Le retournement du marché obligataire se confirme. Les rendements montent et, normalement, ils évoluent dans le même sens que l’inflation.
« Les investisseurs se préparent à l’inflation », prévenait la première page du Wall Street Journal mercredi dernier.
« La hausse des rendements des bons du Trésor US se fait sentir sur les marchés », ajoutait le journal jeudi.
« Les bons du Trésor US en tête d’une vague de ventes obligataires », rempilait le Financial Times, « les investisseurs craignent un retrait plus rapide des mesures de stimulus ».
Ces titres annoncent peut-être le plus grand virage financier de ces 35 dernières années.
Les actions atteignent des sommets record… mais les obligations reculent.
Le courage du charlatan
Pendant trois décennies et demi, l’inflation et les taux d’intérêt – qui tendent à évoluer dans la même direction – ont baissé.
A présent, ils grimpent.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans – un benchmark important pour le coût de l’emprunt dans l’économie – a chuté à 1,37% le 8 juillet 2016.
Depuis…
« Une autre chute des prix obligataires a fait passer le rendement du bon du Trésor à 10 ans au-dessus des 2,5% », dit le Wall Street Journal.
Qu’est-ce que ça signifie ?
Prend forme devant nous une délicieuse farce, une comédie d’erreurs et d’ignorance à la Benny Hill – sans les femmes en petite tenue.
La présidente de la Fed, Janet Yellen, n’a soit pas vu venir la vague de vente obligataire… ou bien n’a pas pensé qu’il fallait s’en inquiéter.
« Aucun voyant n’est au rouge », a-t-elle dit lors de sa dernière intervention devant le Congrès. « Ni même à l’orange ».
Parfait.
Du point de vue de la comédie, en tout cas.
Mme Yellen, qui était alors à la Fed de San Francisco, n’a pas non plus vu venir la crise de 2008. Elle a préféré lui tourner le dos… et s’est pris un coup de règle sur les doigts.
Puis, lorsque la crise a frappé, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il fallait faire pendant la tempête… si bien qu’elle a demandé l’avis de son vaillant chef à l’époque, l’hilarant Ben Bernanke.
Ce clown a plus tard affirmé, très modestement, qu’il avait eu « le courage d’agir ».
Le courage ?
Les marchés corrigeaient les dégâts infligés par les excès de crédit que Greenspan, Bernanke, Yellen et al. avaient fournis. Au lieu d’avoir les tripes de laisser la correction faire son travail, Bernanke a paniqué… injectant encore plus de crédit.
Sous les applaudissements de quasiment tous les investisseurs, ménages, politiciens et économistes, il passé les taux à la moulinette et a racheté les obligations avec du cash digital nouvellement créé (le QE).
En d’autres termes, il a été le charlatan qui a donné aux diabétiques ce qu’ils voulaient : plus de beignets au sucre.
Alerte écarlate
A présent, l’économie mondiale est peut-être en train d’entrer dans un coma provoqué par 233 000 Mds$ de dette – dont la quasi-totalité dépend désespérément des taux d’intérêt absurdement bas de Bernanke et Yellen.
Quant au signal alarmant délivré par les marchés obligataires la semaine dernière, nous le mettrions dans la catégorie écarlate.
Pourquoi ?
Les investisseurs obligataires sont généralement plus professionnels et plus expérimentés que les investisseurs boursiers.
Alors que le marché boursier continue à faire des trous dans le plafond, les prix de l’obligataire prennent l’ascenseur vers le sous-sol. Les rendements obligataires – ainsi que le coût de l’emprunt dans toute l’économie – grimpent.
En d’autres termes, la tendance qui a marqué pratiquement toute notre vie d’adulte – le doux « stimulus » qui a engraissé tous les prix, entreprises, prêts et espoirs financiers de la planète – est en train de tourner à l’aigre.
Les banques centrales, via divers programmes de QE, ont émis environ 15 000 Mds$ de crédit supplémentaire à ce jour depuis le début du siècle. Mais les banques centrales donnent… et reprennent. Ce qu’il y a de drôle, c’est qu’elles le font quasiment toujours au mauvais moment et pour les mauvaises raisons.
A présent, alors que plus de gens doivent plus d’argent que jamais, les banques centrales des Etats-Unis, de la Zone euro et de la Chine sont soit en train de ralentir leurs rachats obligataires, soit en train de réduire les stocks d’obligations qu’elles possèdent déjà.
La fin du « bol de punch »
Il est par exemple prévu que la Fed réduise les obligations figurant à son bilan au rythme de 600 Mds$ par an d’ici la fin 2018.
