▪ "Quelqu’un a vu mon chargeur ?"
C’est probablement la question la plus souvent entendue dans le foyer Bonner lors des réunions de famille. Tout le monde a un appareil de communication électronique d’une sorte ou d’une autre. Chaque appareil a un chargeur. Et quelle que soit l’occasion, il est introuvable.
Les iPhones et les chargeurs se ressemblent tous. Si vous êtes dans une maison pleine de jeunes gens et que vous êtes légèrement dépassé, celui qui se trouve dans votre poche appartient probablement à quelqu’un d’autre.
Ce qui laisse le malheureux propriétaire déconnecté de ce qu’il pense être le monde réel… le monde de Facebook, Twitter, iTunes et Instagram |
Ce qui laisse le malheureux propriétaire déconnecté de ce qu’il pense être le monde réel… le monde de Facebook, Twitter, iTunes et Instagram. Coupé de tout, il entre dans une phase de désintoxication catatonique… comme un chrétien bien-pensant, mort il y a peu et envoyé en enfer par erreur — qui crie avec indignation, désespoir et douleur :
"Qui a pris mon téléphone ?"
Ainsi interpellé, votre correspondant tire son téléphone de sa propre poche et tente d’y entrer son code. Qui ne fonctionne pas. Il répond donc : "moi non plus je ne trouve plus mon téléphone".
Les choses ont bien changé. Même pendant les repas, à table, on trouvera probablement quelqu’un qui vérifie les derniers scores du foot ou le cours d’une action.
LA LISTE NOIRE DE L'INVESTISSEMENT |
En ce qui concerne ce dernier point, inutile de se donner trop de peine : les nouvelles ne peuvent être que bonnes. Nous vivons une Ere de Miracles. Les gens sont prêts à croire n’importe quoi… et les chiffres indiquent que les choses vont en s’améliorant.
Si c’est bien le cas, nous allons peut-être devoir réviser toute notre Weltanschauung… ou du moins la partie où nous pensons que l’économie est en route pour l’enfer. Si l’on en croit les preuves, elle ne va pas du tout en enfer. Elle va au paradis… sans même mourir.
Nietzsche avait remarqué qu’il y a ceux qui ne croient en rien et ceux qui sont prêts à croire n’importe quoi. Il y a un temps et un endroit pour chacun : actuellement, le deuxième groupe connaît clairement son heure de gloire.
▪ Et les Nord-Coréens, dans tout ça ?
Quoi qu’il en soit, une fois retrouvé le bon chargeur, nous avons regardé The Interview — le film satirique sur la Corée du Nord qui a causé tant d’ennuis il y a quelques semaines. Il est parfaitement oubliable : à mesure que l’histoire se déroulait sous nos yeux, il apparaissait de moins en moins probable que les Nord-Coréens s’énervent trop à son sujet. Il ne contient tout simplement pas assez de matière.
Il incluait également une question familière et énervante — révélant que les auteurs n’en savent pas plus sur l’argent que les investisseurs. Lorsqu’on lui donne enfin l’occasion d’interviewer le grand homme de la Corée du Nord, le héros lui demande :
"Pourquoi ne nourrissez-vous pas votre peuple ?" |
"Pourquoi ne nourrissez-vous pas votre peuple ?"
On pourrait poser la même question à n’importe quel dirigeant à la surface du globe. Peu importe à qui on l’adresse, elle reste tout aussi absurde. Aucun dirigeant ne nourrit son peuple, quelle que soit son obédience politique. Les agriculteurs nourrissent le peuple. Les restaurants nourrissent le peuple. Les épiceries nourrissent le peuple. Les mères nourrissent leurs enfants. Les associations caritatives nourrissent les pauvres. Mais les dirigeants politique sont partout et toujours des parasites alimentés par les véritables producteurs.
Il aurait été plus intelligent de demander :
"Pourquoi ne pas permettre aux producteur alimentaires de nourrir votre peuple ?"
Mais nous coupons les cheveux en quatre. Pourquoi se donner cette peine ? Partout, les miracles nous environnent, chacun plus merveilleux que le précédent. Les politiciens nourrissent leur peuple. Les banques centrales aident et réhabilitent leurs économies. Les actions grimpent. Que demander de plus ?
Quelqu’un a vu notre chargeur ?