▪ Aujourd’hui, nous nous intéressons à une question cruciale : quel est "le secret du succès" ?
L’historien Victor Davis Hanson, tout comme Jared Diamond (auteur du livre Guns, Germs and Steel ["Des fusils, des microbes et de l’acier", ndlr.]), s’est fait une réputation en spéculant sur les raisons pour lesquelles la civilisation occidentale a eu tant de succès par rapport à ses concurrentes. Nous ne consommons pas de vins fins ou de fromages importés de l’Hindou Kouch. Nous n’écoutons pas de musique de chambre de Bornéo. Ni nous, ni les Australiens ou les Canadiens n’ont élaboré leur gouvernement sur le modèle thaïlandais ou tasmanien. Nous n’avons encore jamais lu d’illustre philosophe né dans le bush africain. Et si un ingénieur tamoul avait inventé le fusil-mitrailleur, nous porterions peut-être un dhoti aujourd’hui, au lieu d’une chemise blanche.
D’après Diamond, ce sont les voies d’eau navigables de l’Europe qui lui ont donné son avantage. Elles ont facilité le commerce, ce qui a mené à de nombreux échanges d’idées et de technologies… y compris — c’est important — la technologie utilisée pour tuer des gens. Hanson, de son côté, pense que c’était plus largement une question de culture ; l’Occident était plus discipliné… plus inventif… plus réfléchi… et plus mortel. Contrairement à d’autres peuples, les armées occidentales se battaient pour gagner, pas juste pour bomber le torse, jouer ou donner une leçon.
Pour autant que nous nous en souvenions, Hanson n’offre pas vraiment d’explication convaincante sur l’origine de cette culture et pourquoi elle s’est développée entre le Tigre et l’Euphrate, plutôt que dans le Middle West, par exemple, entre le Mississippi et l’Ohio. Et ni Hanson ni Diamond ne montrent guère d’appréciation pour le rôle de la civilisation elle-même.
Toutes les communautés civilisées ont la même caractéristique essentielle : elles sont basées sur la persuasion plutôt que sur la force |
Pour commencer, il n’y a pas de civilisations en concurrence. Il y a des cultures en concurrences. Des gouvernements rivaux. Des nations adversaires. Des groupes différents peuvent parler des langues différentes, mais ils partagent une civilisation commune. Toutes les communautés civilisées ont la même caractéristique essentielle : elles sont basées sur la persuasion plutôt que sur la force. Plus elles utilisent la force et la violence, moins elles sont civilisées. Moins elles sont civilisées, moins elles deviennent prospères et technologiquement avancées.
C’est là un paradoxe crucial de la civilisation. Plus on est civilisé, plus on est capable de commettre des actes très peu civilisés. On remarque souvent, par exemple, que l’Allemagne des années 20 et 30 était le pays le plus civilisé d’Europe. C’est ce qui lui a permis de jouer les gros bras. Ce qui démontre amplement que quel que soit le degré de civilisation, on ne sort jamais vraiment de la nature humaine. A trop pousser un saint, il se transforme en bête.
▪ Ce qu’il faut retenir…
L’Occident a pu conquérir des peuples non-civilisés, mais pas d’autres groupes entièrement civilisés. La Chine et le Japon, par exemple, n’ont jamais été soumis. Tandis que les tribus des Grandes plaines, des pampas et de l’Outback ont été quasiment annihilées, les peuples civilisés ont pu mieux se défendre — aussi bien contre les microbes que contre les fusils et l’acier.
Quel est le secret ?
La seule manière pour qu’une transaction ait lieu, c’est que les deux parties en tirent profit |
Ici nous citons notre collègue Porter Stansberry, qui considère ça non seulement comme le fondement de la civilisation mais également comme un conseil. Une sorte de mode d’emploi pour réussir dans une économie moderne. Il commence par citer votre correspondant :
"La seule manière pour qu’une transaction ait lieu, c’est que les deux parties en tirent profit".
Puis Porter continue :
"Je n’ai pas beaucoup réfléchi à ce principe au début… et probablement que je ne le comprenais pas vraiment non plus. Mais au fil du temps, j’en suis venu à comprendre comment et pourquoi cette idée pourrait tout expliquer ou presque… et notamment le comportement des gens.
J’ai commencé à apprendre comment comprendre n’importe quelle entreprise, n’importe quelle relation, n’importe quelle transaction… consiste à comprendre les motivations. Et c’est ce dont Bill parlait.
En d’autres termes, dans toutes les situations, il faut simplement demander : qu’est-ce que l’autre a à y gagner ?
Comme Bill me l’a appris, dans toutes les transactions, il faut persuader quelqu’un. Si on veut avoir du succès dans la vie, on y parvient non par ruse ou par force — mais en faisant une offre fantastique.
Et si l’on comprend ce simple fait et qu’on apprend comment le mettre en oeuvre… on a vraiment la clé de l’existence".
Alors… quelle est la clé du succès ?
Quelques mots encore sur ce sujet demain… et nous passerons à autre chose. C’est promis.
1 commentaire
Cher Bill Bonner
Je lis toujours avec intérêt vos chroniques. Mais en ce qui concerne cette chronique sur la civilisation occidentale, je ne saurais trop vous recommander la lecture (en anglais) du livre de l’historien écossais : Lian Fergusson : « Civilisation, the west and the rest »
Son livre est très facile à lire, fourmille d’anecdotes, est extrêmement convainquant et ses arguments sont un peu plus fouillés que ceux des très honorables Victor Hanson, Jared Diamond et Porter Stansberry !
Avec tous mes remerciements pour vos idées toujours stimulantes !