L’inflation semble inoffensive, voire agréable lorsqu’elle démarre… mais une fois qu’elle accélère, les rendements chutent et l’épargne souffre.
Notre sujet ces jours-ci est l’inflation – quelle merveille !
Un jour, une action Tesla coûte 50 $. Avance rapide à aujourd’hui, et elle est passée à 653 $.
Ou prenez le bitcoin… Il y a cinq ans, on pouvait l’acheter 500 $. Aujourd’hui, il frôle les 50 000 $.
Ou bien encore un quotidien. En 1918 à Berlin, on pouvait acheter le journal du jour pour moins d’un deutschemark. Cinq ans plus tard, il vous en aurait fallu 42 milliards.
Nous sommes encore loin d’une inflation des prix à la consommation de 100 000%. Mais même le plus long voyage, sur cette route vers nulle part, commence lorsqu’on met le contact.
Et regardez ça : nous avons démarré…
Pétrole en hausse
Le pétrole est actuellement aux alentours des 60 $ le baril, une hausse par rapport au zéro d’avril 2020. L’indice du carburant US a grimpé de 7,4% en janvier. Selon les Nations Unies, les prix de l’alimentation sont à un sommet de six ans.
Par ailleurs, les biens de consommation rétrécissent, les fabricants réduisant la production pour éviter d’augmenter les prix. Le pot de pâte à tartiner Nutella de 400 grammes n’en contient plus que 350 grammes. Un paquet de hot dogs de la marque Nathan compte désormais quatre pains au lieu de cinq. Le rouleau de papier toilette Charmin’ a été réduit de 200 feuilles.
Et voilà que l’un des héros du film The Big Short nous avertit d’une hausse des prix. Dans Business Insider :
« ’Préparez-vous à l’inflation’, déclarait l’investisseur [Michael Burry] dans un tweet supprimé depuis. ‘Réouverture et relance à venir. Pré-Covid il fallait 3 $ de dette pour créer 1 $ de PIB, c’est pire aujourd’hui. C’est une crise inflationniste, les gouvernements agiront pour écraser leurs concurrents dans le domaine de la monnaie. $BTC #gold.
[…] L’investisseur comparait le chemin de l’Allemagne vers l’hyperinflation dans les années 1920 à la trajectoire actuelle aux Etats-Unis.
‘L’Allemagne [les USA] a commencé par ne pas payer correctement sa guerre [contre le Covid et les suites de la GCF], sur les sacrifices de son peuple – les impôts – mais a couvert ses déficits avec des prêts de guerre [bons du Trésor] et des émissions de nouveaux Reichsmarks [dollars] papier. Condamnés à se répéter’, a tweeté Burry. »
Frénésie spéculative
Durant ses premières phases, l’inflation semble bénigne… voire plaisante. Un investisseur, sans effort ou idée particulière de son côté, devient soudain riche.
Que se passe-t-il ? Est-ce un véritable miracle ? Ou de simples idioties ?
On peut rendre les gens riches en trésors matériels sans ajouter le moindre trésor…
On peut faire de quelqu’un le maître d’un autre – pour l’instant, il peut le payer pour qu’il accomplisse ses quatre volontés sans rien d’autre que… eh bien… rien du tout : de simples morceaux de papier… ou des signes électroniques, si légers, si passagers qu’on ne peut pas les voir… les toucher… ni même les inviter à dîner.
Pourtant, ces signes changent tout.
Un homme prend une retraite aisée ; les autres sont appauvris. Et l’économie, qui fourmillait autrefois de progrès et d’industrie, se mue en spéculation pure et simple… en paris…
… Chacun espérant être celui qui aura la main gagnante… le premier de la file pour obtenir le nouvel argent.
C’est une « frénésie spéculative », déclare Charlie Munger, de Berkshire Hathaway, né au plus fort de l’hyperinflation allemande. « Un excès pitoyable », c’est en ces termes qu’il décrit le trading sur Tesla et le bitcoin.
Son partenaire Warren Buffett, né durant la Grande dépression ajoute : « Les investisseurs à revenus fixes [qui souffrent en cas d’inflation de la monnaie] sont confrontés à un avenir morose. »