Jens Weidmann, membre allemand du conseil de la Banque centrale européenne et qui devrait prendre le rôle de président l’an prochain, a appelé à une fin prématurée de l’assouplissement quantitatif en Europe.
Et la Chine est non seulement en train de réduire son impression monétaire, mais elle signale également qu’elle n’est peut-être plus très motivée pour acheter encore plus de dette US.
Ce qui fait de la Banque du Japon la seule banque centrale majeure qui continue à injecter des liquidités. Sauf que cette dernière grande source de crédit mondial semble resserrer elle aussi sa politique.
Selon le Financial Times :
« [L]a Banque du Japon a réduit de 10 Mds¥ ses achats de dette à 10 et 25 ans, à 190 Mds¥ [1,7 Md$]… la première réduction du secteur depuis décembre 2016. »
Et « si l’utilisateur le plus assidu de quantitative easing au monde réduit son utilisation du fameux ‘bol à punch' », se demande un analyste chez le courtier britannique IG, est-ce que cela signifie que les autres « commenceront à passer à la vitesse supérieure plus tôt qu’on le pensait jusqu’à présent ? »
Peut-être.
Nous allons ajouter notre propre question : les banquiers centraux auraient-ils pu se tendre un meilleur piège ?
Ils ont attiré le monde entier dans leur fête – promettant alcool et petits fours gratuits. A présent, non seulement ils rangent les bouteilles et éteignent les lumières… mais ils mettent aussi le feu aux rideaux.
[NDLR : Les rendements évoluent dans le même sens que l’inflation et l’or s’installe au-dessus de 1 300 $ l’once. Etes-vous prêt à profiter de son prochain grand marché haussier ? C’est maintenant qu’il faut vous placer. Découvrez ici comment.]
3 commentaires
M. Bonner:
Vous avez encore raison.Comme pour les Parasites et le Deep State et le Créditisme. Tout est inextricablement lié. Le Mondialisme a propulsé la Chine à la seconde place de la planète économique et technique, au mépris du bonheur du peuple chinois (dictature, pollution ….). Les gouvernants US fermaient les yeux sur l’appauvrissement programmé de leur propre peuple en payant les importations chinoises …avec des dettes payables …plus tard (ou jamais, en tout cas par d’autres). La Chine stabilisait le système en achetant des US Bonds.
Alors, le peuple américain s’est rebellé et a élu Trump pour casser le système. Trump, remplissant son mandat a décidé de fermer le robinet des importations à bas-coût. La Chine s’est dit qu’elle pouvait aussi entrer dans la danse en créant des dettes à l’infini pour financer sa « Route de la Soie ».
Aujourd’hui, Fin de Partie ! Pressentant le Déluge(Bitcoins, or …), la chine n’achète plus de US Bonds. La Confiance sur laquelle reposait le fragile échafaudage s’est évaporée…
Janette ne peut rien faire d’autre que de relever les taux pour sauver les meubles SI C’EST POSSIBLE.
A moins que Trump ne fasse machine arrière. Mais le peut-il ?
La suite promet d’être palpitante.
– « Le veau d’or est toujours debout », mais ses beaux jours sont à présent comptés… mais cet enchaînement n’est-il pas trop tardif et demande d’avantage de réactivité pour protéger ses économies !
*Aujourd’hui ; le vent a tourné & il y a eu 1 premier retour de bâton judiciaire contre la Société Générale.. alors que cette Justice avait tenté de faire trinquer le lampiste Kerviel auparavant, sans avoir fait 1 audit des comptes de la SG. Hollande avait été au-dessous de tout en tentant de ménager la SG et de négocier l’amnistie de Kerviel (qui l’a refusée)…
https://www.francetvinfo.fr/societe/justice/jerome-kerviel/societe-generale-bercy-reclame-2-2-milliards-d-euros-a-la-banque_2566743.html
-flasu-back 2016 : http://www.lepoint.fr/societe/societe-generale-kerviel-devra-t-il-rembourser-4-9-milliards-la-justice-tranche-23-09-2016-2070649_23.php
– – Jérome Kerviel clamait qu’il ne s’était pas personelement enrichi d’un centime lors de l »affaire de la Société Générale mais aure nouvelle du Figaro peu diffusée : Le conseil de prud’hommes de Paris a décidé de condamner la banque française à payer 455.000 euros à son ancien trader pour l’avoir licencié sans «cause réelle ni sérieuse» et dans des conditions «vexatoires». En réaction, l’avocat de la banque, Arnaud Chaulet, a dénoncé une décision «scandaleuse» et fait appel de ce jugement.
http://www.lefigaro.fr/societes/2016/06/07/20005-20160607ARTFIG00272-la-societe-generale-condamnee-a-verser-455000-euros-a-jerome-kerviel.php