Le cycle impérial est long… et implacable. Les Etats-Unis ont déjà parcouru les premières phases – et semblent désormais avoir bien entamé leur déclin.
« Il y a en moi quelque chose de païen dont je ne puis me débarrasser. En bref, je ne nie rien mais je doute de tout. »
– Lord Byron, poète anglais du XIXème siècle
De la liberté à la gloire… puis, lorsque cette dernière prend fin, à la richesse, au vice, à la corruption… et enfin à la barbarie. C’est ainsi que Lord Byron, poète anglais du XIXème siècle, décrivait le cycle impérial.
Hier, nous avons proposé un corollaire : on peut déterminer à quel moment du cycle on se trouve en jetant un œil aux monuments. Pendant la phase de gloire, ils sont construits… et ils sont abattus lorsqu’on se rapproche de la barbarie.
C***eries libertariennes
Certains lecteurs s’en sont offusqués. Nous avons reçu ce message de Kevin R. :
« Etes-vous sérieusement en train de dire qu’abattre des monuments érigés par des racistes en l’honneur de traîtres est la preuve d’un déclin de notre civilisation ? Quant à Jefferson, même s’il était un génie, il possédait aussi des centaines d’êtres humains, a sexuellement agressé au moins l’une d’entre elles, à qui il a fait un enfant, et n’a pas libéré ses esclaves dans son testament. Alors s’il vous plaît, arrêtez avec vos c***eries libertariennes.
J’ai remarqué que, dans la mesure où vous semblez être sorti de l’université en 1970, vous paraissez avoir tiré le bon numéro à la loterie militaire. Je doute que vous aurez le cran de publier ma réponse dans votre article insipide et simpliste. »
Notre lecteur semble en savoir bien plus long que nous sur la vie privée de M. Jefferson… et pense que sa réponse est si accablante que nous aurons peur de la publier.
Il n’a pas compris ce que nous voulions dire. Nous ne parlons pas des « civilisations ». « Mieux » est au-delà de nos capacités.
Simplement, comme Lord Byron, nous doutons. Nous observons simplement comment les empires naissent et meurent… en nous demandant si le poète n’avait pas compris quelque chose.
Première phase : la liberté
Voyons si sa formule tient vraiment la route.
Nous estimons, à la louche, que la phase « liberté » a pris fin, pour les Etats-Unis, au début du XXème siècle. Les Etats-Unis avaient déjà 124 ans d’existence. Les constructeurs d’empires et les messies beaux parleurs étaient déjà en train de prendre le dessus.
Les Etats-Unis ont pris le contrôle des Philippines en 1899 suite à une guerre factice avec l’Espagne. Comme le décrivait Mark Twain dans sa lettre au New York Herald en octobre 1900…
« Nous avons pacifié quelques milliers d’insulaires et les avons enterrés ; nous avons détruit leurs champs ; brûlé leurs villages et mis à la rue leurs veuves et leurs orphelins ; nous avons brisé le cœur, en les exilant, à quelques dizaines de patriotes contrariants ; nous avons asservi les dix millions restants grâce à l’Assimilation Bienveillante, qui est le nom pieux désormais donné au mousquet. Nous avons acquis la propriété de quelque 300 concubines et autres esclaves de notre partenaire en affaires, le sultan de Sulu, et avons hissé notre pavillon protecteur sur ce butin. Ainsi, grâce à la Providence divine – l’expression vient de notre gouvernement, non de moi – nous sommes une Puissance Mondiale. »
Le fait d’être une grande nation semble incompatible avec le fait d’être une bonne nation. Une puissance mondiale doit jouer les gros bras. Pour cela, elle a besoin du soutien inconditionnel d’un peuple docile. Elle a également besoin d’institutions qui décrètent que le gouvernement en est le maître, au lieu d’être à son service.
Ces changements institutionnels se sont accélérés en 1913. Des modifications de la Constitution ont créé une banque centrale puissante – la Réserve fédérale – ainsi que l’impôt fédéral sur le revenu et l’élection directe des sénateurs US.
Quatre ans plus tard, le président Woodrow Wilson poussait les Etats-Unis dans une autre guerre étrangère imprudente, la Première guerre mondiale… tandis que le Congrès US approuvait l’Espionage Act, suivi du Sedition Act de 1918, qui faisaient de la dissidence un crime.
A ce moment-là, la liberté promise dans les documents fondateurs de la République américaine avait été majoritairement étouffée ; les autorités pouvaient faire presque tout ce qu’elles voulaient.
La phase de gloire est venue ensuite – mais elle a été de courte durée. Elle a probablement atteint son apogée durant la Deuxième guerre mondiale. Les Etats-Unis ont triomphé sur les deux fronts – contre l’Allemagne et contre le Japon –, ce qui leur a donné le contrôle indiscutable du Pacifique et de l’Atlantique.
Et que s’est-il passé ensuite ? C’est ce que nous verrons dès lundi.
3 commentaires
« PROCHAINE ÉTAPE AMÉRICAINE, LA BARBARIE ? » Les faits historiques montrent que les Etats-Unis n’ont jamais quitté la « Barbarie », ils l’ont appliquée dans le génocide des amérindiens, le racisme afro-hispanique puis toutes les discriminations d’apartheid et le néocolonialisme toujours basé sur la « Barbarie », une barbarie spécifique pour un peuple qui se dit « Exceptionnel » mêlant la Bible avec le dollar et le colt. Ce pays n’a jamais quitté la violence déjà avant sa création. Il n’a jamais été un Empire sinon celui de la violence ou de la barbarie. On peut accuser les japonais ou les chinois de copier, mais les Etats-Unis ont toujours tout volé y compris les cerveaux du monde entier, incapables de copier.Une autre remarque, les américains sans les russes n’auraient jamais gagné la guerre en Europe, JAMAIS.
Commentaire excessif, qui montre où il a été fabriqué. Bien sûr que si qu’ils l’auraient gagnée, la guerre en Europe, avec la bombe atomique !
Eduardo, pour parler de commentaire excessif… usez la bombe atomique, plus efficace que les arguments! 😀