Le système exploite votre épargne – de manière constante, délibérée et efficace : eux s’enrichissent… et vous payez. Cela s’appelle de l’exploitation.
Les marchés financiers se moquent du long terme.
Ils vont d’erreur en erreur, satisfaits d’eux-mêmes, avec bonne conscience, sans remords et sans regrets.
Tout est question de mémoire… et de la mémoire, les marchés n’en ont pas. Ils effacent leurs traces passées en marchant. Ils ont déjà effacé les souvenirs de mars dernier.
Là où la mémoire s’inscrit, en revanche, c’est dans les/vos portefeuilles ; c’est là que se trouvent les cicatrices des erreurs/blessures passées !
Mais chut : personne ne connaît les performances réelles des portefeuilles, les performances des indices étant là, suffisamment mystifiantes, pour faire croire qu’investir en Bourse est rentable.
Exploitation et jeu financier
La Bourse est un jeu dont la fonction est de compléter l’extraction de la plus-value et des ressources du public, de ses retraites, de sa prévoyance – au profit des très grandes entreprises, du secteur bancaire et des gouvernements.
J’ai démontré il y a plusieurs décennies que le jeu financier est un complément de l’activité économique, complément dont la fonction est d’exploiter l’épargne du public après avoir exploité son travail.
Exploiter, cela signifie, comme en matière d’exploitation du travail, empocher l’écart entre la valeur d’usage de l’épargne et sa valeur d’échange.
L’épargnant, c’est l’âne qui porte le foin : mettons une tonne de foin sur son dos, mais on ne lui en donne qu’une poignée à manger pour qu’il survive.
La différence entre la tonne qu’il porte et qui va être vendue et la poignée dont il bénéficie pour survivre constitue la plus-value de celui qui exploite l’âne.
Ainsi le capital donne à l’épargnant collectif une poignée de foin/de cerises de 1%… et lui, il encaisse la différence avec les 15% de profit qu’il réalise en se servant de cette épargne comme levier capitalistique.
La petite épargne, le levier du capital
Le système vous donne moins de 1% de rémunération pour votre sacrifice d’épargne… mais le produit de votre épargne, il le prête à Bernard Arnault, gratuitement ou presque, afin que ce dernier réalise un profit de plus de 15% sur ses investissements et ses opérations financières.
Le principe de l’exploitation de ceux qui financent les investissements consiste à donner à l’épargnant ou au joueur une petite rémunération minimum pendant que celui qui bénéfice de l’épargne publique, le capital, engrange la plus-value que génère l’utilisation de cette épargne.
Le grand capital fait levier sur la petite épargne, il lui fait l’aumône de 1% pour engranger 15%. Il encaisse la différence entre ce que coûte l’épargne du public et ce que procure l’usage de cette épargne soit 14%. C’est systémique.
Tandis que la petite épargne se contente de la portion congrue, du SMIC, de la rémunération minimum, le capital s’octroie la valeur d’échange de cet argent sur les marchés boursiers.
Et pour les retraites…
Ceci est flagrant si on analyse le système des retraites : les ressources destinées au paiement des retraites servent au capital pour faire levier à son profit.
C’est d’ailleurs pour cela qu’a été créé le fonds BlackRock. L’argent du public, c’est la monnaie centrale (high-powered money) dont se sert le grand capital, en particulier le spéculatif, pour faire faire levier et écrémer les profits du système.
Ici, la nouvelle règle du jeu du moment, c’est la reflation, la reprise. Elle succède à la règle du jeu qui a précédé : le jeu de la Grande catastrophe, le jeu de la fin du monde.
Vous noterez que ce nouveau jeu commence alors même que la catastrophe regagne du terrain, avec une deuxième vague de Covid-19 balayant l’Europe et les Etats-Unis… mais peu importe, n’est-ce pas ?
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]