▪ Shinzo Abe, Taro Aso et son gouvernement peuvent déboucher leurs meilleures bouteilles de saké : le PLD (le parti libéral qui domine l’échiquier politique japonais depuis 60 ans) a remporté une victoire triomphale aux législatives anticipées organisées ce weekend.
Le parti de Shinzo Abe va décrocher au minimum deux tiers des 475 sièges de l’Assemblée alors que l’opposition s’est montrée particulièrement timorée et désunie ; elle espérait décrocher 100 sièges et ne franchira peut-être même pas le cap des 75 sièges, marquant un net recul par rapport à sa représentation initiale.
En dehors du PLD, toutefois, le véritable triomphateur des élections sera l’abstentionnisme avec plus de 60% de suffrages non exprimés.
La victoire politique de Shinzo Abe était claironnée par toute la presse depuis des semaines (les patrons des principaux médias nippons sont presque tous sympathisants du PLD). Il faut dire que le Premier ministre avait dégainé un argument d’une puissance et d’une pertinence qui a laissé ses adversaires K.O : "les Abenomics sont la seule voie".
Bon, dit comme ça en français, ça ne semble pas transcendant… mais lu par un Japonais, c’est sûrement un slogan irrésistible qui rappelle le "there is no alternative" de Margaret Thatcher 40 ans auparavant.
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Oui un slogan véritablement mobilisateur… sauf pour les 60% qui n’ont pas été voter le week-end dernier et pour les 30% à 33% d’électeurs qui n’ont pas soutenu le gouvernement — et son bras puissamment armé, la Banque du Japon dirigée par M. Kuroda.
M. Abe et ses Abenomics ont été plébiscités par un montant colossal de 28% des électeurs inscrits |
▪ Un bras armé d’un katana forgé pour tailler le yen en confettis
Pour résumer les législatives du weekend, M. Abe et ses Abenomics ont été plébiscités par un montant colossal de 28% des électeurs inscrits.
Le hara-kiri monétaire va donc se poursuivre dans l’indifférence — ou plutôt le fatalisme — général. Le Japon a déjà été trop loin pour reculer… et comme à de nombreuses reprises dans l’histoire, quand l’échec d’une stratégie apparaît quasi-inéluctable, le peuple serre les rangs derrière son dirigeant… même si ce dernier a menti ouvertement en prétendant durant la campagne que les salaires progressaient au Japon.
C’est peut-être vrai algébriquement mais quel recul en termes de pouvoir d’achat depuis 18 mois ! Quel carnage en ce qui concerne le niveau des retraités dont les pensions stagnent alors qu’ils ne touchent déjà qu’un peu plus de 45% de leur dernier salaire en quittant la vie active.
Et que peuvent espérer les jeunes avec un pays endetté à 255% — puisque l’ardoise laissée par leurs glorieux aînés leur revient ?
Leur seule consolation, c’est que le pays connait une situation de quasi-plein emploi. Toutefois, beaucoup d’emplois de services à faible valeur ajoutée n’ont pas grand avenir compte tenu de la fascination des élites pour la robotique et les créatures androïdes.
A très court terme, le plongeon du prix du baril de pétrole va favoriser l’économie nippone mais les entreprises n’ont pas l’intention d’en profiter pour augmenter les rémunérations s’agissant des fonctions subalternes. Comme partout dans le monde, les profils à fort potentiel bénéficient de traitements privilégiés — et là, il n’est pas question de faire dans la demi-mesure.
C’est pourquoi, en dépit de déséquilibres économiques criants et même d’un retour de la récession, le Japon parvient à s’épargner une hémorragie des meilleurs cerveaux.
La France a de son côté mis sur pied un système fiscal qui interdit d’offrir des rémunérations compétitives aux plus grands talents |
La France a de son côté mis sur pied un système fiscal qui interdit d’offrir des rémunérations compétitives aux plus grands talents, lesquels partent par milliers s’exprimer à l’étranger.
La France et le Japon partagent en outre le triste privilège d’avoir vu leur dette dégradée d’un cran (par Fitch et Standard & Poor’s respectivement) ces six derniers jours pour leur incapacité à réduire leurs déficits. Il y a tout de même une différence fondamentale entre ces deux pays : la France devient une cocotte-minute sociale et la perte de confiance dans l’avenir s’y répand comme une trainée de poudre.
Une nouvelle crise financière liée à la matérialisation de pertes colossales sur les dérivés de volatilité (+75% sur le VIX la semaine dernière), de pétrole et autres matières premières pourrait constituer l’étincelle conduisant à un embrasement incontrôlable qui rendrait un QE de la BCE sans aucun effet.