Les élites ont désormais les moyens de nous inciter à « penser faux ». Tous les moyens sont bons pour séparer les mots de leur sens… et c’est dangereux pour votre liberté.
Il y a beaucoup de discussions sur la relation des humains à la nature. L’épidémie du coronavirus incite à ces discussions.
Je pense qu’elles sont justifiées – et même qu’elles le sont bien au-delà des préoccupations véhiculées par la santé publique ou même l’idéologie du changement climatique.
C’est une question de simple bon sens ; pas besoin d‘avoir un cadre de pensée écolo pour s’y intéresser. Pas besoin d’avoir suivi des études supérieures.
De même, je soutiens qu’il faut commencer à réfléchir sur notre rapport à la technologie, sur nos rapports avec nos outils – car il est maintenant certain qu’ils nous dépassent et nous empêchent de penser juste. Ils sont un « écran », c’est le cas de le dire : un cache entre la vie et nous.
Vous savez que je pratique la pensée radicale, celle qui met en question la pensée elle-même.
L’intelligence est un scalpel, un outil qui nous permet de mettre un certain ordre sur le chaos du monde, de le rendre intelligible. Nous nous devons de mettre en critique cet outil que constitue l’intelligence, de revoir les mots, les concepts, les articulations de raisonnements, les modèles, les systèmes afin de vérifier qu’ils sont toujours adaptés à la réalité.
Les mots n’ont plus de sens
Je soutiens que notre monde pratique de plus en plus la disjonction – c’est-à-dire qu’il fait glisser les mots sur le réel et les désancre. Il sépare les ombres des corps, il s’ingénie à couper les mots de leur sens, ce qu’explique George Orwell de façon superficielle mais imagée. Ce n’est pas un hasard si son livre 1984 est à la mode.
Séparer les mots de leur sens, c’est prendre le pouvoir sur les esprits puisque notre esprit conscient et inconscient est structuré comme/et par un langage. Au début de notre humanité, de notre capacité à être des humains, il y a le Verbe.
L’homme est un roseau, certes, mais un roseau qui pense. Et il pense avec des mots.
La modernité se caractérise par la possibilité donnée aux élites de penser faux et de l’imposer aux « sujets » grâce à la diffusion publicitaire, propagandiste, scolaire, etc.
La vérité est rejetée, escamotée au bénéfice de l’opinion – et l’opinion s’impose par le nombre. Le quantitatif supplante le qualitatif grâce à la répétition, la persuasion, la sollicitation des émotions, la force des images.
En fait, ce que je vous décris, c’est ce que l’on appelle le « soft power » : le moyen d’asseoir la domination en évitant de recourir aux armes de la dictature, à la violence. On fabrique les consensus, on les impose avec parfois, en prime, quelques bavures et autres coups de bâton, qui ne font que prouver que l’on n’est pas assez doué pour arnaquer les gens sans violence.
La meilleure et la pire des choses
Donc je vais à la racine des choses ; je m’interroge sur les rapports de plus en plus distendus entre notre capacité à mettre en mots, à verbaliser, à symboliser le monde réel.
Je soutiens que notre accès au langage est comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses – car le langage est comme la monnaie, il peut être truqué, faux-monnayé. Il nous domine et s’il est capable de véhiculer du savoir, il est aussi capable de véhiculer du mensonge, de l’influence et surtout de véhiculer du penser-faux.
Notre époque est celle des faux-monnayeurs.
Je soutiens que les corpus de savoir que nous utilisons, nos théories, sont dans de nombreux cas des constructions imaginaires, des projections idéologiques destinées à reproduire la société, à la faire jouir, à lui faire plaisir plutôt qu’à exprimer sa vérité, sa réalité. Je soutiens que nous vivons de plus en plus dans l’imaginaire de nos maîtres… et que ce faisant nous nous désadaptons au monde.
Ce qui nous ramène à notre coronavirus, comme nous le verrons demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
Comme l’a dit déjà quelqu’un bien avant moi, il n’y a que deux moyens de dire la Vérité :
– de manière anonyme ou encore,
– à titre posthume
De l’humour, oui, mais qui en dit long…