** Lorsque nous vous avons laissé la semaine dernière… les choses devenaient intéressantes.
* Les forces implacables de l’inflation étaient sur le point d’entrer en collision avec l’objet immobile de la déflation. Et les deux deviennent de plus en plus proches. Dans peu de temps, le choc aura lieu.
* La richesse est en train de s’évaporer. Lorsque la marée se retire, déclare Warren Buffett, on voit qui était en train de nager nu — on découvre qui avait oublié de mettre son maillot. Les prix baissent… et on se rend compte qu’on n’a rien pour protéger ses parties les plus vulnérables. Mais même les investisseurs qui ont été plus prudents perdent de l’argent. Tout le monde perd de l’argent. Comme l’a dit Russell, le gagnant c’est juste celui qui perd en dernier.
* Lorsque la marée se retire… tous les actifs qui étaient soutenus par les flots de liquidités commencent à baisser. Bien entendu, on a déjà vu ça sur le marché immobilier US — où, selon les derniers chiffres, les ventes sont en baisse dans 46 états… et les prix chutent dans tous les Etats-Unis pour la première fois depuis la Grande dépression. "Nous n’avons pas encore atteint les planchers les plus bas en termes de réajustements, défaut de paiement et pertes sur les prêts hypothécaires", déclare un rapport de l’OCDE. Les Etats-Unis sont "au bord de la récession", déclare le UK Times.
* La chute des cours des actions, jusqu’à présent, a fait partir en fumée quelques milliers de milliards de richesse implicite. La chute du dollar en a effacé quelques milliards supplémentaires. Selon Goldman Sachs, le credit crunch fera disparaître 2 000 milliards de dollars de crédit. Et bien entendu, il y a les pertes directes du credit crunch… qui pourraient rajouter 300 milliards environ. Quelques milliards par ici… quelques milliards par là… et bientôt, on a de vraies sommes.
* C’est là l’objet immobile dont nous parlions : les prix chutent… l’argent disparaît. C’est la déflation avec un D majuscule.
** Pendant ce temps… les forces implacables de l’inflation se dirigent vers nous. Les prix grimpent… et partout dans le monde, les gens disent la même chose : les chiffres officiels de l’inflation mentent. Et partout dans le monde, ils ont sans doute raison.
* Les prix à la consommation grimpent. La semaine dernière, Hong Kong et la Russie ont annoncé une hausse des taux d’inflation. Aux Etats-Unis, Merrill Lynch rapportait que le coût de la fête de Thanksgiving avait grimpé de 8% — soit plus de deux fois le taux d’inflation officiel — depuis l’an dernier.
* Les classes moyennes sont prises entre l’ouragan de la hausse du coût de la vie… et le marasme de la baisse du prix des actifs. Les gens ont moins d’argent à dépenser… et plus de manières de le dépenser. Cette force implacable les pousse d’un côté. Un objet immobile bloque leur retraite. Ils vont être écrasés.
* Ce sont eux qui possèdent des maisons et ont investi dans des fonds d’investissement… ce ceux eux qui doivent trop d’argent… et le coût de la vie leur échappe.
* Ils ont peut-être des salaires confortables… mais ils n’ont guère de marge. Tout le monde travaille déjà à plein temps… ou plus. Une fois payé le prêt hypothécaire, le prêt automobile, les études des enfants… et les autres dépenses courantes… il leur reste moins qu’il ne restait à leurs parents. Du progrès, ça ?
* Nous avons affirmé que le "progrès" de cette génération d’Américains est largement une illusion. Ils gagnent plus. Ils ont plus de gadgets. On dit que leurs maisons valent plus. Mais ils ont en fait moins de richesse réelle que la génération qui les a précédés.
* Personne ne se faisait de souci quand les ouvriers à la chaîne perdaient de l’argent. S’ils étaient trop bêtes ou trop lents pour obtenir un travail de bureau, disait la classe moyenne, ils méritaient leur sort. Mais voilà que les gens de la classe moyenne commencent à se sentir idiots eux aussi.
* On est soit contrarien, soit victime — surtout dans une déflation de crédit. Lorsque les prix chutent pour la plupart des actifs… il faut être contrarien pour posséder les rares choses qui ne baissent pas. Et lorsque la formule financière de base qui a guidé toute une génération tombe en panne, il faut être contrarien pour en trouver une nouvelle. Depuis 1980, plus on moins, les Américains ont épargné de moins en moins sur leurs revenus. Acheter une nouvelle maison… acheter une autre voiture… consommer plus de carburant fossile… dépenser plus d’argent. Cette culture de la dépense a aidé à accélérer la croissance économique en Asie. Les Américains étaient prêts à acheter n’importe quoi, qu’ils en aient besoin ou non. Les Asiatiques ont commencé à fabriquer des choses, les vendre aux Américains et engranger les gains. Alors que ce processus s’intensifiait, les Asiatiques accumulèrent de plus en plus d’argent… et une part de plus en plus grande de l’industrie mondiale. En d’autres termes, les dépenses de la classe moyenne américaine ont financé l’ascension de leur plus grand concurrent. Et à présent, le lumpenménage US est dans le pétrin.
* La solution contrarienne évidente était de ne PAS faire ce que les classes moyennes américaines faisaient : ne dépensez pas, épargnez ; n’empruntez pas, prêtez. Ne consommez pas, faites avec ce que vous avez ; n’achetez pas une grande maison loin de votre lieu de travail, louez en une petite à proximité. Ne vivez pas royalement, vivez chichement. N’achetez pas d’actions, achetez de l’or.
* Ces 27 dernières années, toutes ces choses contrariennes n’attiraient pas plus la plupart des gens que des implants capillaires bon marché. Ils se sentaient un peu ridicules, à conduire des voitures usagées… ou à avoir des cuisines à revêtement de sol en lino.
* Mais les modes changent. L’épargne est peut-être sur le point de faire un retour.