La situation américaine est de plus en plus désespérée : ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de crise à ce jour… qu’il n’y en aura jamais.
Nous avons fait trois prédictions audacieuses :
- La Fed ne normalisera jamais volontairement sa politique monétaire ;
- le Donald ne se lancera jamais dans une guerre commerciale totale avec la Chine.
- tant les républicains que les démocrates en viendront à adopter la Théorie monétaire moderne (TMM).
Deux sur trois (à ce jour)
Pour ce qui est de la première, on y est. Le « Pivot Powell » a mis fin au programme de pseudo-resserrement de la Fed. Le président de la Fed, paniqué par le déclin du marché fin 2018, a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausses de taux cette année.
Normalement, la politique de la Fed laisse les marchés corriger. A présent, il ne fait aucun doute que la Fed ne permettra pas une correction boursière.
Quant à la deuxième… eh bien… pour l’instant, elle s’accomplit aussi.
Les négociateurs travaillent dur. Très probablement, le président américain annoncera prochainement un accord commercial magnifique… génial… qui satisfera les lobbyistes et les compères tout en n’ayant que peu d’effet réel sur l’économie.
La troisième prédiction est la plus extraordinaire. La Théorie monétaire moderne est l’idée insensée – très populaire chez Bernie Sanders et AOC – que les autorités devraient emprunter, imprimer et dépenser autant d’argent qu’elles le veulent… tant que rien de mal ne se produit.
Evidemment, l’économie soviétique a semblé être un réel succès pendant des décennies. Le Venezuela a nagé dans l’argent pendant de nombreuses années. Le Zimbabwe était autrefois l’économie la plus prospère d’Afrique.
Il y a des choses qu’on ne devrait pas faire… même s’il n’arrive rien de mal tout de suite. On saute d’un immeuble de 30 étages. Pendant au moins 29 étages, il ne se passe rien d’abominable.
Jouez à la roulette russe avec un six-coups : vous pourriez appuyer cinq fois sur la détente avant que les choses tournent mal.
De même, comme l’a remarqué autrefois l’économiste John Maynard Keynes : « il y a beaucoup de ruine dans un pays ». Même la pire politique économique a besoin de temps pour faire effet. La TMM elle-même pourrait sembler plutôt sympathique… jusqu’à ce qu’on assiste à une catastrophe.
Plus de relance
C’est pour cette raison que nous avons des théories, des principes, des règles et des « bonnes pratiques » : ils servent à nous empêcher de faire des choses que nous regretterons lorsque la situation finira par mal tourner.
Nous en parlons aujourd’hui parce que le président américain se tourne déjà vers la TMM. Nous pensions qu’il attendrait un krach des marchés, et que l’économie américaine sombre dans la récession. Même pas.
Il est déjà au travail, à l’avant-garde… préparant le public à accuser la Fed de l’inévitable explosion… et poussant la Réserve fédérale vers des politiques monétaires encore plus insensées – c’est-à-dire vers la TMM.
Voici un tweet récent de la Maison Blanche :
« La Chine relance beaucoup son économie tout en maintenant les taux d’intérêts bas. Notre Réserve fédérale n’a pas arrêté d’augmenter les taux alors que l’inflation est très basse, et a institué une très grosse dose de resserrement quantitatif. Nous pourrions nous envoler comme une fusée si on baissait les taux, genre d’un point, et qu’on faisait de l’assouplissement quantitatif. Oui, on s’en sort très bien avec les 3,2% de PIB, mais avec notre inflation magnifiquement basse, nous pourrions battre des records majeurs &, en même temps, faire que notre Dette Nationale commence à paraître petite ! »
Bref, le président pense qu’il faut plus de relance ! « Genre d’un point »…
Une chose devient claire. En dépit des efforts de Donald Trump pour paraître spontané et erratique, il est en fait très prévisible.
En matière de finances, il préférera toujours de l’argent plus facile, des taux plus bas, des dépenses plus folles et des déficits plus profonds.
Cela confirme aussi notre théorie de l’Histoire. Lorsqu’un empire se retrouve au bord d’un gouffre, il trouvera toujours des dirigeants pour lui administrer une petite poussée. Le moment est venu. Donald J. Trump est l’homme en question. L’Histoire est en chemin.
Un fantasme pervers
A quel point les Etats-Unis sont-ils proches du gouffre ? Le débat reste ouvert. Lorsque Donald Trump a été élu, un « homme fort » aurait probablement encore eu le temps de reculer… de réduire les dépenses et le niveau de dettes.
Au lieu de cela, M. Trump a choisi de prendre la direction opposée. A présent, il a affaire à une population vieillissante… un Deep State surpuissant… et une dette gouvernementale monumentale. Lorsqu’un boom prend fin, des choses affreuses se produisent. Les actions s’effondrent. L’économie entre en récession.
Les déficits doublent. Les politiciens et les décideurs se tournent vers des fantasmes… comme la TMM.
Quant à l’idée que baisser les taux directeurs d’un point – passant ainsi en territoire négatif – relancerait l’économie à tel point que « la Dette Nationale [commencerait] à paraître petite », c’est une escroquerie.
Les taux sont négatifs depuis près de 10 ans ; la dette fédérale américaine a plus que doublé tandis que les taux de croissance réelle ont chuté.
Au lieu de causer un boom, 10 autres années d’une telle politique laisseront plus probablement la dette fédérale à 40 000 Mds$… et l’économie au fond du gouffre.