▪ "Méfie-toi des gens qui te disent qu’ils ne sont pas intéressés par l’argent. Ils finissent toujours par te coûter très cher", me dit un jour mon père.
C’était un conseil utile pour la vie privée mais vrai aussi pour la vie publique.
Si les gens s’intéressaient à l’argent et à la monnaie, tout le monde s’en porterait mieux. Hélas, la plupart des gens préfèrent s’intéresser à la politique… ce qui va nous coûter très cher puisque l’art de la politique contemporaine consiste, en économie, à faire passer des vessies pour des lanternes. L’un des moyens les plus puissants d’y parvenir est la monnaie.
Nous vivons dans un monde où toute richesse se mesure en monnaies — qui elles-mêmes se mesurent à… rien ! Autrefois, il était d’usage qu’une monnaie se mesure en or ou en argent. L’économie tournait autour d’échanges de marchandises et plus on avait de marchandises à échanger plus on était riche, l’or ou l’argent étaient aussi marchandises.
La "politique économique" se résumait alors :
– à imposer des taxes douanières pour freiner les importations (ce qui permettait à la contrebande de prospérer) ;
– à tricher sur la monnaie (Crésus, Philippe Le Bel, etc. ce qui permettait de faire croire que le pouvoir en place était plus riche qu’il ne l’était réellement) ;
– à contrôler les prix (l’inepte "édit du maximum" de Dioclétien qui punissait de mort ceux qui poussaient les étiquettes, ce qui conduisit à une inflation maximum) ;
– à taxer (ce qui profitait aux paradis fiscaux).
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En général, toute expérience désastreuse se terminait vite par des faillites, des émeutes, des guerres, des famines, ce qui permettait de limiter les dégâts.
Les expériences désastreuses peuvent désormais être poussées beaucoup plus loin |
Mais tout ceci appartient à un monde simpliste révolu. Les expériences désastreuses peuvent désormais être poussées beaucoup plus loin. Les politiciens ont inventé une arme redoutable avec la monnaie adossée à rien et maintenant dématérialisée. La palette de la "politique économique" s’est ainsi considérablement élargie : taux directeur, politique de taux zéro, quantitative easing, taux de change flottant, guerre des devises… Tout échange ne se mesure plus qu’en reconnaissances de dette. Il suffit de faire croire qu’on est solvable pour continuer à échanger des dettes contre quelque chose, à emprunter pour dépenser.
Des idées aussi stupides qu’"une monnaie faible dope les exportations" sont accueillies favorablement par un public esbaudi et satisfait d’obtenir quelque chose en l’échange de rien.
▪ Mais revenons à l’échange…
Dans un pays bien géré, à la longue, les exportations doivent payer les importations. A l’échelle d’un individu, ceci revient à dire qu’à la longue, vos recettes (votre travail ou les fruits légitimement acquis d’un travail antérieur) doivent équilibrer vos dépenses (votre consommation). Si un pays arrive à exporter plus qu’il n’importe, il affiche un excédent commercial (de l’argent d’avance) et il est réputé "compétitif". A l’échelle d’un individu, cela veut dire que le travail est bien payé et que les gens peuvent s’offrir ce qu’ils veulent venant de l’étranger.
Inversement, si un pays importe plus qu’il n’exporte, il affiche un déficit commercial (de l’argent dû à l’étranger) et il est réputé "non compétitif". A l’échelle de l’individu, cela veut dire que le travail est bradé et qu’acheter des biens à l’étranger devient plus cher.
Le 17 janvier 2015, la Banque nationale suisse a brutalement décidé en de ne plus accrocher le franc suisse à l’euro. Ceci a provoqué une catastrophe aux yeux des économistes ayant pignon sur rue : le franc s’est envolé face à l’euro, il est redevenu une monnaie forte.
Le désastre prédit par les économistes conseilleurs (mais pas payeurs) de nos politiciens s’est-il produit ? La valeur des exportations en Suisse a reculé de 1,4% sur un an à 50,6 milliards de francs et celle des importations de 4,4% à 42,4 milliards de francs. Certes, en valeur, la Suisse exporte moins mais elle importe aussi beaucoup moins ; sa balance commerciale est donc encore plus positive qu’auparavant. Comme elles le font depuis plus de 70 ans, les entreprises suisses vont prendre le temps de s’organiser pour être encore plus concurrentielles. L’écart avec les pays à tradition de monnaie faible (France, Espagne, Italie, Portugal, Grèce…) continuera à se creuser.
La Suisse avec son franc fort, vient d’être classée numéro 1 des pays heureux par le World Happiness Report tandis que la France régresse au 29ème rang |
Selon la doxa économique dominante, la Suisse devrait horriblement souffrir de sa "monnaie forte" ; inversement, dans les pays à tradition de monnaie faible, le bonheur devrait régner. Raté ! La Suisse avec son franc fort, vient d’être classée numéro 1 des pays heureux par le World Happiness Report tandis que la France régresse au 29ème rang.
▪ Quelque chose cloche…
Ce qui cloche, ce sont les manipulations monétaires. Elles se font toujours au détriment de ceux qui utilisent la monnaie pour échanger et à la faveur de ceux qui émettent la monnaie et vivent au crochet de l’économie réelle. Autrefois, n’importe quel individu comprenait que si son roi, son prince ou son empereur rognait les pièces, ce n’était pas pour préserver un quelconque "intérêt public". Aujourd’hui les individus sont cependant convaincus que la "politique monétaire" a pour but de favoriser l’intérêt public. Ils aiment la politique, ils pensent qu’en démocratie ils ont leur mot à dire et que leurs gouvernements légitimement élus sont bienveillants.
Avec les économistes, ce qui heurte le bon sens à titre individuel devient miraculeusement vrai à titre collectif |
Avec les économistes, ce qui heurte le bon sens à titre individuel devient miraculeusement vrai à titre collectif. Par exemple : qui consomme s’enrichit, qui s’endette s’enrichit, qui pratique le faux-monnayage à titre privé est mis en prison mais à titre public doit être remercié…
La Suisse pratique le régime qui ressemble le plus à la démocratie directe — et ce pays a refusé l’expérience de la manipulation monétaire en décrochant le franc suisse de l’euro au moment même où Mario Draghi avait décidé d’appuyer sur le bouton "imprimer" de la planche à billets de la Banque centrale européenne. Et la Suisse s’en trouve bien.
Si chacun s’intéressait à l’argent, chacun s’apercevrait que rien n’a changé depuis Crésus. La création monétaire de la Banque centrale européenne n’a qu’un objectif : faire croire que des Etats et des banques insolvables sont solvables. L’étape suivante consistera à dématérialiser totalement la monnaie adossée à rien, ce qui permettra de tondre efficacement et sans perte les benêts. Car toutes les créations monétaires ont un coût et ce sont toujours les citoyens qui en payent le prix. Mon père avait raison : les gens qui ne s’intéressent pas à l’argent vous entraînent toujours dans des affaires ruineuses.
[NDLR : Ne les laissez pas faire ! Intéressez-vous à votre argent, et prenez les mesures nécessaires pour le protéger : il suffit de cliquer ici…]