Le système nage dans l’argent… mais n’est pas profitable : cela pose aussi des problèmes en termes de recettes fiscales – des problèmes dont l’issue pourrait être fatale pour les marchés actions.
Il y encore beaucoup de gens qui doutent de la validité de mon cadre analytique – il est fondé sur la conviction que le problème du système, c’est en même temps trop de capital et pas assez de profit pour le rentabiliser.
C’est normal puisque le système ne reconnaît pas qu’il est fondé sur le profit et l’accumulation ; il fait tout pour le cacher. Le système refuse d’être ce qu’il est.
L’insuffisance du taux de profitabilité du capital est le grand secret, et il est contre-intuitif puisque tout ce que l’on voit, c’est la tentative désespérée des firmes et des gouvernements pour maximiser les profits.
Ce que l’on ne voit pas, en revanche, c’est que précisément cette tentative est une affirmation de la justesse de mon hypothèse : si on est obligé de toujours augmenter les profits… c’est parce qu’ils sont insuffisants !
On prouve l’insuffisance de la profitabilité et donc sa problématique en remarquant que les moyens utilisés pour remonter la profitabilité sont :
– la pression sur les salaires, elle dure depuis 30 ans ;
– la hausse des prix quand la concurrence le permet ;
– la baisse continue des frais financiers et du coût du crédit ;
– la baisse continue des impôts sur le capital.
Un phénomène mondial
Le graphique ci-dessous illustre la baisse continue des impôts sur les sociétés et le report de la fiscalité sur les ménages. Il concerne les Etats-Unis, mais le phénomène est mondial.
Contrairement aux recettes de l’impôt sur le revenu des particuliers aux Etats-Unis, qui sont à peu près constantes depuis plus de 70 ans, les recettes de l’impôt sur les sociétés américaines ont chuté de façon constante au fil du temps pour atteindre 1% du PIB américain.
A un moment où l’accent est mis sur la réduction des inégalités et où la relance budgétaire vise à stimuler l’économie réelle, cela semble politiquement insoutenable.
Ce qui est intéressant pour les marchés, bien sûr, c’est ce qui arrive aux cours des actions quand les impôts sur les sociétés sont augmentés, comme le gouvernement Biden envisage de le faire.
En 2016, lorsque Trump a remporté la présidence américaine, ses projets de réduction de l’impôt sur les sociétés ont été accueillis favorablement par une hausse massive.
Verrons-nous le contraire se produire ?
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]