agit à l’époque de la plus grande faillite de l’histoire américaine.
L’activité d’Enron consistait initialement principalement en la production, le transport et la distribution de gaz. Dans les années 1990, Enron profite de la déréglementation des secteurs de l’énergie et des télécommunications pour devenir courtier en énergie, et propose des produits financiers dérivés complexes à ses clients.
Il s’est avéré qu’Enron avait basculé d’un business réel à un business totalement fictif. Elle bénéficie tout de même de la confiance des marchés et des analystes financiers. Goldman Sachs la qualifie de « best of the best ».
Elle est considérée comme un modèle de croissance et d’innovation et classée six fois par le magazine Fortune comme l’entreprise la plus innovante des Etats-Unis. Elle emploie 28 000 personnes.
Enron, Greensill, Madoff… des personnages et des sociétés adulés, montrés en exemple, qui font la couverture des magazines, sont des marqueurs de fin de cycle. Je ne sais pas ce vous en pensez, mais, personnellement, cela me fait furieusement penser à une société en 2021 ! Je n’arrive plus à mettre un nom dessus…
Rassurez-vous, ce n’est évidemment pas la seule. Grâce à la Fed, la BCE, la BoJ, la BoE… il y a l’embarras du choix.
Plus rien n’a de valeur, mais tout a un prix, surtout ce qui ne vaut rien…
1 commentaire
Tesla est une véritable bulle. Au risque de passer à côté d’une bonne affaire, investissez plutôt dans des valeurs avec des fondamentaux solides. La valorisation de certaines sociétés est stratosphérique. N’oublions pas que le résultat de Tesla est dû à la vente de Bitcoin et de leur crédit carbone.