La Fed n’a pas augmenté ses taux la semaine dernière. Nous sommes d’avis qu’elle ne remettra pas les taux à la normale de sitôt. Elle a déjà trop faussé le système, pendant trop longtemps.
Les politiques d’argent facile des banques centrales ont créé une véritable serre chaude de spéculation, d’erreurs et de mauvaise allocation des ressources.
Les plantes financières qui ont grandi dans cet environnement — des mutants grotesques nécessitant de gigantesques doses de liquidités — ne peuvent pas survivre à un changement de saison.
Mais ces plantes sont énormes. Et puissantes.
Partout dans le monde, les initiés… l’immobilier… la finance… contrôlent le gouvernement, la bureaucratie et de grands secteurs économiques — notamment l’industrie de la défense.
Ce dont ils ont besoin — ce dont toute l’économie a besoin — c’est d’une correction. Les excès de dette doivent être purgés. C’est ce à quoi servent les cycles du crédit, les faillites et les dépressions.
« La normale » inclut des corrections. Mais les autorités ne peuvent pas les laisser se produire |
« La normale » inclut des corrections. Mais les autorités ne peuvent pas les laisser se produire.
Nos dirigeants ont parié leur carrière — et leur fortune — sur le mythe selon lequel ils peuvent dompter le cycle du crédit… et empêcher de sévères revers. Ils ne vont pas abandonner maintenant et admettre leur défaite. Ils ne vont pas laisser leurs principaux compères — ou ceux qui leur versent de grosses sommes pour leurs campagnes électorales — faire faillite.
Finances mutantes
Oui, les autorités ont créé ce monde financier mutant. Elles ne peuvent pas le réparer parce qu’elles veulent qu’il reste en panne. Le citoyen moyen en souffre ? Et alors ? Eux, en tous cas — les autorités et leurs compères au sein du Deep State — prospèrent. Et c’est ce qui compte vraiment à leurs yeux.
Dans ces colonnes, nous avons montré comment le système est devenu « extractif » plutôt que productif.
Dans une économie normale et saine, les gens travaillent, épargnent, investissent et construisent une richesse réelle, un sou à la fois. Mais la monnaie actuelle est différente. L’économie aussi est différente. Elle fonctionne au crédit, non avec de l’épargne réelle, et construit de la dette, non de la richesse.
Au lieu d’encourager l’épargne — ce dont on a besoin pour progresser — elle la pénalise. Au cours des 10 dernières années, les épargnants américains, pour ne citer qu’eux, ont perdu près de 8 000 milliards de dollars à cause des politiques de taux zéro.
Tandis que les épargnants étaient punis, les emprunteurs étaient récompensés.
Depuis 1980, l’économie américaine a ajouté environ 50 000 milliards de dollars d’excès de dette — bien au-delà de ce que peut confortablement supporter la production réelle.
Ces 50 000 milliards ne venaient pas de travail honnête et d’épargne. Ils ont été orchestrés par les banques — à partir de rien.
A présent, l’économie productive doit payer les intérêts — et le principal — de cette dette — extrayant, dans les faits, de la richesse réelle de l’économie réelle pour la transférer vers la finance et autres secteurs favorisés.
Les gens honnêtes et travailleurs luttent pour se maintenir à flot tandis que la richesse réelle va aux élites |
L’arnaque est si élégante que pas une personne sur 1 000 ne comprend comment elle fonctionne. Nous l’étudions depuis des années, et nous sommes encore bouche bée. Mais le résultat est évident : les gens honnêtes et travailleurs luttent pour se maintenir à flot tandis que la richesse réelle va aux élites.
Politique et arnaque
Hélas, même la meilleure escroquerie finit par avoir des problèmes. Le fardeau de la dette écrase l’économie réelle. Les secteurs productifs s’embourbent. L’industrie manufacturière disparaît. L’activité ralentit. Le commerce ralentit. L’emprunt ralentit.
Et les autorités ne tardent pas à payer les gens pour emprunter ! Comme le rapporte mon collègue Chris Lowe, environ un tiers de la dette gouvernementale des pays développés — d’une valeur d’environ 7 000 milliards de dollars — s’échange désormais à des taux négatifs.
Et là, encore plus d’élégance…
Avec le ralentissement de l’économie mondiale, les banques centrales s’adaptent au monde qu’elles ont créé.
Comment ?
Avec plus de politiques d’escrocs.
« Les risques mondiaux forcent la Fed à se réaligner », titrait un Financial Times la semaine dernière. La Réserve fédérale américaine a réduit ses prévisions de hausses de taux pour cette année, réalignant ses perspectives avec les attentes des marchés.
Vous voyez comment ça fonctionne ?
Les banques centrales détruisent l’économie réelle avec de l’argent bon marché et des politiques « extractives » |
Les banques centrales détruisent l’économie réelle avec de l’argent bon marché et des politiques « extractives ». Ensuite, étant donné que l’économie s’affaisse, elles doivent réaligner leur politique avec le ralentissement économique. Elles doivent renoncer à ramener les taux à la normale.
Et puisque leurs politiques ne peuvent en aucun cas produire de la prospérité réelle, elles ne peuvent pas non plus produire une économie capable de supporter des taux d’intérêt normaux.
« La normale » ?
Oubliez ça.
« La normale » finira par faire son retour… mais pas parce que les autorités le souhaitent. Les marchés vont plutôt normaliser — brutalement — en passant sur le corps des banques centrales…
… Ce qui nous conviendrait tout à fait.
2 commentaires
J’ai surtout l’impression que nos grands « spécialistes » de la finance ne savent pas comment faire. Car oui, le XXIe siècle est le siècle des spécialistes en tout genre qui ne savent rien alors que jusqu’au début du XXe siècle, il n’y avait aucun « spécialiste » mais que tout le monde savait tout. Cela se vérifie dans tous les domaines. C’est particulièrement inquiétant dans les médias, il n’y a plus que des « consultants spécialistes » et plus aucun journaliste qui prend le temps de réfléchir. On vit un monde assez désaxé. Freud s’arracherait les cheveux et ferait un tentamen.
M. Bonner: Mon explication est simple mais me semble cohérente. Depuis le milieu des années 1970, les politiques favorisent les consommatrices (= la majorité électorale) aux dépends des producteurs, par de multiples biais. Soit en pesant sur les prix à la production , soit en créant des emplois de convenance peu rentables. Le résultat fut la raréfaction des producteurs pour cause de rentabilité et l’explosion des emplois tertiaires (+ de 80% des salariés aujourd’hui). La mondialisation (la Chine usine du Monde) fut l’inéluctable étape suivante, ainsi que les manipulations monétaires pour que les monnaies occidentales restent fortes. Puis, de façon logique, arriva la Dette. Nous vivons donc l’ultime soubresaut de nos économies, asphyxies par un système politique qui ne profite pas aux Peuples, mais à une caste parasite, maintenant prisonnière de ses mensonges. Tout parasite meurt un jour avec le corps qui l’héberge. Il semble bien que ce système politico-économico-social en soit à sa fin. Espérons qu’après les épreuves à venir, quelques survivants sauront mettre au point un meilleur ordre politique, économique et social plus juste. Les gens sensés se doivent de réfléchir à une nouvelle donne en tirant les leçons des erreurs passées.