Exploiter un ranch n’est pas donné à tout le monde – surtout lorsqu’il se situe de l’autre côté de la planète, sur les hauteurs argentines…
Nous avons commencé hier à réfléchir sur ce que nos neuf mois de quarantaine en Argentine nous avaient appris. Parmi toutes ces leçons, celles portant sur l’exploitation d’un ranch ont sans doute été les plus inattendues…
Le rôle de propriétaire terrien – du moins sur l’un des grands domaines de la région de Salta – ressemble en effet à celui d’un seigneur féodal, avec aucun des avantages… et tous les inconvénients.
Terminé, le droit de cuissage. Impossible aussi de juger les paysans, de les torturer dans ses oubliettes ou les forcer à travailler dans ses champs. Il ne peut pas même pas s’en débarrasser.
Les temps ont changé. Désormais, ce sont eux qui le torturent !
Nous avons profité de quelques semaines d’oisiveté délicieuse. Ensuite, notre assignation à résidence a pris fin… le niveau de la rivière a baissé… et nos responsabilités ont augmenté.
Elizabeth a traversé la rivière pour enseigner aux enfants du village (les écoles étaient fermées). Quant à votre correspondant, il a fait de son mieux pour assumer ses responsabilités.
Un propriétaire doit fournir les ressources financières nécessaires au domaine (aucune des grandes exploitations de la région n’est profitable). Le gouffre financier n’est qu’un début, par ailleurs…
Il faut aussi fournir emplois et logements… prêter de l’argent… assurer le transport… payer la caution des employés et métayers lorsqu’ils terminent en prison… et, d’une manière générale, intercéder avec le monde extérieur lorsque le besoin s’en fait sentir.
Dernières requêtes
Dimanche, nous avons organisé au ranch un barbecue d’adieu – un asado. Tout le monde s’est bien amusé.
L’asado bat son plein
Un gâteau pour nous dire au revoir
Mais avant la fin de la journée, on nous avait demandé…
… Un prêt de 300 $ pour que l’un des vachers puisse réparer son camion (nous avons dit oui)…
… Une poutre destinée au toit d’une annexe construite à côté d’une maison (nous avons abattu un arbre mort et taillé la poutre à la tronçonneuse)… et des chevrons pour une autre habitation (nous avons donné l’autorisation d’abattre quelques arbres morts)…
… Une bourse d’études pour la fille d’un autre employé, afin qu’elle puisse aller à l’école en ville (pas de problème)…
… D’intervenir pour que l’un de nos palefreniers mette fin à son aventure avec une femme plus jeune. L’épouse de l’homme s’était déjà adressée à Elizabeth ; c’était sa deuxième tentative. Elizabeth avait parlé à la jeune fille. Cette fois-ci, l’épouse avait des lettres d’amour, prouvant que la relation continuait.
Cela nous a surpris, dans la mesure où nous pensions que le cow-boy était illettré. (Elizabeth lui a montré toute sa sympathie, mais n’a pas pu fournir d’aide beaucoup plus efficace)…
… Une nouvelle maison pour un jeune couple… et un plus grand réservoir d’eau pour un autre ménage…
… Et enfin de visiter une jeune femme à l’hôpital – mais nous y reviendrons…