Sylvain Frochaux
▪ Comment réagir aux annonces de résultats d’entreprise ? Attendre que cette information soit dévoilée au grand public ou essayer de deviner ce que les dirigeants essaient de cacher ?
C’est à cette question que les auteurs de l’étude* que je vous présente aujourd’hui se sont attelés. Leurs signaux, simplissimes comme vous le verrez plus bas, ont généré une surperformance moyenne de 1,2% par mois, soit plus de 15% par an par rapport à l’indice de marché.
Nos deux chercheurs se sont penchés sur le timing de l’annonce de la date de publication des résultats. C’est-à-dire à quel moment telle ou telle entreprise décide de publier leurs chiffres — dans 10 jours, par exemple, ou dans deux mois.
Cet écart entre le moment de l’annonce et la publication réelle des résultats est un élément clé pour mesurer la qualité des chiffres à venir |
D’après les auteurs, cet écart entre le moment de l’annonce et la publication réelle des résultats est un élément clé pour mesurer la qualité des chiffres à venir — surtout lorsque le nombre de jours est comparé avec la situation au trimestre précédent. Plus le nombre de jours est faible (ou disons plus son nombre a été réduit par rapport à la dernière publication), plus l’entreprise chercherait à limiter la casse.
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Autrement dit, il semblerait que les investisseurs soient plus attentifs aux chiffres d’une société lorsque l’annonce de leur publication est effectuée bien en avance. Ces variations dans l’attention des investisseurs affecteraient donc directement les performances à court et long terme des actions concernées.
En conséquence, les sociétés cotées sont encouragées à « optimiser » la date à laquelle elles préviennent le public de leur prochaine publication. A optimiser l’annonce de l’annonce, en quelque sorte.
L’investisseur étant plus attentif lorsqu’il connaît cette date bien en avance, les entreprises ont donc tout intérêt à le prévenir au dernier moment lorsque leurs chiffres s’avèrent mauvais. Elles ne se gênent d’ailleurs pas pour le faire, tout comme elles préfèrent dévoiler les dates bien en avance lorsque les résultats sont solides.
Les deux chercheurs en ont du coup déduit une stratégie assez simple. Elle consiste à acheter les actions lorsque les résultats sont annoncés plus en avance qu’ils ne l’avaient été pour le même trimestre de l’année précédente. Et à vendre à découvert un panier de titres qui n’entrent pas dans ce cas de figure. L’idée est de profiter ici de l’écart de performances entre ces deux situations.
La seule information nécessaire pour mettre en place cette stratégie long/short est l’historique des dates des « annonces des annonces » |
Avantage : la seule information nécessaire pour mettre en place cette stratégie long/short est l’historique des dates des « annonces des annonces », qui est toujours une donnée publique au moment de la prise de décision.
Le résultat : une surperformance de 1,2% par mois, soit environ 15% par an en plus du marché, en réinvestissant les bénéfices. La question reste le panier des valeurs à considérer pour s’éviter de trop fortes commissions. Donc, comme toujours, la clé réside dans le money management et dans la capacité des arbitrageurs à suivre à la lettre, et sur la durée, les différents signaux.
Dans tous les cas, la prochaine fois qu’une entreprise tardera à annoncer la date de la prochaine publication de ses résultats, posez-vous la question : anguille sous roche ?
* L’étude mentionnée dans cet article, et bien d’autres encore, peuvent être consultées en vous enregistrant sur notre page spéciale « Agora ».