Transferts, cartes et moyens de paiement sans contact… la gestion de notre argent au quotidien échappe de plus en plus aux banques.
Dans un précédent article, j’ai abordé un certain nombre d’évolutions des moyens paiements. Aujourd’hui, je voudrais vous entretenir des dernières innovations qui rendent inévitable la suppression du « mandat cash » par La Banque Postale.
Alors qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’un pan d’activité assez anodin, le segment du transfert d’argent a pourtant enregistré la plus grosse levée de fonds de la fintech en Europe en 2017. 280 M$ : c’est le montant qu’a levé début novembre TransferWise, une plateforme britannique spécialisée dans le transfert d’argent interdevises.
L’entreprise a été créée en 2011 par deux Estoniens installés à Londres, excédés de payer de lourdes commissions de change à leur banque lors de chaque virement transfrontalier. Après le 1,3 M$ obtenu en 2012 lors de sa levée d’amorçage, cet argent frais va permettre à la start-up, qui se dit rentable depuis 2017, de financer son développement en Asie-Pacifique, en priorité en Inde où elle sera opérationnelle dès 2018.
Couvrant déjà plus de 50 pays (le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France sont ses premiers marchés en termes de chiffre d’affaires), la plateforme traite autour d’1 Md€ par mois pour deux millions d’utilisateurs.
Niveau tarifs, le site frenchweb.fr explique :
« La fintech prélève une commission de 0,5% du montant envoyé (ou un minimum de 2 €), tout en affirmant être ‘jusqu’à huit fois moins cher’ que ‘les banques qui peuvent vous facturer jusqu’à 5% de frais cachés lorsque vous envoyez de l’argent à l’étranger’. »
L’objectif est avant tout de concurrencer les banques, bien plus qu’il n’est de faire de l’ombre à Western Union (« qui est très bon pour distribuer du cash, ce qui revient très cher », explique Kristo Käärmann). Avec des concurrents directs tels que WorldRemit, Azimo et Revolut (depuis que la néobanque propose de transférer gratuitement jusqu’à 5 000 £), TransferWise opère sur un marché très concurrentiel. Sa valorisation dépasse désormais 1,6 milliard de dollars, ce qui en fait l’une des 15 licornes européennes.
Avec l’introduction en 2016 d’une offre business et le lancement prévu en 2018 d’un compte multidevises avec IBAN et carte de paiement, la fintech spécialisée dans le transfert d’argent prend de plus en plus l’allure d’une néobanque. Affaire à suivre, donc !
Depuis la démonétisation des billets les plus utilisés par le gouvernement Modi, le marché indien est une cible de choix pour les firmes opérant sur le créneau du paiement dématérialisé. WhatsApp pourrait bientôt lancer un système de transfert d’argent en peer to peer. Bientôt un nouveau mastodonte sur le marché du transfert d’argent ?
Les cartes de paiement « du futur »
Le 20 mars, le chroniqueur high tech des radios BFM et RMC, Anthony Morel, présentait trois « cartes de paiement du futur ».
Si vous êtes un fidèle lecteur de cette chronique et que vous avez vu l’émission, vous avez dû reconnaître deux de ces trois cartes de l’entreprise française Idemia, que j’avais évoquées début janvier.
La première est une carte à reconnaissance d’empreintes digitales qui évite d’avoir à retenir un code. Une fois en caisse, elle vous permet de régler votre achat en approchant votre carte du terminal de paiement en maintenant un doigt sur le lecteur d’empreintes situé en bas à droite de la carte, de manière à valider la transaction.
La différence avec le sans contact ? Pas de plafond à 30 € (depuis le mois d’octobre, ce ne sont plus 20 € mais 30 € que vous pouvez dépenser par transaction sans contact grâce à la technologie NFC). Cette première carte devrait entrer en service courant 2018.
La deuxième est une carte à code crypto dynamique qui change toutes les 20 secondes et qui se veut non piratable, déjà distribuée par la Société Générale.
Je ne connaissais en revanche pas la dernière carte présentée dans l’émission. Il s’agit d’une multicarte bancaire pour les gouverner toutes ! Une carte qui peut par exemple regrouper votre compte perso, votre compte joint et votre compte pro. Elle est dotée de diodes luminescentes et d’un bouton poussoir qui vous permet une fois en caisse de choisir à partir de quel compte vous allez régler la transaction. Inconvénient : si elle ne fonctionne plus, vous avez intérêt à avoir sur vous une carte de secours…
Lorsqu’elles ne sont pas déjà commercialisées, ces innovations ont vocation à se déployer dans un futur très proche.
Payer avec sa montre ou avec ses clés, c’est pour bientôt ?
Un peu plus loin devant nous, on aperçoit à l’horizon les paiements sans contact avec un bijou connecté. C’est Delphine Cuny qui nous informe sur La Tribune de l’allure que pourrait prendre le sans contact d’ici quelques années. Cette fois-ci, on ne se situe plus en France mais aux Pays-Bas, chez ABN Amro.
Depuis 2017, la banque expérimente en interne le paiement sans contact et sans carte, en collaboration avec Mastercard et la fintech britannique Digiseq. Comme une carte bancaire sans contact, le bijou (bague, bracelet, montre… ou un porte-clés) comporte une puce, ce qui permet de s’en servir pour régler une transaction. 500 clients se sont vu remettre en début d’année l’un de ces nouveaux moyens de paiement afin de poursuivre la phase de test qui durera jusqu’au mois de juin.
ABN Amro n’est pas la seule sur ce créneau puisque la banque australienne Bankwest teste depuis janvier une bague de paiement connectée. La CaixaBank a quant à elle opté pour une montre intelligente. Le paiement par bijou connecté pourrait également se déployer en Grèce dès 2018.
Très prochainement, nous verrons ce qu’il en est d’autres innovations tout aussi importantes… pour ne pas dire à même de bouleverser les moyens de paiements !