▪ Votre correspondante est rentrée du Japon à temps pour la St Valentin, troquant les démons du Setsubun (fête pour célébrer l’arrivée du printemps) contre les chérubins et les petits coeurs. Reste à savoir si j’ai vraiment gagné au change…
Quoiqu’il en soit, le Japon n’a pas changé depuis ma dernière visite en 2010 : toujours aussi beau… toujours aussi dépaysant… et toujours aussi vieux. Ce dernier adjectif n’est guère charitable, me direz-vous, mais j’ai été frappée, une fois de plus, par la proportion de personnes âgées au sein de la population.
Bill Bonner s’inquiétait du sort de ces retraités jeudi dernier — dans une chronique que vous pouvez lire en cliquant ici.
▪ La veille, Simone Wapler s’intéressait justement, dans La Stratégie de Simone Wapler, au sort des fonds de pension du monde développés — et du rôle joué par les marchés boursiers dans la question.
« L’effet richesse est important pour les gens des pays développés dans lesquels la retraite par capitalisation fournira le gros des revenus des bataillons de retraités », explique Simone. « Les capitaux gérés par les fonds de pension ont atteint une somme record de 36 000 milliards de dollars. Le creux de 2008 — durant lequel les actifs avaient plongé à 20 000 milliards — est oublié. Les fonds américains ont 22 000 milliards de dollars sous gestion. Par comparaison, la capitalisation de l’indice américain S&P 500 est d’environ 16 500 milliards ».
« Les obligations de l’Etat américain à 10 ans rapportant moins de 2%, pour servir des retraites décentes, ces fonds sont obligés d’augmenter leurs investissements en actions ».
« Vous comprenez donc tout l’enjeu des autorités (gouvernement, régulateurs, industrie financière) à faire en sorte que les marchés montent éternellement… quitte à créer de la fausse monnaie par milliers de milliards pour créer cet effet richesse. Le problème de tout soufflé est sa vocation à retomber dès qu’on le sort du four. Or, c’est ce qui menace les marchés américains, si l’on en croit L’Agefi et le Financial Times :
L’Agefi : ‘les valorisations semblent de moins en moins soutenables sans la Fed. Le contexte actuel pourrait poser les jalons de la première baisse d’envergure depuis 2011‘.
Le Financial Times :
‘Remarquez le récent mouvement des bons du Trésor américain. Durant de nombreuses années, T.I.N.A. (There Is No Alternative) a régné sur les salles de marchés. Cela signifie il n’y avait pas d’autre alternative — argument selon lequel on devait acheter des actions parce que les rendements des obligations étaient peu attractifs. Mais le rendement du bon du Trésor à 10 ans dépasse maintenant 2%. Moins de deux semaines auparavant il était en dessous de 1,65%’.
« Pour le quotidien britannique », conclut Simone, « toute hausse des taux sera fatale aux marchés actions ».
▪ Mais… est-ce que ce sera vraiment le cas ? Bill Bonner revenait hier sur une évolution historique du marché obligataire : pour la première fois, les banques centrales impriment plus d’argent que les gouvernements en ont besoin !
De sorte que, explique Bill, « les autorités n’ont plus rien à craindre. Elles n’ont plus besoin du marché obligataire. Elles peuvent emprunter tout ce dont elles ont besoin à la banque centrale ».
« Les obligations entrent dans les coffres des banques centrales — et elles y restent. Pas besoin de s’inquiéter de la dette. Pas besoin de réfléchir à ‘inverser’ les opérations de QE. Pas besoin de se soucier de l’augmentation des déficits gouvernementaux — en fait, plus les banques centrales impriment pour les financer, moins le gouvernement (dans les faits) doit d’argent. Et on y est : la dette n’a plus d’importance ! »
Hmmm… S’agit-il là d’un vrai miracle — auquel cas, il n’y a plus qu’à faire la fête dans les rues, c’est la fin de nos soucis… Ou bien d’une illusion de plus, de très longue durée certes, mais qui n’en devient que plus dangereuse ?
Vous devinez vers quelle solution nous penchons…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora