Stupéfiant : Christine Lagarde a pris la parole pour encourager les Etats à augmenter leurs dépenses publiques… mais la présidente de la BCE a aussi insisté sur l’importance du remboursement de la dette. Cette logique interroge sur les vrais bénéficiaires de cette dette : s’agit-il d’aider les Etats et les peuples, ou de garantir une épargne rémunérée aux créanciers ?
Son appel est clair : il faut s’endetter massivement, encore plus massivement qu’aujourd’hui, pour soutenir la demande de consommation et pour investir dans l’avenir. Sur ce point, la Banque centrale européenne (BCE) semble bien décidée à ouvrir les vannes, et à passer en écriture des sommes colossales qui créeront de l’inflation.
Les appels à ne pas rembourser les dettes se multiplient
Dans le même temps, les appels à ne pas rembourser la dette accumulée pendant la crise du Covid-19, et détenue par la BCE (25% des dettes publiques de la Zone euro) se multiplient. Christine Lagarde le sait, et rappelle que toute dette doit être remboursée.
Elle précise même que c’est une obligation juridique : le traité de l’Union interdit à la Banque de financer directement les Etats (on admirera ici le raisonnement jésuitique).
Comme il est plausible que, tôt ou tard, la manne de la BCE se raréfie et que les marchés financiers prennent son relais pour financer les besoins des Etats dans leur folie keynésienne, on comprend quelle stratégie la présidente de la BCE déploie.
Endettez-vous et vous rembourserez plus tard… mais vous rembourserez – soit la BCE, soit les créanciers privés, qui voient ainsi la rémunération de leur épargne garantie.
On se demande parfois qui pousse les Etats à s’endetter. On a aujourd’hui la réponse : la BCE, qui est devenue prêteuse en dernier ressort, pousse les Etats à s’endetter, comme n’importe quel banquier pousse ses clients à le faire.
On se demande simplement qui, en bout de course, tire le plus de profit de cet argent magique : les débiteurs ou les créanciers.
Les plans de relance vont créer une surchauffe et de l’inflation
Cette stratégie de garantie apportée à long terme aux créanciers des Etats, qui sont très largement des fonds d’investissement, n’est toutefois pas sans créer de vraies difficultés qui s’avéreront douloureuses pour les petits épargnants.
En effet, la débauche d’argent public que Christine Lagarde appelle de ses vœux fait écho au plan Biden qui devrait fonctionner avec un vaste effort de relance.
Le revers de la médaille s’appelle inflation, et peut-même hyperinflation. Sans qu’on ne l’ait vue (re)venir, elle s’est élevée à 0,9% en janvier, sur un an.
Il est vrai que cette hausse inattendue s’explique en partie par un changement de méthode de calcul. Il s’agit tout de même d’un signe puissant : alors que les analystes ne s’attendaient pas à une hausse supérieure à 0,3 point, le thermomètre est dangereusement monté.
Quelles seront les conséquences de cette ascension inattendue pour votre mix patrimonial ? Nous vous donnons de premiers éléments de réponse sur le Courrier des Stratèges. Mais attention à l’érosion rapide de l’argent liquide et des placements bancaires !
Attention aux signaux envoyés sur les impôts
On notera que, dans le même temps, François Bayrou s’est déclaré favorable, dimanche dernier, à une hausse d’impôts, après la crise, pour financer la dette.
Celle-ci est déjà programmée pour une part au bénéfice des collectivités locales, puisque la réforme des valeurs cadastrales qui doit se mettre en place à partir de 2026 devrait déboucher sur des additions très douloureuses. L’immobilier ancien serait particulièrement pénalisé, avec des hausses d’impôt de l’ordre de 20%.
Dans la pratique, tous ces éléments obligeront à une révision de l’allocation patrimoniale que vous avez pratiquée jusqu’ici. Si vous avez un doute sur la pertinence de vos choix actuels, j’ai préparé pour vous les portraits-types des mix patrimoniaux selon le montant de patrimoine. Référez-vous y.
Cela vous permettra de vous situer par rapport à la moyenne et de commencer à réfléchir avec nous sur les meilleurs choix à faire pour les mois à venir.
Concrètement, la crise de la dette publique est désormais en gestation. Elle sera douloureuse, car elle s’accompagnera sans doute d’une forte inflation, qui rendra l’emprunt de plus en plus cher. Il faut s’attendre à une folie fiscale dans les trois ans qui viennent. Votre patrimoine risque de ne pas en sortir indemne.