** Il pleuvait à Baltimore la semaine dernière. Aujourd’hui, le ciel est couvert. On annonce de la pluie, du verglas et de la neige.
* Faut-il s’en étonner ? On est presque en hiver. Et l’hiver est traditionnellement une saison difficile.
* "Les choses ont tellement changé", nous disait un ami hier. "Maintenant, quand on voyage, par exemple, on passe d’une voiture chauffée à un terminal chauffé, puis à un avion chauffé, puis à un taxi chauffé, puis à un bureau chauffé. On ne sait plus quel temps il fait dehors. Et on s’en fiche assez".
* "Je pense que c’est en partie pour ça qu’on est si blasés au sujet des menaces économiques et financières. Il ne semble tout simplement plus y avoir de monde réel. Tout est contrôlé. Tout est sous contrôle. Nous avons cette illusion… que nous pouvons contrôler le temps… que nous n’avons jamais à le subir".
* Mais l’hiver reste une période maigre pour bon nombre de gens. Dans USA Today :
* "La hausse des prix du carburant engendre une crise parmi les seniors et les gens aux revenus modestes, qui ne peuvent se permettre de chauffer leurs maisons".
* "C’est un hiver vraiment effrayant. Je ne sais pas ce que vont faire les gens", déclarait une âme charitable.
* Le taux central d’inflation américain n’est toujours pas inquiétant. Mais il n’inclut pas la nourriture ou le carburant. Le carburant de chauffage résidentiel devrait grimper de 30% par rapport à l’an dernier. Le propane a grimpé de 250%.
** Les gens accusent désormais la Chine de tous les maux. La nourriture grimpe ? La Chine est trop affamée. Le carburant grimpe ? La Chine utilise trop d’énergie. A présent, on accuse même la Chine de la hausse du prix des sapins de Noël.
* "La demande chinoise fait grimper en flèche les prix des sapins de Noël", déclare un article. Il continue :
* "La hausse de la demande chinoise et le boom des bio-carburants font grimper les prix des sapins de Noël en Allemagne. Les producteurs affirment être incapables de suivre la demande du géant économique asiatique".
* "Selon le HDH, organisation allemande de l’industrie forestière, la demande de sapins de Noël grimpe à cause de l’augmentation des exportations et du nombre croissant de foyers à une seule personne. Pendant ce temps, l’offre d’arbres a diminué parce que plusieurs milliers d’hectares de plantations forestières en Allemagne ont été consacrées à des utilisations plus profitables, comme les cultures dédiées au biocarburant, plus lucratives".
* Les Chinois sont donc avides de sapins de Noël aussi !
** Les commentateurs se demandent encore ce que font les marchés. En hausse, en baisse… en hausse, en baisse — où vont-ils ? Nous n’en savons rien. Mais il nous semble encore qu’il y a bien plus de risque à la baisse qu’il n’y a d’espoirs de récompenses à la hausse. La récession semble inévitable. Les revenus chutent. Où est le potentiel de hausse ?
* Même Alan Greenspan déclare que l’économie US "se rapproche du point mort". Comment le saurait-il ? Il doit l’avoir lu dans les journaux.
* Selon toutes probabilités, les actions ont commencé à chuter. La marée se retire. La grande vague de liquidités qui a porté tous les prix des actifs à la hausse — des appartements londoniens au soja en passant par l’art trash — baisse. Nous l’avons vu d’abord à la marge — les plaines basses du subprime qui ont commencé à s’assécher cet été. Nous commençons à le discerner dans les secteurs plus profonds de l’économie.
* Mais attendez… nous savons ce que vous pensez, cher lecteur. Qu’en est-il de toutes les nouvelles liquidités que les banques centrales mettent dans le système ? Cela ne va-t-il pas renverser la situation ? Cela ne va-t-il pas renverser la marée ? Cela ne va-t-il pas empêcher une récession ?
* Oui, les banquiers centraux font des heures supplémentaires. Ils ont lancé un effort concerté et coordonné pour s’assurer que les banques ont de l’argent. Comme le dit le Financial Times, Ben Bernanke a sorti son hélicoptère (en référence à l’une de ses remarques, avant qu’il ne devienne chef de la Fed, où il déclarait qu’il larguerait de l’argent par hélicoptère si nécessaire pour éviter une crise à la japonaise).
* Les banques centrales peuvent peut-être tuer un boom. Mais elles ne peuvent pas nécessairement ressusciter un boom déterminé à mourir. A l’occasion, elles rencontrent le problème que les économistes appellent "pousser sur la ficelle". Elles mettent de l’argent à disponibilité des banques. Mais ces dernières n’arrivent pas à fournir l’argent aux gens qui en ont vraiment besoin. Vous vous rappelez ces gens qui ne peuvent pas payer leur chauffage ? Eh bien, entre un riche banquier de Wall Street et un pauvre homme de Detroit, on trouve une légion d’intermédiaires — dont pas un seul ne veut perdre d’argent. Qui veut prêter de l’argent à quelqu’un qui ne le remboursera peut-être pas ? On a déjà essayé ; ça n’a pas marché. Qui veut prêter à un prêteur prêtant de l’argent à des gens qui ne peuvent pas le rendre ? Idem. Qui veut investir dans une dette basée sur un prêt à un prêteur qui prête à des prêteurs prêtant à des milliers de gens ne pouvant rembourser ? Déjà fait. C’est à ce moment-là que la ficelle commence à se tordre. Les autorités injectent de l’argent "dans le système" — mais le système n’en veut pas.
* Est-ce cela qui est en train de se passer ? Est-ce ce qui va se passer ? Nous ne pouvons pas l’affirmer. Mais nous pouvons vous dire que cela arrive de temps en temps. C’est arrivé au Japon récemment. Et cela ne peut qu’arriver aux Etats-Unis, tôt ou tard. C’est à ce moment-là, bien entendu, que Ben Bernanke commencera vraiment à chercher un hélicoptère.